Seuls quelques superstitieux - mais ils restent rares à ce XIIIe sommet de la Francophonie à Montreux (Suisse) pouvaient craindre quelques incidents ou couacs dans ce conclave qui se tient, alors qu'on célèbre en ce moment le quarantième anniversaire de ce mouvement né à Niamey à l'initiative et à l'appel des Habib Bourguiba (Tunisie), Hammani Diori (Niger), Norudom Sihanouk (Cambodge) et bien sûr Léopold Sédar Senghor (Sénégal). Non seulement rien n'est venu perturber le sommet 2010, mais la réélection de l'ancien président sénégalais Abdou Diouf (1981-2000) est passée comme une lettre à la poste… suisse. C'est-à-dire à l'unanimité des chefs d'Etat, des chefs de délégation présents dans la petite ville de Montreux qui se situe à l'autre bout du Lac Léman face à la ville de Genève. L'homme a été amplement encensé par tous les présents sur tous les tons, louant ses talents multiples et son sens avéré de la responsabilité mais active et militante. La reconduction du chef africain est assurée par la prépondérance des Africains subsahariens dans l'Organisation Internationale de la Francophonie sur le plan numérique (Etats et masse de la population dans le Continent), mais aussi parce que celui, qui a été le candidat naturel à ce nouveau mandat de secrétaire général, a toujours joui de l'appui des Grands du mouvement francophone : la France, la Belgique, la Suisse et le Canada. Beaucoup, sinon tous, ont à cœur de reconnaître à Abdou Diouf des qualités de grand sage de l'Afrique aux vertus incontestables d'homme attaché à la démocratie et au pluralisme dans l'esprit et dans les faits. Le fair play - oh, l'horrible anglicisme s'offusque-t-on ici dans les travées du sommet qui font assauts de purisme rigoriste ! – dont a fait preuve l'ancien et nouveau patron de la Francophonie institutionnelle lorsque battu au second tour des présidentielles en 2000 par l'actuel chef de l'Etat Abdalaye Wade, il s'est incliné plutôt de bonne grâce et a reconnu sans réticence aucune sa défaite électorale. Les Maghrébins pour leur part, surtout les Marocains, pour l'avoir bien connu depuis qu'il était le bras droit de Senghor puis son Premier ministre, lui trouvent d'autres qualités que ne soupçonnent peut-être pas les Européens et autres Occidentaux. Le voilà donc réinstallé, réinvesti pour quatre nouvelles années, maître de / en la Francophonie, chargé par tous ses pairs de poursuivre la tâche que se fixe l'O.I.F en ses différentes énonciations qui ont l'ambition de ratisser très large. Elles ne concernent pas exclusivement, loin de là, la défense et l'illustration de la langue française, mais nourrissent le projet prométhéen de faire dans l'universalisme altruiste. Dans la prochaine livraison, nous nous proposons d'essayer de résumer la cuvée 2010 qui se trouve résumée dans un document intitulé, sans une excessive originalité «la déclaration de Montreux», à laquelle en principe le Maroc est tenu, puisqu'à notre connaissance, le Premier ministre Abbas El Fassi, qui assiste à ce sommet accompagné de la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Latifa Akherbache, y a souscrit sans réserve. Alors, essayons de voir ce qu'est la Francophonie en cette année 2010 finissante, après des décennies de pratiques, souvent pas toujours paisibles.