«Le discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI, le 17 octobre 2001 à Ajdir dans la province de Khénifra a marqué la fin d'une conception monolithique de la culture marocaine». Les propos sont d'Ahmed Boukous, recteur de l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM). Neuf ans après l'annonce de cette nouvelle politique linguistique et culturelle dans le pays et la reconnaissance de la diversité des fondements de l'identité culturelle marocaine, le bilan est loin d'être satisfaisant, estime Meryam Demnati, membre de l'OADL. En effet, l'amazighe n'est toujours pas reconnue langue officielle et nationale, principale revendication du mouvement amazigh. Plus grave, l'UNESCO, dont le Maroc est Etat membre, l'a classée parmi les langues en danger. Depuis 2003, la langue Amazighe devrait être enseignée à tous. Elle devrait être généralisée à tous les cycles d'apprentissage et standardisée sur le plan graphique. Aujourd'hui, seules six sur les seize Académies du Royaume se sont attelées à la tâche. Et elles rencontrent énormément de problèmes quant à la gestion centrale de ce dossier, en plus de l'anarchie qui émaille le secteur. Des directeurs d'écoles se contentent de l'intégrer dans une ou deux classes de 1ère année, d'autres refusent carrément de l'inclure dans leurs tableaux de service ou d'envoyer leurs enseignants en formation. Bref, des classes d'Amazighe ouvrent, d'autres ferment. Et depuis 2003, les manuels scolaires de l'Amazighe demeurent encore et toujours introuvables sur le marché. Le lancement de la télévision Tamazight est certes un acquis. Néanmoins, moult défaillances ponctuent ses programmes et la dévient de ses objectifs. Des dessins animés pour enfants en arabe classique, des débats trop longs, des animateurs sans aucune formation en langue amazighe, etc. En plus, la chaîne n'est accessible que sur parabole ou TNT. Autre défaillance, selon des Amazighs, la chaîne diffuse beaucoup plus de 30 % des programmes, comme le stipule le cahier des charges, en langues arabe et français, alors que les autres chaînes n'ont jamais respecté les 30 % de leurs programmes en amazighe. Et ce en violation flagrante d'un cahier des charges signé par la Société SORIAD (2M), la SNRT (TVM) et la HACA. Il en ressort qu'une menace pèse toujours sur la langue et la culture amazighes. Alors que le Maroc n'est riche que par sa diversité culturelle et linguistique, Amazighité, avec ses différentes variantes, l'Arabe et ses composantes dialectales.