La marche de l'égalité fait son chemin. Un nouveau chantier de réflexion vient d'être lancé à l'occasion de la tenue, vendredi 14 mai à Casablanca, de la conférence nationale sur «l'égalité hommes-femmes : levier de développement économique». L'objectif recherché est de lancer le débat sur les droits économiques des femmes dans la perspective de la mise en place d'une stratégie nationale pour l'égalité économique. L'économie a besoin de femmes. Le mot a été lancé par Nouzha Skalli pour attirer l'attention sur l'égalité entre les hommes et les femmes comme levier du développement économique. Intervenant devant un parterre étoffé d'hommes d'affaires ainsi que des militants associatifs pour les droits de la femme, la ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité a commencé par bien planter le décor de cette journée de réflexion. Pour elle, l'égalité des sexes est bien un objectif en soi pour rendre justice aux femmes. Mais, c'est également un moteur indispensable pour réaliser des objectifs de développement économique et social. Pour étayer sa thèse, elle ne manque pas de souligner que les objectifs de développement justifient les efforts visant à ouvrir aux femmes l'accès aux ressources économiques et financières. Skalli n'a pas manqué, par ailleurs, d'évoquer la marche vers l'égalité entretenue, selon elle, grâce à la conjugaison de la volonté politique forte au plus haut niveau de l'Etat et au dynamisme des forces vives du pays. Pour elle, cette marche s'est incarnée, depuis le 10 octobre 2010, à travers une kyrielle de réformes consacrant les principes de l'égalité femmes-hommes. Cette marche soutenue a laissé derrière elle des repères saillants comme l'avènement du code de la famille, modifications dans le code pénal et du code du travail, réforme du code de la nationalité, ainsi que l'institutionnalisation de la protection des femmes contre la violence. Cette marche a été également caractérisée par la proclamation de la journée du 10 octobre comme journée nationale de la femme mais surtout le tournant enregistré par l'amélioration de la participation politique des femmes. Après avoir planté le décor, Nouzha Skalli s'est interrogée sur le pourquoi de la participation économique des femmes. Pour répondre à cette question, les arguments ne manquaient pas. Les Marocaines font de plus en plus d'entreprenariat autant dans les activités informelles, commerciales que dans les services. Ainsi, la valeur ajoutée créée par ce secteur est estimée au tiers des richesses comptabilisées. Mieux encore. Sur les 69% des femmes « inactives », 56% créent de la valeur ajoutée « invisible » en tant que femmes au foyer en s'occupant des activités domestiques, de l'éducation des enfants et d'autres activités encore. Pour les femmes actives, les écarts de salaires peuvent aller jusqu'à 40% pour les mêmes tâches. Ces inégalités rejaillissent sur le pouvoir d'achat des femmes et, donc, sur la demande effective. Le niveau de la croissance nationale se voit ainsi amputée. L'objectif de la conférence nationale vient pour renverser la tendance. Elle vise, selon les organisateurs, à lancer le débat sur les droits économiques des femmes et sensibiliser sur leurs apports dans la construction d'une économie solide et équitable. La problématique a été déclinée en trois axes qui ont fait l'objet d'autant de panels. Le premier panel a été consacré à la présentation de l'état des lieux de l'égalité (inégalité) des sexes. Le deuxième panel a été consacré à l'égalité entre les hommes et les femmes comme levier de développement économique. Le troisième panel a planché sur les perspectives d'avenir en se fixant comme objectif la mise en place d'une stratégie nationale pour l'égalité économique. La comptabilisation de l'activité féminine, l'égalité professionnelle dans la fonction publique ainsi que la promotion de l'entreprenariat féminin sont autant d'idées phares qui ont été traitées dans le cadre de ce panel. La marche de l'égalité fait son chemin malgré les résistances qui tentent d'entraver toute évolution. Le Maroc ne sera que gagnant de cette égalité, encore faut-il que les pouvoirs publics pensent à mettre en place un mécanisme de discrimination positive pour faciliter cette égalité.