L'hôpital public est au centre des préoccupations de nos concitoyens. Quoi de plus normal me direz-vous, de plus logique, et même de plus élémentaire puisque la grande majorité de notre population s'adresse directement à l'hôpital en cas de problèmes de santé. C'est à l'hôpital public qu'ils ont le plus de chance de s'en sortir. Pourtant l'hôpital n'a pas bonne presse. L'hôpital est tour à tour décrié, loué. Ses personnels sont souvent critiqués parfois encensés. Chacun de nous garde en lui une image de l'hôpital. Pour les uns elle est négative pour les autres elle est positive. Ce qu'on ne sait pas, c'est que l'hôpital est confronté dans sa quête à plus d'efficacité et d'efficience à d'énormes contraintes (financement, ressources humaines, gestion, médicaments, maintenance…) L'hôpital public : une évolution constante L'hôpital du début du 21éme siècle tel que nous le connaissons, n'a rien à voir avec celui des années 60-70. Les salles communes lugubres et austères où étaient hospitalisés les malades par dizaines ont laissé la place aux chambres à deux lits et à un lit. Des salles spacieuses dotées de toutes les commodités. La couleur des murs est plus gaie, les parterres des jardins sont fleuris. Il y a des bancs pour se reposer et des arbres offrant de l'ombre. La cuisine est de meilleure qualité, les lits sont confortables… Bref, l'image que nous renvoie aujourd'hui l'hôpital c'est celle d'un établissement en constante évolution, où l'accueil est de plus en plus chaleureux. La prise en charge des malades est réaliséés dans des temps respectables. Les soins sont moins douloureux et de meilleure qualité. Parler de l'hôpital public, nous incite aussi à passer en revue les activités qui font la spécificité des établissements hospitaliers telles que les interventions chirurgicales très pointues, les opérations à cœur ouvert, les greffes d'organes, les accouchements, les césariennes, les soins intensifs au sein des services de réanimation, les urgences, les examens de radiologie, de scanner, d'IRM, des examens biologiques... Des malades qui arrivent parfois dans des états déplorables (accidentés de la voie publique, intoxications alimentaires, agressions, coup de couteau….) sont sauvés. L'hôpital public c'est aussi des cas sociaux. Ce sont les sans domiciles fixes ( SDF) en situation de précarité dont personne ne veut et qui trouvent refuge à l'hôpital où il est nourri, logé et soigné, des situations fréquentes surtout en hiver. Une responsabilité partagée A côté de cette vitrine trop éclairée, il y a l'autre visage de l'hôpital public. Celui d'un établissement où l'accueil est froid, le malade est considéré comme un cas et un numéro de lit. C'est l'hôpital où on vous demande de manger, de dormir et de vous taire. Le malade n'a pas le droit au commentaire. Ici règne le clientélisme, là le favoritisme, le bakchich est le maitre mot. C'est le fameux sésame qui ouvre bien des portes. C'est le problème qui mine certains établissements publics et plus particulièrement certains services qui sont connus du reste aussi bien des professionnels et des responsables de santé que des citoyens. Si on excepte cet aspect, ce tableau noir et si on arrive à éliminer les brebis galeuses de certains services. En particulier au niveau de certaines urgences, maternités et certains services de radiologie….Si chacun des acteurs en place à l'hôpital public s'investit pleinement dans sa mission avec responsabilité, générosité, dextérité et altruisme. Si chaque médecin, chaque infirmier, chaque administratif accomplit son devoir avec amour et patriotisme en ayant pour seul objectif le bien être du malade, la promotion de la santé des citoyens, la qualité des soins, on gagnera en crédibilité, confiance, reconnaissance et transparence. Des atouts certains Quoiqu'il en soit l'hôpital garde toujours une image positive auprès des usagers. C'est d'autant plus vrai que bien des patients qui ont des moyens pour aller se faire soigner dans des structures privées préfèrent s'adresser à l'hôpital. Il est incontestable qu'à l'hôpital il y à la permanence des soins. On a à faire 0 de bons praticiens, de bons chirurgiens. La technologie de pointe est couramment utilisée (pas au niveau de tous les hôpitaux). A l'évidence, l'hôpital a des atouts incontestables. Ses forces, il les puise auprès de ses professionnels de santé, des femmes et des hommes (médecins infirmiers) de plus en plus qualifiés, de plus en plus efficaces, qui portent un intérêt profond à leur travail, enfin la majorité d'entre eux. L'hôpital public, c'est l'égal accès de tous aux mêmes soins sans distinction aucune, ni de moyens, de résidence, de couleur ou de religion. En effet l'hôpital accorde les mêmes droits, les mêmes chances à toutes celles et ceux qui le sollicitent, la gratuité des soins est une réalité qui est vécue au quotidien, avec cependant quelques excès de zèle de la part de certains responsables qui se croient dans un secteur privé alors que l'hôpital est un établissement public. Faire face aux défis Dans son plan d'action santé 2008-2012, le ministère de la Santé a identifié neuf actions qui visent à améliorer les conditions d'utilisation des hôpitaux. Ces actions portent sur l'accueil des usagers, l'organisation du parcours des soins et des prestations de service, l'humanisation et l'agrémentation du cadre général d'accueil par l'harmonisation et la standardisation des couleurs, des espaces d'accueil et de la signalisation dans les hôpitaux. Il s'agit donc de renforcer la relation de l'hôpital avec les usagers, d'assurer une transparence totale dans les procédures, de veiller constamment à la disponibilité des médicaments et dispositifs médicaux. Les défis auxquels doit faire face l'hôpital consistent aussi à lutter contre toutes les formes de discrimination. Concernant la moralisation du secteur de la santé qui est un volet important, il s'agira d'écarter du circuit les éléments nuisibles, d'assurer l'amélioration de la sécurité des patients et d'améliorer le management hospitalier… L'hôpital doit aussi pouvoir relever le défi face à une concurrence constante du secteur privé Pour ce faire, il doit disposer d'un service public de santé compétitif et performant. Le problème qui se pose, c'est que le secteur public n'est pas compétitif par rapport au secteur privé. Nos hôpitaux ne fonctionnent qu'à 50% de leur capacité au moment où ils représentent près de 80% de la capacité litière nationale. Ce qui prive les hôpitaux d'une ressource financière importante…L'hôpital est à notre avis condamné à évoluer, à relever ces défis et tant d'autres qui se dresseront sur son parcours. L'hôpital public a sans aucun doute tous les moyens pour y faire face, ce qui manque peut être c'est une motivation de ses personnels, et aussi et surtout de mettre les hommes qu'il faut à la place qu'il faut.