Les amateurs de la musique traditionnelle marocaine peuvent se rappeler de Sami Al-Maghribi, cet enfant de Safi qui a marqué toute une époque, en réussissant à personnaliser des genres de chant qui, pour la plupart et d'habitude, valaient pour leur aspect collectif et généralement austère. Sami ElMaghribi, de son vrai nom Salomon Amzellag, était né en 1922 à Safi, cette ville de l'Atlantique qui abritait une forte colonie juive et un îlot de familles de souche andalouse ; mais la famille Amzellag en particulier ira s'installer à Rabat à partir de 1926. Le petit Sami devait hériter de son père, alors tailleur traditionnel, ce don de la voix et du chant. Tout petit, Sami a fabriqué lui-même sa mandoline et à l'âge de 7 ans, il avait fait sa première école buissonnière répondant à l'appel de l'art pour rejoindre un groupe de musiciens soutenus par la famille des Cohen dans le quartier juif à Rabat. Cette attirance pour la musique déterminera les moments forts de sa vie au point où, à l'âge de 20 ans, il allait décider de quitter son poste de directeur commercial pour se consacrer au chant et à la musique ; toute la première période de sa professionnalisation était consacrée à enrichir son répertoire. Il s'affirmera encore plus en tant qu'artiste en procédant entre 1950 et 1954 à une série de compositions et d'enregistrements arrivant à terme à personnaliser son style. Il a donc développé au cours de sa longue carrière, un style personnel basé sur les noubas du gharnati, le maoual marocain, le malhoun et le haouzi, ne reculant devant aucune idée qui aurait pu expliciter et mettre en valeur l'art des mélismes, des nuances et des modulations vocales. En 1955, il salua par une chanson de sa composition poétique et musicale le retour triomphal de feu Sa Majesté Mohammed V ; l'artiste était donc reçu à Saint-Germain-En-Laye pour chanter, devant le Sultan du Maroc, «Alf hniya wa hniya, Koulou 'la sslama Sidna Mohammed Alkhamis Soltan al Maghrib». Et si avant cette époque il avait chanté la chanson du «marché noir» pour déplorer la disette et le rationnement des années de guerre, il tiendra également à exprimer sa peine après le tremblement de terre d'Agadir en 1960, sa «qaçidat Agadir» est un exemple de compassion. En 1967, Sami ElMaghribi devint rabbin de la synagogue hispano-portugaise, ses nombreux admirateurs ont reçu la nouvelle comme un choc, craignant que leur idole ne délaisse à jamais le chant ; Effectivement, il s'est abstenu de par ses nouvelles charges religieuses à apparaître en public comme artiste chanteur avant qu'il ne se ravise et qu'il ne réponde par une chanson «Sâlouni nnâs» (les gens m'ont questionné..) ; par cette chanson, il affirma qu'il n'y a point d'incompatibilité entre le culte et le chant profane. Il a tenu à le prouver dans les rares soirées qu'il a, depuis lors, animées et dont celle de Paris et celle d'il y a une dizaine d'années au Théâtre Mohammed V aux côtés de Raymonde al Bidawiyya et de Abdelhadi Belkhyat. Modernisant des motifs traditionnels, Sami Elmaghribi composera entre 1950 et 1965 l'essentiel d'un répertoire populaire dont les premiers titres lui ont aussitôt valu l'admiration du public marocain et sa consécration en tant qu'artiste national. Il poursuit sa carrière à Paris, où il donne de nombreux concerts et crée sa propre marque de disques, Samyphone. Le succès de ses disques et de ses représentations dans tous les pays où se sont établis des immigrants originaires d'Afrique du Nord confirment jusqu'à aujourd'hui la renommée internationale de Samy Elmaghribi. Le répertoire de Sami ElMaghribi est très large, allant des noubas du gharnati, au malhoun, à la chanson populaire moderne, il avait notamment marqué de son empreinte les anciennes qçidas de Sidi Qaddour Al 'Alami, de Benmsaib, du Cheikh Bouâzza, de Bensliman et autres grands ténors de la poésie malhoun. La qçida Bensoussan en particulier, a été écrite par Benyechou et chantée par d'autres chanteurs avant que Sami ne la popularise, il en est de même des autres qçidas comme «Al kawi», «Mal hbibi malou», etc. Sami ElMaghribi est venu à la chanson influencé par Salim Hilali dont il admirait la voix. Il a eu l'audace de passer du chant religieux, où il avait débuté enfant, à la chanson profane ; ce qui ne l'a pas empêché de revenir au chant religieux au Canada où il a émigré en 1960. Sami El-Maghribi s'est attaché à un public très vaste, tant au Maroc qu'en Algérie, aussi bien dans les milieux israélite qu'arabe tant sa diction est pure et sa voix agréable. Maroctunes(http://www.bladi.net/sami-el-maghribi.html)