L'intégration des systèmes financiers et monétaires africains est la voie la mieux indiquée pour accélérer le développement économique et social du continent et mettre ces économies à l'abri des chocs extérieurs, a-t-on plaidé aux travaux de la 34ème assemblée générale de l'Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) qui se déroule cette semaine à Dakar. Lors de cette réunion de Dakar, tenue sous le thème «Rôle des banques centrales dans la régulation et la stabilité du système financier», le débat des gouverneurs des Banques centrales et des experts de la finance se focalise essentiellement sur les moyens de protection des économies africaines contre les effets négatifs liés la globalisation. Et pour cause, les économies africaines ont été fortement impactées par l'actuelle crise financière internationale qui a nettement freiné l'élan de développement observé depuis le début de la décennie dans la plupart des pays du continent. Le ralentissement de l'économie mondiale, le tarissement des investissements étrangers et des sources de financement ont fortement réduit les taux de croissance qui tournent actuellement autour de 3 pc en moyenne, alors qu'ils étaient proches des performances à deux chiffres avant la crise. Au lendemain de cette crise financière, les Banques Centrales africaines se mettent ainsi à l'état de veille et ambitionnent de pousser la réflexion, lors de la rencontre de Dakar, dans la perspective de mettre en place des dispositifs solides de régulation des systèmes financiers, de surveillance et de détection des facteurs de vulnérabilité, tout en développant des pratiques saines de gestion des risques. Intervenant à l'ouverture des travaux de cette assemblée, le Premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye a plaidé pour que les travaux de cette rencontre puissent refléter «les orientations des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, formulées à l'occasion des récents sommets et qui, pour l'essentiel, tournent autour de la prise en compte des préoccupations du continent dans la nouvelle architecture financière internationale en gestation». Le chef du gouvernement sénégalais s'est dit convaincu que «l'Afrique doit apporter sa contribution à la reconfiguration de l'architecture financière internationale de l'après-crise». Dans cette perspective, Souleymane Ndéné Ndiaye estime que cette rencontre des Banques Centrales doit déboucher «sur des propositions concrètes quant aux règles et mécanismes de régulation et de supervision financières, permettant d'adapter le système financier aux besoins de l'Afrique, tout en respectant les normes internationales essentielles». - Asseoir les bases d'un développement économique solide Quant au gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Philippe-Henri Dacoury-Tabley, il a insisté sur l'importance de la stabilité financière qui est devenue «une des conditions sine qua non pour asseoir le développement économique sur de solides bases». Et de recommander aux experts et décideurs africains «d'analyser les forces et faiblesses des marchés financiers auxquels est assigné de plus en plus un rôle de premier plan dans le financement des économies et de réfléchir sur les voies et moyens d'accroître la résilience de ces marchés, tant aux chocs externes qu'internes. Les travaux de cette rencontre de Dakar s'inscrivent dans la perspective d'un renforcement de l'intégration monétaire en Afrique et d'une accélération de la mise en œuvre de notre programme de coopération monétaire, a-t-il dit. A l'ordre du jour de cette assemblée des Banques Centrales, l'examen des projets de rapports d'étape relatifs à la mise en œuvre du «Programme de coopération monétaire en Afrique» (PCMA) pour l'année 2009 qui a pour objectif la mise en place d'un projet de Banque Centrale africaine (BCA). La mise en œuvre de l'application du programme «PCMA» a été prévue en deux grandes étapes. Après l'adoption par chacune des 5 sous-régions africaines d'un programme formel d'intégration monétaire à l'horizon 2015, interviendra l'ultime étape de l'introduction de la monnaie commune et de la Banque Centrale Africaine, envisagée en 2021. L'Association des Banques Centrales africaines été créée à la suite de la 1ère réunion des gouverneurs des Banques centrales africaines, tenue en février 1965 à Addis-Abeba en Ethiopie. Au 30 juin 2010, l'ABCA regroupe 39 banques centrales. Elle est actuellement présidée par le Gouverneur de la Banque centrale de la République démocratique du Congo, Jean-Claude Masangu Mulongo. Le projet de monnaie commune et de Banque Centrale Africaine est placé au centre d'intérêt de l'ABCA qui est chargée de penser les contours de ce projet continental. Prennent part à ces assises de Dakar, les gouverneurs des Banques Centrales africaines, des experts financiers de haut niveau, des universitaires, ainsi que des représentants d'institutions financières régionales et internationales.