Le mois sacré du Ramadan est toujours l'occasion pour toutes les publications, indépendamment de leur périodicité, de se mettre au goût de cette période propice au recueillement et à la spiritualité. La lecture est généralement l'activité la plus prisée. Dans ce sens, nous avons choisi de faire un voyage à travers l'histoire des régions du Royaume en dressant le profil à travers le temps d'un certain nombre de villes marocaines. L'histoire du Maroc qui remonte à plus de douze siècles se révèle être l'une des plus riches et des plus fécondes que l'humanité ait connues. Nous commencerons durant ce mois sacré par le circuit des villes impériales en évoquant certaines de leurs particularités historiques, architecturales et urbanistiques. Il en sera ainsi des principales étapes qui ont marqué l'itinéraire à travers le temps des villes des seize régions du royaume. La Marche Verte La Marche Verte fut un événement historique unique en son genre et dans sa philosophie, un moyen de libération et d'unité et une référence en matière de lutte pacifique des nations et des peuples pour le recouvrement de leurs droits spoliés. Cette œuvre originale a réussi grâce à l'ingéniosité de son initiateur, Feu SM Hassan II, et au talent d'un peuple, qui a marqué ce rendez-vous historique par une adhésion spontanée à un processus libérateur dicté par une volonté d'unir les fils d'une même nation. Plaçant l'intérêt et l'unité de la nation au dessus de toute considération, il n'a pas hésité, dès qu'il a eu connaissance de l'initiative unilatérale de l'Espagne concernant l'avenir du Sahara marocain, à transmettre au général Franco, en juillet 1974, un message le mettant en garde contre toute attitude visant à porter atteinte à l'unité territoriale du Royaume, avant d'annoncer, en septembre de la même année, sa décision de consulter la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye. Cette initiative avait un double objectif : mettre hors-jeu toute manœuvre colonialiste et déclencher, par le canal de la légalité internationale, un processus diplomatique visant la libération du Sahara sans coup férir. Soulignant l'existence des liens de la Beiâ entre le Maroc et les provinces Sahariennes, l'avis rendu par la Cour Internationale de Justice, le 16 octobre 1975, a ouvert juridiquement au Maroc les portes de son Sahara, renforçant ainsi ses positions sur le plan international. Le 6 novembre, une journée mémorable La commémoration de l'anniversaire de la Marche Verte évoque le souvenir d'une journée mémorable qui a scellé l'engagement sans faille du Trône envers une nation attachée à son unité et pour un Maghreb arabe fondé sur une unité constructive. Journée historique, le 6 novembre fut également un événement distingué de l'histoire du Maroc, car il a permis aux Marocains de libérer leur Sahara avec pour seules armes le livre sacré du Coran, la foi et le drapeau national. Le discours historique du 6 novembre 2001 à Laâyoune, le conseil des ministres présidé par SM le Roi Mohammed VI à Dakhla, les recommandations des journées d'étude pour le développement des provinces du Sud en juillet dernier à Laâyoune, les visites Royales dans ces provinces ainsi que les multiples discours Royaux concernant le dossier du Sahara sont autant de preuves et de témoignages d'une philosophie militante qui attache à l'unité territoriale la valeur de toute œuvre civilisationnelle. Le Sahara ne peut être conçu que dans le cadre de la souveraineté marocaine, de même que le Maroc ne peut être envisagé sans son Sahara, une réalité fondée sur la solidité d'une constance forgée par une relation spirituelle, humaine et spatiale dans le temps et dans l'espace. Le thé sahraoui ou la théorie des trois «J» Bien que le thé ne soit pas un but en soi, aucune assemblée ne peut être tenue ni aucune soirée de distraction sans le thé et le cérémonial qui accompagne sa préparation. Le thé est un produit de première nécessité. Il est présent dans toutes les maisons et les tentes (Al khayma). C'est une marque d'hospitalité et de bienvenue puisqu'il est systématiquement offert aux invités. En effet, les dernières nouvelles sont échangées et les affaires de la vie courante sont discutées autour d'un plateau de thé. Dans les provinces sahariennes, servir le thé constitue un rituel spécial dont la préparation peut intervenir à tout moment de la journée. Pour cette raison, les sahraouis ont toujours fait en sorte à disposer du thé quitte à l'importer de pays lointains. Il arrive aussi qu'ils échangent une ou plusieurs têtes de bétail contre des sacs de thé et de sucre. Parmi les traditions précieusement observées, on trouve ce que les sahraouis appellent la théorie des trois «J» de la préparation de thé, Jamaâ (le groupe ou la communauté), ce qui signifie que le service de thé est au mieux lorsque l'on se trouve en groupe et plus il y en a et mieux c'est. Le deuxième “J” correspond au Jarr (le prolongement). Ce qui signifie que lorsque la préparation est longue, cela laisse à l'assemblée assez de temps pour traiter de diverses questions socio-économiques en toute quiétude et sans le moindre stress. Le troisième “J” correspond au Jamr (charbon allumé). C'est le feu traditionnel au charbon utilisé pour la préparation du thé et qui lui donne toute sa saveur. Le préparateur de thé, appelé Al qayam, est sélectionné parmi les membres de la communauté sur la base de plusieurs critères dont l'éloquence, la maîtrise de la lecture et de la poésie, la noblesse et la largesse d'esprit. L'attribution de la préparation de thé à un membre de l'assemblée est considérée davantage comme un plaisir et un honneur conféré qu'une corvée à subir. Les sahraouis aiment à observer Al qayam en train de préparer le thé pour qu'ils émettent leurs observations sur les éventuelles maladresses que celui-ci commettrait. Parmi celles-ci, on pourrait citer : le mauvais maniement des ustensiles, la présentation de tasses non bouillies, le manque de propreté du plateau de thé, le défaut de communication et tout autre manquement à l'esprit festif et communautaire de la préparation.Al qayam qui excelle dans sa préparation du thé est appelé Fulân Tayyây (le bon préparateur). Au cours de la préparation et la consommation du thé et lorsque l'assemblée est composée de jeunes gens, les verres vides sont lancés en direction de Al qayam en reconnaissance de la qualité de sa préparation de thé. Lorsque le thé est d'excellente qualité, les sahraouis prononcent le dicton suivant : “Hada Atay Yaglâ Adwakh” (ce thé est apte à éliminer les maux de tête !). C'est souvent le cas des verres de thé préparés et servis dans l'après-midi. Le thé de cette période de la journée est connu sous le nom d'Adhameess. Ce sont des verres de thé que les sahraouis ne manqueraient pour rien au mode sauf en cas de force majeure. Il peut arriver qu'après une longue séance de consommation de thé, les invités retardataires y ont aussi droit. Dans ce cas les hôtes crient : Nâllou Atay (devrions-nous préparer encore une fois le thé ?), en l'honneur de leurs invités et en considération de leur désir de prolonger la dégustation du thé. Parmi les vertus de la consommation du thé, on peut citer la facilitation de la digestion, la favorisation de l'activité psychique. Le thé lutte également contre les principaux facteurs de vieillissement et les maladies cardio-vasculaires. Pour ces raisons et bien d'autres, les sahraouis consomment énormément de thé. Les origines des noms des villes sahraouies marocaines Laâyoune – Boujdour – Sakia Al Hamraâ Prolongement naturel de l'écosystème d'Oued Noun, la région de Sakia Al Hamraâ constitue un trait d'union entre cet ecosystème et la région d'Oued Eddahab. Malheureusement, le découpage colonial l'a arbitrairement démembré en vertu de l'accord de partage, la soumettant ainsi, autant qu'Oued Eddahab, à l'autorité espagnole. Située dans le prolongement direct de Tarfaya (la province marocaine méridionale) qui s'étend le long de l'océan atlantique jusqu'au cap dénommé Boujdour, ou Boukhadour si on prononce ce nom en espagnol, la région de Sakia Al Hamraâ est délimitée au Nord par le Cap de Tarfaya (Cap Joubi) et plus précisément « Attah » et au Sud par le Cap Vert de Boujdour. S'agissant des origines de ce nom, force est de relever que rares sont les indications historiques à ce propos, à l'exception de certains récits oraux qui considèrent que le nom est emprunté à l'oued qui traversait cette région, dénommé jadis « Oued Sakia Al Khadraâ ». Les habitants de cette région ont été cependant contraints à détruire et à celer certaines sources d'eau avant de s'enfuir en raison de l'exode de certains groupes humains originaires de l'Adrar mauritanien (Chenguit) qui ont occupé de force cet espace. Devenue, une décennie après, un espace peu productif et dépourvu d'assez de verdure, la région aurait été renommée par conséquent « Sakia Al Hamraâ ». Parmi les plus importantes villes de la région d'Oued Sakia Al Hamraâ, on cite : Laâyoune : connu jadis sous le nom « Aâyoun Al Madlachaoui » en référence à « Madlach », cette ville était à l'origine une sorte d'oasis, qui s'est transformée par la suite en « Madchar Bani Achrine ». Les récits oraux avancent que l'abondance des sources d'eaux dans cette zone est à l'origine de sa dénomination ; Boujdour : située sur une pente, cette zone domine le golfe marin d'Oued Sakia Al Hamraâ au niveau du point dénommé le « Cap Vert », considéré comme étant l'extrémité Nord de la région d'Oued Eddahab. Son site est considéré parmi les sites marins les plus difficiles, ayant enregistré le naufrage de plusieurs navires européens d'exploration. On estime que le nom de cette zone trouve son origine dans les sons générés par le contact des vagues houleuses avec les rochers. En effet, quand il traverse le Cap Boujdour, le vent engendre des sons graves disparates, alors que le sable doux emporté par le vent produit un sifflement et des mélodies douces et harmonieuses. A côté de ces principales villes, la région Sakia Al Hamraâ compte également plusieurs villages (madachir) dispersés, dont notamment madchar Ahmed Laâroussi, Madchar Akhafnir, Al Hakounia, Haouzat Tifariti, Addaoura, Tardir, Al Marssa, Bir lehlou, Al Farsia, Ajdiria, etc. Addakhla - Oued Eddahab Connue sur les cartes espagnoles sous le nom de « Rio Oro », la zone géographique d'Oued Eddahad s'étend de l'extrême limite Sud de Sakia Al Hamraâ (Cap Boujdour) dans le Tirss occidental au Cap Blanc. Concernant l'origine de la dénomination, presque aucune indication historique ne peut nous aider à la déchiffrer sur le plan toponymique. Toutefois, nul doute que le nom a des liens avec l'or et son commerce, eu égard au fait que la région était historiquement un passage pour les caravanes sahraouies reliant le Maroc à l'Afrique sub-saharienne. Parmi les plus importants villes de la région d'Oued Eddahab, on cite : Addakhla : chef lieu de la région, elle a été fondée par un explorateur espagnol en 1884 et qui a été bâptisée ainsi en la mémoire d'un autre explorateur espagnol Jiménez Di Sicineros abattu par les populations sahraouies lorsqu'il a débarqué sur les côtes marocaines sahraouies en 1517. Situé dans le golfe d'Oued Eddahad, Addakhla est une agglomération agréable et moderne, qui s'est développée comme centre maritime sur le littoral oriental ; Lagouira : Située à 450 Km au Sud d'Addakhla, elle constitue la dernière colonie espagnole en Afrique occidentale. Etablie sur la presque île du Cap Blanc, à 3 Km du Port d'Etienne, Lagouira a été dénommée ainsi en raison de son relief (Gouira) sous forme d'un magnifique plateau, qui en a fait la destination préférée des pêcheurs canariens amateurs de poulpe. Outre ces deux villes principales, on trouve plusieurs villages (madachir) dans la région d'Oued Eddahab, dont notamment : Bir Guendouz : situé à proximité des frontières mauritaniennes, à 125 Km de Bouratiane et Lagouira, ce madchar a pris ce nom en référence au puits qui y existe. Entouré par des dunes de sable, ce puits est en face, du côte mauritanien, de deux importants puits, à savoir « Boulanouar » et « Ayyouj » ; Zouk : situé sur la ligne frontalière entre la Mauritanie et Oued Eddahab et longeant la région des grandes dunes, ce petit village (madchar) a emprunté son nom à l'eau douce puisée dans le puits qui y existe. Objet jadis d'une grande affluence des caravanes de commerce traversant le Sahara, ce puits a un diamètre de 3 mètres et une profondeur de 12 mètres. La région compte également d'autres villages (madachir) : Tachla, Aousserd, Al Aârgoub, Bir Anzarane, Oum Drigua, Amili, Mijk, Klibat, Al Foula, Ghouinate, Trifit, Tardir, Laâmira, Al Mami, Laâtabia, Timgradate, Sbita, etc. Guelmim – Smara – Oued Noun La détermination de la position géographique de cette région dans les écrits et les études historiques pose deux principales problématiques, à savoir l'étroitesse de l'espace de cet oued qui était à l'origine de sa dénomination et la largesse du territoire occupé par les habitants de la région depuis plus de trois siècles. De manière plus précise, cette région s'étend des environs d'Ifni au Nord à « Al Akidi » au Sud-Est, et de Tarfaya à l'Ouest et Taghouinit à l'Est. Le chercheur français Fréderic De Lachapelle a indiqué que cet espace, délimité à l'Ouest par le littoral, au Nord par le massif montagneux de l'Anti Atlas occidental et au Sud par le Sahara, couvre l'ensemble du territoire des tribus « Tagna ». Le chercheur marocain Naîimi conforte que la région de l'Oued Noun couvre l'ensemble du territoire des tribus « Tagna », affirmant qu'elle est une zone présaharienne regorgeant de villages (madachir) et qu'elle est limitée par le Sahara atlantique ou ce qui est communément dénommé Sakia Al Hamraâ et Oued Eddahab. Quant aux origines de la dénomination de la région d'Oued Noun, les récits diffèrent et divergent à ce sujet. En effet, certaines sources estiment que le nom a des origines mythologiques, en référence au nom d'une reine chrétienne dénommée « Nouna » qui a érigé « Agadir Nouna », situé près du village « Taliouine », en capitale. D'autres récits oraux considèrent, par contre, que l'origine de cette dénomination est à imputer à une espèce de poisson appelé « Noun », existant en abondance dans un lac près d'Oued Assaka. D'autres récits transmis de père en fils rapportent que « Noun » n'est que le poisson qui a avalé le prophète israélite Younes, comme c'est cité dans l'évangile et le Coran. Ces récits croient que le poisson a rejeté le prophète Younes sur les côtes de cette région, en l'occurrence le littoral d'Oued Noun. Par ailleurs, d'autres récits affirment que le nom de la région est dérivé de celui de « Nouk » (qui signifie chamelles en français), eu égard au fait que cet espace était dans le temps un riche pâturage pour les chameaux du Sahara. Parmi les principales villes d'Oued Noun, on cite : Guelmim : chef lieu de la région d'Oued Noun, cette ville est située sur le versant d'une dune et dominée par un édifice fortifié dénommé « agadir », nom amazigh qui signifie le « site fortifié ». Lors du XIXème siècle, cet édifice était la résidence d'Abdeddine, frère et suppléant du Caïd Dahman Oueld Birouk, qui résidait, quant à lui, dans la Kasbah située dans la partie Sud de la ville, à 111 Km au Nord d'Assa. Certains récits estiment que la ville fut fondée par le Caïd Birouk, alors que d'autres récits indiquent que l'origine de la dénomination est un mot amazigh composé de « Aglou » qui signifie datte et « Imim » qui signifie délicieux. Tan-Tan : située à l'embouchure de l'Oued Drâa sur l'océan atlantique, au Nord du Sahara marocain, à 120 Km au Sud Ouest de Guelmim, cette ville est délimitée à l'Est par la ville d'Assa se trouvant à 230 Km. Les récits oraux sont quasi unanimes à estimer que l'origine de la dénomination de Tan-Tan est « Tantin », en référence aux sons générés par l'écoulement de l'eau dans le fond du puits situé dans l'Oued Ibn Khalil, portant le nom d'un noble sahraoui traîtreusement tué dans cet oued qui traverse la ville. Ce puits était une escale obligée pour les caravanes traversant le Sahara afin de s'approvisionner en eau et se reposer. Un autre récit oral estime, quant à lui, que « Tnitina », qui est le diminutif de « Tan-Tan », signifie, selon l'expression sahraouie populaire, les puits aux eaux douces qui constituent la source de la vie au Sahara. Assa : ville spirituelle, dont le nom d'origine amazighe signifie « creux ». Sa zaouïa fut fondée, selon les documents qui y sont conservés, par un saint qui a décédé en 1107 (500 ans de l'hégire). Située au Sud Est d'Oued Noun à l'extrême limite de la région du Souss, à 110 Km de Guelmim, cette ville se trouve à 295 mètres au dessus du niveau de la mer. Relevant naturellement du bassin Drâa, cette ville est ceinte par deux chaînes montagneuses : la première chaîne montagneuse est l'Anti Atlas qui est situé au Nord, connu sous le nom « Jbal Bani » aux hauteurs moyennes avoisinant 800 mètres et la seconde chaîne montagneuse « Ouarkziz », qui s'étend au Sud de l'Oued Drâa et se distingue de la première chaîne par ses hauteurs. Certaines études historiques indiquent que l'origine du nom « Assa » est « Tisst », qui signifie le bassin versant. C'est d'ailleurs l'ancien nom que portait la région, qui fut baptisée, par la suite, « Assa Toudrâa Azzaytoune », « Blad Ida Oukiss », « Jbel Nhass » (la montagne du cuivre), « Kariat Al Aouliaâ » (le village des saints), etc. Smara : ville spirituelle, elle est située à 240 Km à l'Est de Laâyoune et fut fondée par le saint Cheikh Maâou Al Aynayne au début du XXème siècle, autour de la zaouïa bâtie en 1889. Un récit oral indique que l'origine de sa dénomination est la plante appelée « Assoummar » ; plante très abondante dans l'Oued Salouane, utilisée pour la fabrication des paillets et du papier. Un autre récit oral estime, par contre, que l'origine de la dénomination est « Smar », qui signifie le lait délayé avec de l'eau à raison des deux tiers. Dénommé également « Zrigue » en langue hassanie, ce lait très dilué est fortement sollicité dans la région connue par ses hautes températures. Tarfaya : située dans le golfe de la ville de Tan-Tan, cette région, connue également sous le nom de « Cap Jubi », se trouve à 115 Km de la ville de Laâyoune. Etant à l'origine une colonie britannique, de 1887 à 1895, la ville a été inaugurée à l'époque grâce au projet architectural britannique de M'kinsey, qui a jeté les bases de son édification et de son urbanisation par la suite, notamment sous le protectorat espagnol qui l'a placée sous une direction régionale, contrôlée par la Direction de Tétouan. S'étendant de « Amgrioua » au Sud à l'Oued Drâa au Nord, cette région, à laquelle a été annexée la ville d'Ifni, a été dénommée « Cap Jubi » par les espagnols, en référence à un explorateur espagnol qui a visité la région, qui fut un centre principal pour les liaisons maritimes assurées par les navires européens. Code vestimentaire Dans les provinces du sud, le code vestimentaire est adapté au climat et aux us des hommes et des femmes de la région. Les hommes portent le Daraâ (une tunique large et ample) alors que les femmes portent Al Malafa (vêtement féminin). Ce sont des vêtements pratiques, simples et élégants. Ils traduisent l'identité sahraouie et reflètent un mode de vie spécifique. De par leurs formes et leurs dimensions, ces vêtements traditionnels sont conçus à partir d'une approche fonctionnelle basée sur l'aisance, la commodité et la séduction. L'environnement sahraoui caractérisé par la chaleur, les vents et tempêtes de sables, est à l'origine de la nature et de la conception des tenues vestimentaires. Version homme : Daraa Il s'agit d'une tunique ample ayant deux ouvertures sur les côtés ainsi qu'une poche sur la poitrine. La tunique est normalement de couleur blanche ou bleue. Sous la Daraa, les hommes saharouis portent un pantalon large et ample similaire aux pantalons portés par les hommes dans les provinces du nord du Royaume. Les pantalons sont fabriqués avec sept mètres de tissu environ. Il arrive que l'homme sahraoui porte deux vêtements blancs sous le Daraa blanc. Lakchatt, ou ceinture, fabriqué en cuir très lisse et doté d'une fermeture métallique appelée Al Halkah, est long pouvant se pendre jusqu'au sol. Sur leur tête, les hommes sahraouis portent un Litham noir (une couverture pour la tête et le visage). Il existe plusieurs interprétations concernant cette couverture, alors que certains croient qu'elle symbolise la différence d'autres disent qu'elle sert à protéger le visage contre la chaleur, les brûlures et les aspérités de l'environnement. Litam C'est la partie la plus importante de l'habillement sahraoui tant son usage et ses vertus sont nombreux. L'homme sahraoui utilise Litam pour pas moins de quatorze usages différents. C'est d'abord une sorte de parasol qui protège la tête des coups de soleil et de l'insolation. Il peut aussi être utilisé comme couchette en été, ou comme serviette après les abulitions. Il peut également être utilisé comme pansement pour couvrir une blessure. L'homme sahraoui l'utilise des fois comme entrave pour son dromadaire. Il l'utilise aussi comme corde pour son outre au moment de puiser l'eau dans un puit sur son chemin. Litam peut aussi se transformer en cadi pour transporter les commissions du marché à la maison. L'ensemble des ces usages n'enlève en rien à la valeur esthétique que ce morceau de tissu très pratique ajoute à l'allure du sahraoui. Version femme : Al malahfa Il s'agit d'une tenue vestimentaire féminine de 4 mètres de longueur et d'une largeur ne dépassant pas un mètre et soixante centimètres. Les Mlahef ne sont pas tous identiques puisqu'il y a ceux qui se portent seulement pour les occasions, ceux que les femmes sahraouies mettent chez elle, les Mlahef portés par les jeunes filles et ceux portés par les vieilles dames. Dans le temps, les filles sahraouies portaient un costume similaire à la Darâa composé de deux pièces de couleurs différentes, bleu et noir. Dès qu'elles atteignaient la majorité, les filles portaient alors la Mlahfa jusqu'au mariage. En général, il n'y a pas eu une grande différence dans la façon du port de la Mlahfa, la seule différence concerne le type de tissu utilisé pour la fabrication des Mlahef. Eu égard à la mondialisation, de nouveaux types de tissu commencent à envahir les marchés des provinces sahariennes. Des nouveautés dans la fabrication des Mlahef sont introduites suivant le progrès civilisationnel que connait la femme sahraouie. En effet, les goûts et les aspirations d'une jeune sahraouie de vingt ans ne sont certainement pas ceux d'une dame de soixante ans. La Mlahfa est plus portée que la Darâa et par conséquent, sa production ne cesse de se développer. En ce qui concerne les bijoux, la femme sahraouie est habituée à décorer différentes parties de son corps avec des pièces en argent et des pierres précieuses. On peut citer les exemples de Lembayl, Al arsagh, ou Liyath, qui sont des bracelets en or ou en argent. Ses chevilles sont mises en valeur par des socquettes alors que le cou est décoré avec Al baghdady, un petit livre fabriqué en argent pur incrusté de pierres précieuses appelées Al bazradah. La femme porte également Assar (un type de collier) fabriqué en pierres précieuses et Al qiladah (colliers normaux) souvent incrustés de gemmes. Accessoires de mode La femme sahraouie ne manque pas d'atouts pour séduire. Elle a aussi sa part d'embellissement en recourant au henné et aux bijoux en argent et ornés de pierres précieuses. Le henné Le henné est parmi les produits cosmétiques utilisés par la femme sahraouie. Ilse présente sous la forme d'une pâte orange qu'on applique comme colorant sur les cheveux ou pour embellir les doigts et les ongles, ainsi que pour les soins de la peau.C'est un arbuste de la famille des « lythracées ». L'odeur qu'émettent ses fleurs provient de l'évaporation de l'huile que secrète la plante. Le henné est planté au début du printemps. Ses feuilles sont moissonnées avec les branches qui les portent avant d'être mis à sécher au soleil. Pour séparer les feuilles des branches, ces dernières sont mises en tas et battues à coup de bâtons. La poudre obtenue est filtrée pour enlever les dernières impuretés. Le henné contient un colorant naturel qui lui donne d'ailleurs son nom scientifique : « Lawsonia inermis ». Les anciens égyptiens ont utilisé le henné dans les procédés de momification. Son usage comme purificateur de la peau lors du mariage était aussi une tradition pharaonique. Les vertus hygiéniques du henné sont d'ailleurs établies. Sa poudre est préparée sous forme de pâte qui est ensuite appliquée sur les mains, les ongles et les cheveux. Une solution acide est mélangée à cette pâte pour fixer la teinture. En la matière, il existe d'ailleurs une recette populaire qui consiste en un mélange qui comprend en plus de cette plante de l'eau de rose et d'autres plantes riches en essences parfumées. Les bijoux féminins En quête de séduction, la femme sahraouie a recours aux bijoux pour parer les différentes parties de son corps avec des pièces en argent et des pierres précieuses. Certains sont fixés sur les cheveux coiffés sous forme de nattes. Parmi les nattes les plus connues, on trouve Agafa, Lamnachfa, Lambitiha, Bahane et Laghchet. Toutes ces coiffures traditionnelles sont enjolivées par de précieux bijoux colorés. D'autres bijoux tombent sur les cheveux comme Lakhrab, Amjouz, Lkhaouss, Lmmachii…Certains sont utilisés pour couvrir le cou comme Amzrad, Lbaghdad, Laglada, Sirâ et Tassbih. Certains sont mis au niveau des poignées comme Liyat et les brillants comme Larsaâ, Ghani-Rassou, Laglab et Lambail. La femme sahraouie met au niveau des ses pieds des bracelets appelés Khalakhil. Ils sont fabriqués en argent pur comme ceux mis au niveau des poignées hormis Liyat qui sont fabriqués en pierres précieuses. Quant aux jeunes filles, elles mettent pour la plupart des ornements appelés : Sanmane, Azzerrou et Jdayel.