Le mois sacré du Ramadan est toujours l'occasion pour toutes les publications, indépendamment de leur périodicité, de se mettre au goût de cette période propice au recueillement et à la spiritualité. La lecture est généralement l'activité la plus prisée. Dans ce sens, nous avons choisi de faire un voyage à travers l'histoire des régions du Royaume en dressant le profil à travers le temps d'un certain nombre de villes marocaines. L'histoire du Maroc qui remonte à plus de douze siècles se révèle être l'une des plus riches et des plus fécondes que l'humanité ait connues. Nous commencerons durant ce mois sacré par le circuit des villes impériales en évoquant certaines de leurs particularités historiques, architecturales et urbanistiques. Il en sera ainsi des principales étapes qui ont marqué l'itinéraire à travers le temps des villes des seize régions du royaume. Marrakech est l´une des plus prestigieuses et emblématiques villes du royaume du Maroc. Depuis sa création (1062/1070) par la dynastie almoravide, la ville ocre a été et est toujours la métropole du sud. De renommée mondiale, elle désigne encore le royaume Maroc pour un grand nombre de pays. Le nom de Maroc vient de Marrakech (Mraksch /la ville) et ce nom s'est transformé petit à petit en Moroco, MaRueco et fut ainsi utilisé dans tout le pays. Vers l'an 1000, Marrakech n'était dans premier temps qu'un camp de caravaniers. Celui-ci sera transformé en campement pour les armées almoravides. En 1062, Youssef Ibn Tachfin, fondateur la dynastie almoravide, y construit la première mosquée et par la suite tout un ensemble de mosquées. C'est de cette époque que date la plantation de la palmeraie. Et Marrakech fut choisi comme capitale du royaume. Grâce à sa position stratégique, au croisement d'importantes routes commerciales (or et ivoire), la ville se développera rapidement et deviendra une capitale impériale prospère et très influente. La naissance et le développement de Marrakech ont eu lieu en trois temps : Abou Baker Ibnou Omar choisit le site, Youssef Ben Tachefine fonde la ville en transformant le campement des nomades en une place fortifié appélé Qsar al Hajar et Ali Ben Youssef en fut le premier urbaniste. En 112 6, il érige des remparts de 9 km, édifie un nouveau palais et dote la ville d'édifices d'utilité publique (mosquées, fontaines…). Les monuments élevés pendant son règne furent d'une grande richesse architecturale et décorative marquée par l'influence andalouse. Lorsqu'en 1147, les Almohades s'empareront du pouvoir, la ville conservera son statut de capitale. Après avoir détruit les monuments de leurs rivaux, ils édifieront de nombreuses constructions remarquables. Grands architectes, ils embelliront les villes les plus importantes. Sous l'impulsion de Abdelmoumen Ben Ali, ils vont en faire la capitale d'un vaste empire. C'est une période faste pour la ville qui s'agrandit et s'urbanise par la construction de la Kasbah, quartier royal autonome gigantesque, l'achèvement de la grande mosquée la Koutoubiya . Par ces travaux Marrakech devient une véritable ville impériale à fonction multiple : politique, militaire, intellectuelle, spirituelle, commerciale et artisanale. Elle est devenue un grand carrefour du sud en relation constante avec le Sahara, l'Andalousie et le Maghreb. Avec l'arrivée des Mérinides en 1269, Marrakech va connaître sa première période de déclin et sera délaissée au profit de Fès. Elle resta ainsi durant trois siècles. Les Saadiens rendront à Marrakech tout son faste et son prestige. Elle retrouvera son rang de capitale grâce à Abdallah al Ghalib (1554-1574). Après la victoire de Ksar el-Kébir sur le Portugal, le territoire rayonnera à nouveau sous le sultan Ahmed al-Mansour.Il complétera les grands travaux de ses prédécesseurs et construira le fabuleux palais El Badia et la nécropole dynastique, entre 1562 et 1573. En 1669 le sultan alaouite Moulay Rachid en fait une de ses résidences avec Fès. Son rôle devint ainsi très restreint. Il faut attendre Sidi Mohammed (1757-1790) pour que Marrakech retrouve sa vitalité et son importance. La ville sera parée de nouveaux édifices (palais de la Bahia) et de nouveaux quartiers. La Koutoubia Construite par les Almohades à la fin du XII° siècle, La Koutoubia est considérée comme l'un des plus beaux monuments du Maroc.Le nom de la Koutoubia semble dériver de « kutubiyyun », en référence à un souk de libraires qui existait à proximité du site de la mosquée. C'est un joyau de l'art des almohades, date du XIIe siècle qui s'élève sur le site d'un palais almoravide, Ksar El Hajar, « Palais des pierres », détruit par les nouveaux maîtres de Marrakech en 1147. La mosquée la koutoubia est le monument religieux le plus célèbre de Marrakech. Cette mosquée d'une grande allure architecturale et d'une richesse décorative a une histoire complexe. Elle s'agit en réalité d'un double sanctuaire muni d'un minaret. La koutoubia est construite en deux phases par le Abdelmoumen en 1157 et 1163. Son minaret est l'un des merveilleux monuments de l'Islam. Erigé en pierre de taille, il comporte, à l'intérieur, non pas un escalier, mais une rampe qui permet d'accéder à des salles couvertes de coupoles ainsi qu'à son sommet. Sa hauteur est de 77 m. Il comporte des registres décoratifs sur les façades supérieures faits de carreaux de céramique verte et blanche. La mosquée a une forme carrée de 218 m comportant 7 travées. La Koutoubia a abrité un minbar, récemment restauré et exposé au palais Badiâ. Ce minbar, chef-d'œuvre de l'art islamique, a été exécuté à Cordoue sur l'ordre du sultan almoravide Ali Ben Youssef (1106-1143). Il fut transféré dans sa mosquée à Marrakech. Ce qui met en exergue ce monument est son minaret gigantesque qui constitue une des merveilles de l'art et de l'architecture en Islam. Erigé en pierre de taille, il comporte à l'intérieur une rampe qui permet d'accéder à des salles couvertes de coupoles ainsi qu'à son sommet. Sa hauteur est de 77 m. Il comporte des registres décoratifs sur des façades supérieures fait de carreaux de céramique verte et blanche. Les Almohades le mirent à la Koutoubia dans laquelle il fonctionna jusqu'aux années 1960 La première koutoubia fut inaugurée en 1157 et la deuxième ainsi que le minaret furent construit un an plus tard en 1158 sur ordre d'Abdelmoumen. Les deux sanctuaires se distinguent par leur plan innovateur qui donne une importance capitale au mur de la qibla. En effet cette valorisation se laisse voir par le plan en T dessiné par le recoupement entre des deux nefs principales de la salle de prière qui sont la nef axiale et la nef longitudinale. Les autres mosquées de Marrakech La mosquée BEN YOUSSEF La mosquée BEN YOUSSEF est entourée par ZAWIAT LAHDAR au nord, SOUK EL BAROUDINE à l'ouest, une place publique au sud et MEDERSSA BEN YOUSSEF à l'est.Edifié par Youssef Ben Tachfine sur un superficie de 120 m de longueur et 80 m de largeur. Elle est construite par les pierres de Gueliz, la chaux et le bois du cèdre La mosquée Mouassines Elle est construite par le sultan Saadien AL GHALIB BI-ALLAH connue aussi sous le nom de la mosquée Al-Achraf. Elle comporte trois portes. La mosquée Berrima La mosquée Berrima Nommée aussi la mosquée des rois, ou mosquée Dar EL Badiaa puisqu'elle se trouve à côté du palais EL BADIAA. Elle portait aussi le nom de la mosquée AL BOKHARIIN. Elle est Construite à l'époque du Sultan Mohamed Ben Abdellah au nord de son palais qui est connu aujourd'hui sous le nom de DAR AL MAKHZAN. Une bombe y avait explosé, un certain vendredi, lors de la visite de l'usurpateur du trône Ben Arafa. La mosquée BEN SALAH La mosquée BEN SALAH se trouve au quartier BEN SALAH, Elle est construite en Août 1321 par le Sultan ABOU SAID OTHMAN EL MERINI La mosquée Bab DOUKALA La mosquée Bab DOUKALA se trouve dans le quartier qui porte le même nom. Elle est construite par Messouda Bent Ahmed El Ouzguiti El Ouarzadi la mère d'AL MANSOUR ED-DAHBI en 1557 (965 de l'hégire).Sa superficie est de 38 m x 36m et son minaret est très proche de celle de la mosquée Moulay El Yazid La mosquée Moulay El Yazid La mosquée Moulay El Yazid se trouve au quartier La Kasba près des tombeaux des SAADIENS. Elle est connue aussi sous le nom de la Mosquée du palais ou la mosquée AL AADAM.Elle est construite à l'époque de YAACOUB AL MANSOUR des Almohades en commémoration de sa gloire dans la bataille AL ARA. Place Jamaa El Fna, ce «monde épique» mondialement connu «Qui pourrait raconter l'histoire de la place ? La littérature orale n'en garde pas les traces, ses annales s'effacent tels des pas sur le sable. Mais, Jama' el fna conserve, malgré tout, la mémoire transmise par ceux qui vécurent en-de-par et pour elle, et la confie à ses jongleurs, ses derniers jongleurs, halaiquis sans futur et peut-être sans descendance ». On ne peut que souscrire à cette image de Juan Goytisolo, un des intellectuels espagnols les plus connus à l'étranger, qui quitta son appartement de Paris en 1997 pour vivre à Marrakech. En mai 2001, , Jamaâ El Fna est le premier site proclamée et classé Patrimoine oral et immatériel de l'humanité par l'UNESCO. la place Jama' el fna est un lieu unique. C'est un grand livre d'histoire orale écrit par des illettrés. Place Jama' el fna est un spectacle permanent où s'entremêlent acteurs et spectateurs. C'est un théâtre complètement ouvert aux différentes représentations. Selon la halqua, les visiteurs de la place assistent aux multiples démonstrations quotidiennes de la voyante qui prédit l'avenir, au calligraphe astrologue qui soigne ses patients avec les versets du Coran, au mécanicien dentiste qui fait blanchir et/ou extraire les dents, avec un peu de poudre rose et une lingette douteuse, ou plonger dans un récit des conquêtes islamiques ou des Mille et une nuits adapté par un conteur aussi inventif que captivant. Et à la tombée de la nuit, c'est une autre place Jama' el fna qui déploie ses charmes culinaires ( soupe, brochette, escargots pimentés, poissons ou autres mets qui débordent d'odeurs et de parfums d'épices) accompagnées de la musique des gnawa, de abidate r'ma . Mais d'où vient ce nom Jama' el fna, c'est-à-dire « la mosquée du néant ? Et tout d'abord, comme l'a écrit Jamal Ghitany, « pourquoi n'y-t-il pas de mosquée, surplombant la place ou dans ses environs qui porte le nom el fna ?». Personne n'apporte de réponse précise quant à l'origine de ce nom qui est antinomique à l'esprit et au concept festif, ludique et cognitif qui fait aujourd'hui de la place Jama' el fna ce «monde épique» mondialement connu. Autrefois, la place, commençait derrière les palmiers et les oliviers des jardins de la Koutoubia et s'étendait jusqu'à la mosquée Ben Youssef. Au fil du temps, urbanisation et convoitises des spéculateurs aidant, elle s'est rétrécie comme une peau de chagrin. Le pouvoir s'en émut. En 1921, un arrêté viziriel de Mohamed El Mokri proposa pour la première fois le classement de la place Jama' el fna parmi les sites à sauvegarder. Le dahir portant classement de la place fut promulgué, le 20 juillet 1922, sous l'égide du sultan Moulay Youssef. On se souvient du tollé provoqué par l'installation, dans les années soixante, d'un Club Med, sur un périmètre voué à la population de Jama' el fna . Ce qui fait dire à Juan Goytisolo «On est partout à la recherche de lieux d'échange où les gens pourraient parler ensemble. Ce lieu existe ici, et pourtant on voulait le transformer en centre commercial ou en parking. L'écrivain commença par fonder l'Association Jama' el fna et guerroya farouchement contre les bétonneurs rêvant d'installer des activités juteuses sur les lieux de la place pour convaincre l'UNESCO de protéger le site, il élabora ingénieusement la notion de «patrimoine oral de l'humanité». Sur les clichés, captés à diverses époques, Jama' el fna n'accuse pas son âge. Oh, bien sûr, maintenant il y a des «intrus» tels ce goudron qui, depuis le sommet du Gatt couvre la place, ou ces lampes à butane, mais on y retrouve toujours le grouillement incessant, les gargotes et les conteurs, devins, danseurs, guérisseurs ou porteurs d'eau. Comme si Jama' el fna était figée dans une sorte d'éternité, qui lui fait tourner obstinément le dos à la modernité. Et c'est sans doute dans cette sensation que réside son pouvoir de séduction. Jama' el fna est un lieu magique, ensorcelant et envoutant auquel furent sensibles des écrivains aussi illustres que les frères Tharaud, Juan Goytisolo, Elias Canetti ou Gamal Ghitany.