Nabil El Bousaadi La réunion de crise qui s'était tenue le mercredi 6 novembre afin de permettre aux trois partis de la coalition gouvernementale allemande, dite du « feu tricolore », menée par le chancelier social-démocrate, Olaf Scholz, et comprenant les Verts et les libéraux, de surmonter leurs divergences, n'a abouti à aucun résultat tangible tant les points de vue défendus par les uns et par les autres sont irréconciliables. Ainsi, si, de leur côté, Robert Habeck, le ministre Vert de l'Economie et du Climat et le chancelier Scholz entendent s'éloigner du fameux « frein à la dette », que constitue cette règle constitutionnelle interdisant tout dépassement de plus de 0,35% du déficit fédéral, le ministre des finances, Christian Lindner prône, pour sa part, un tournant économique d'une orthodoxie libérale et austéritaire à toute épreuve. Mais, en ayant de plus en plus de difficultés à supporter la querelle qui l'oppose, depuis des mois, à son ministre des Finances, le chancelier a finalement décidé de mettre un terme à cette coalition, désormais, chancelante, en arrêtant sa collaboration avec Christian Lindner qu'il accuse d'adopter une attitude « empreinte de petits calculs mesquins ». Or, comme, par solidarité avec leur collègue « déchu », trois autres ministres libéraux lui ont, immédiatement, emboîté le pas, la décision, prise par le chancelier et actant la fin de la coalition gouvernementale « tricolore » a placé, de facto, le gouvernement d'Olaf Scholz en minorité au Bundestag, le Parlement Allemand. Aussi, en s'exprimant de Budapest, où il assistait à un sommet européen, le chancelier allemand a évoqué l'éventualité d'une alliance avec l'opposition menée par les Conservateurs s'ils consentent à soutenir certains projets de loi en suspens et appelé, ces derniers, à engager un débat « serein » sur les textes qui requièrent encore l'approbation du Bundestag même s'ils émanent d'un gouvernement « minoritaire » uniquement soutenu par les Sociaux-démocrates du SPD et les Verts. En considérant que le départ des libéraux du gouvernement va, incontestablement, faire vivre une crise aigüe à la première puissance économique de l'Union européenne, Olaf Scholz, qui a choisi le 15 Janvier prochain pour poser la question de confiance au Parlement avec l'éventualité de la tenue d'élections législatives à la fin mars 2025, espère parvenir, d'ici-là, à faire passer, au cas par cas, certaines mesures urgentes telles un nouveau soutien financier à l'Ukraine ou encore la réforme d'un système de retraite à l'agonie. Sachant, enfin, que les défis sont nombreux pour la première économie européenne qui, en étant déjà au bord de la récession, risque de pâtir du retour au pouvoir de Donald Trump qui prône un protectionnisme tous azimuts pouvant constituer une menace supplémentaire pour l'industrie exportatrice allemande qui vit des moments difficiles et qu'après le vote de confiance qu'Olaf Scholz, au pouvoir depuis fin 2021, devrait perdre faute de majorité, le président Franz-Walter Steinmeier aura 21 jours pour dissoudre le Bundestag et que de nouvelles élections devront avoir lieu dans un délai de 60 jours, attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI