Nabil El Bousaadi Au cours de l'offensive de grande ampleur qu'elles avaient lancée, le 6 Août dernier, dans la région russe de Koursk, les forces ukrainiennes avaient effectué une grande avancée en territoire russe et s'étaient emparé de plusieurs centaines de kilomètres carrés ; ce qui avait constitué la plus grande avancée d'une armée étrangère en territoire russe depuis la Deuxième guerre mondiale. Aussi, dans le discours prononcé devant les 7000 participants aux travaux du forum économique oriental auquel participe le vice-président chinois Han Zheng et qui se sont ouverts, ce jeudi, à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe, deux années après le début de l'offensive lancée par la Russie contre l'Ukraine, le président russe, tout en abordant les questions économiques et géopolitiques à l'ordre du jour, a clairement affirmé sa volonté de conquérir tout le Donbass, où ses troupes continuent de progresser. En rappelant, par ailleurs, que « l'Extrême-Orient est devenu le facteur le plus important pour renforcer la position de la Russie dans le monde », Vladimir Poutine a souligné l'avantage géographique dont jouit son pays en ce moment où « le centre de gravité géopolitique quitte les économies dites développées » et s'est félicité de la multiplication « par trois [...] en dix ans » des investissements dans cette région jouxtant le Pacifique. Mais, si, en attaquant la région de Koursk, les forces ukrainiennes visaient à contraindre Moscou à redéployer ses soldats, donc à stopper son « offensive dans les zones clés », mal leur en prit et leur stratégie est tombée à l'eau car le chef du Kremlin a martelé, devant l'assistance que, quel qu'en soit le prix, « la libération » totale du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, comprenant les régions de Louhansk et Donetsk, reste la priorité numéro un de l'armée russe et que c'est à ce titre qu'elle a lancé son assaut contre Pokrovsk qui est un axe routier et ferroviaire crucial pour la logistique des forces ukrainiennes dans cette région de l'est du pays. « La tactique ukrainienne » n'ayant donc pas fonctionné du moment que « l'ennemi s'est affaibli dans des zones clés », le président russe a tenu à signaler qu'en accélérant leurs « opérations offensives » sur le front oriental, les troupes russes ont infligé « de très lourdes pertes » à l'ennemi et sont même parvenues à l'« expulser progressivement » de plusieurs localités. Mais, il y a lieu de reconnaître, toutefois, que deux semaines après avoir déclaré qu'« à ce stade » – à savoir l'attaque ukrainienne de Koursk – toute discussion qui viserait à mettre fin au conflit opposant Moscou à Kiev était impossible, Vladimir Poutine a finalement changé son fusil d'épaule en affirmant que si l'Ukraine souhaite négocier, la Russie ne le refusera pas à condition, toutefois, que, d'une part, cela se fasse sur la base « des documents » sur lesquels les deux pays s'étaient « entendus et qui avaient été de facto paraphés à Istanbul » au printemps 2022 et que, d'autre part, Kiev se retire de tous les territoires russes. Le retrait des soldats ukrainiens exigé par Moscou étant, pour l'heure, inacceptable pour Kiev qui semble, également, ne point vouloir respecter les engagements convenus à Istanbul au titre de l'ébauche d'un accord de paix entre les deux pays dès lors que les documents y afférents, paraphés en 2022, n'ont jamais été rendus publics, c'est donc que le chemin menant vers la paix est encore long mais attendons pour voir...