Nabil El Bousaadi Aux dires des autorités finlandaises, depuis Août dernier, près de 1.000 demandeurs d'asile, sans papiers sont entrés en Finlande à partir de la Russie et, durant la seule semaine du 13 novembre, ce sont 300 migrants, venant, pour la plupart, d'Irak, du Yémen, de Somalie et de Syrie qui ont foulé le sol finlandais après avoir franchi, à pied ou à vélo, les postes-frontières séparant les deux pays. Aussi, en déplorant la « facilité avec laquelle ces migrants ont atteint le passage frontalier éloigné de Raja-Jooseppi » et le fait que la Finlande soit devenue « la cible d'une opération hybride russe « attentatoire à sa « sécurité nationale », le Premier ministre finlandais Petteri Orpo, a estimé que cet afflux de migrants est une opération délibérée qui n'entre pas dans le cadre d'une « urgence » mais plutôt d'une « activité organisée » à telle enseigne que « ce n'est pas seulement le nombre d'arrivées qui est en cause, mais le phénomène lui-même ». Mais, en estimant que « le phénomène (qui est) observé ces dernières semaines à la frontière » finlandaise et qui serait orchestré par Moscou afin de déstabiliser l'Union européenne devrait cesser, Helsinki a fermé, le 17 novembre, 4 points de passage puis trois autres le 22 novembre et prévu de fermer, dans la nuit de mercredi 29 à jeudi 30 novembre, son dernier poste-frontière encore ouvert avec la Russie. Or, si, comme l'a signalé TF1, « depuis la fin de l'été, les citoyens russes ont laissé la place à des hommes venus de pays lointains, principalement d'Irak, de Somalie et du Yémen » qui sont tous sans papiers, alors même que comme avait tenu à le rappeler le journal finlandais « Hufvudstadsbladet », « la Russie n'autorisait pas les personnes sans papiers à passer les contrôles frontaliers finlandais », c'est donc qu'en plus de leurs chiffres particulièrement élevés, c'est la nationalité des demandeurs d'asile qui interpelle quand certains d'entre eux « racontent avoir été acheminés gratuitement depuis leur pays, sans avoir aucune idée de ce qu'ils trouveraient sur place ». Ces faits pouvant laisser croire qu'en faisant preuve d'un tel « laisser-faire dans les contrôles frontaliers », la Russie serait en train de « réprimander » la Finlande tant pour son soutien à l'Ukraine que pour son entrée dans l'OTAN, le ministre finlandais de la Défense Antti Häkkäken a saisi cette occasion pour accuser « la Russie de pousser délibérément les migrants vers la zone frontalière ; ce qui constitue une forme de 'guerre hybride' ». Or, même si cette affirmation avait été démentie par Moscou, le 20 novembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen ne s'était pas empêchée de dénoncer « l'instrumentalisation des migrants par la Russie » et, en lui emboitant le pas, le « Hufvudstadsbladet » avait tenu à rappeler que cette situation « s'est déjà produite aux frontières extérieures de l'UE, en Finlande en 2016 et aux frontières entre la Biélorussie, la Pologne et la Lituanie en 2021 ». Interrogé sur la prise en charge des migrants qui vont devoir rester dans le froid devant des postes-frontières fermés, le Premier ministre finlandais a répondu que « sans le changement de politique des autorités russes, ce phénomène n'existerait pas » et qu'en conséquence, les intéressés ne devraient pas y venir du moment que « la frontière est fermée ». Comment la situation va-t-elle évoluer après qu'un communiqué du gouvernement finlandais ait invité les demandeurs d'asile à se présenter aux ports et aux aéroports qui sont « les seuls points de passage ouverts pour le trafic aérien et maritime » entre la Finlande et la Russie ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI