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La cérémonie de signature de l'ouvrage «L'Amour et l'Art » de l'écrivaine et l'artiste peintre Loubaba Laalej
Publié dans Albayane le 20 - 06 - 2023


A l'initiative de la Ligue des Ecrivaines du Maroc
Dans le cadre des activités de la 28ème édition du Salon international de l'Edition net du Livre organisé récemment à Rabat, la Galerie de la Ligue des Ecrivaines du Maroc, présidée par l'écrivaine Badia Radi, a abrité la cérémonie de signature de la version française de l'ouvrage « L'Amour et l'Art » de l'écrivaine et plasticienne Loubaba Laalej, préfacé par le l'universitaire et critique littéraire Dr. Mostafa Ennahhal et le journaliste et enseignant chercheur français Claude Malin, et la version arabe, qui a été traduite par le critique et le chercheur Dr Abdallah Cheikh. Cet événement a été marqué par la présence d'un parterre d'intellectuels, d'étudiants, de chercheurs, de créateurs et de professionnels des médias et de férus d'art et de littérature.
Un éternel recommencement
Claude Malin , journaliste et enseignant chercheur a écrit dans sa préface :
« Loubaba Laalej n'est certainement plus une novice dans le domaine des Arts. Par contre, comme nombre d'entre nous, elle est une femme des deux rives. Cela se sent, cela se voit, cela s'entend et se lit. Loubaba Laalej est une passionnée qui aime la lumière et puise son inspiration dans son monde intérieur. Elle expose au Maroc bien entendu mais également en Europe, notamment en Espagne et en Italie, pays de lumière. Pour elle, peindre lui offre la possibilité d'inviter les autres dans son univers, de communiquer sa vision du monde, d'amener l'invisible au visible, de mettre le point sur l'irréel et le réel, c'est aussi la possibilité de transmettre la poésie de la vie en les faisant sortir de la guerre duelle. Rêver c'est changer sa perspective, disait-elle à la presse il y a un an. Même si elle se défend d'appartenir à aucune école, on croit reconnaître dans ses œuvres peintes ou écrites un rien de surréalisme. Mais ça, ça n'engage que votre serviteur.
Cette année apporte une pierre de plus à un édifice artistique déjà très riche : « L'Amour et l'Art ». Touche à tout, Loubaba Laalej ? Peut-être pas, mais elle possède une patte à nulle autre pareille, une façon d'exprimer ce qu'elle ressent qui donne envie d'aller vers elle pour qu'elle nous raconte la suite, pour qu'elle nous explique comment partir avec elle sur les chemins de la découverte de son art. On se tait, on écoute, on regarde. Le voyage initiatique commence.
Vaste domaine que celui de l'amour. On peut en dire autant de l'art. Existe-t-il un lien entre les deux ? À l'évidence, la réponse est « oui ». Mille fois oui, et plus encore. De la plus haute antiquité à nos jours, ils ont été des millions à célébrer l'amour, dans des discours, des poèmes, des chants, des pièces de théâtre, des films. Mais aussi dans l'architecture, la sculpture ou la peinture… Et même dans l'art de la mode qui est aussi une arme de séduction. Vaste sujet, oui que cet amour, qui pour reprendre un adage populaire, fait tourner le monde. Bien évidemment, l'art s'est emparé du thème dès que l'homme a été en capacité « d'aimer ». Loubaba Laalej va enrichir votre culture de la plus belle des manières. Du meurtre d'Abel par Caïn, qui voit la sédentarisation du nomade, si bien décrite dans «La conscience» de Victor Hugo au «Don Juan» de Molière en passant par le «Banquet» de Platon jusqu'à «La beauté du diable» de René Clair en 1950, on est ébloui par la qualité de son propos. Tous les domaines de l'art sont touchés par la grâce de l'amour et de sa plume.
Même le sacré descend de son piédestal pour venir provoquer l'amour des hommes, chez les hommes, entre les hommes. Des héros du quotidien, des chanteurs de rue, des poètes, l'amour s'écrit, l'amour se dit, l'amour se vit. Il transcende des existences et parfois il les détruit. Nous ne sommes rien face à lui, sauf que sans lui…c'est encore pire. L'amour est un mal nécessaire, à tel point que depuis des millénaires, il a inspiré philosophes, sculpteurs, peintres, hommes et femmes de lettres. Au XXème siècle, il a su donner un souffle divin aux œuvres de Rodin, Frida Kahlo, Picasso, Robert Doisneau, Sartre, Beauvoir, René Clair, Cécile B Demille… et inspire encore en ces années 20 (- qui furent les années folles du siècle dernier-) de ce siècle. Souhaitons qu'il soit aussi prolifique, aussi riche et varié et qu'il nous apporte son lot de génies artistiques, de fous amoureux qui laisseront à leur tour une trace, un nom, une signature, une déchirure, une révolte… Et même s'il demeure anonyme, s'il meurt oublié, le poète a toujours raison : «Il est temps d'instaurer la religion de l'amour» (Aragon). Tout est dit ? Sans doute non. Tout reste à inventer ? Non plus. L'art au service de l'amour est un éternel recommencement. Tel le Phénix qui renaît de ses cendres, il se réinvente, épouse son époque, que dis-je, il lui montre le chemin et finit toujours par s'imposer et l'amour finit toujours par imposer sa loi. Ce que vous allez découvrir, viendra confirmer ce que je viens de vous décrire. Embarquons pour Cythère».
Alchimie poétique
Le texte imagé
Dans sa préface, Dr. Mostafa Ennahhal , universitaire et critique littéraire, a développé la réflexion suivante : « On le sait, l'art est un moyen d'exprimer une opinion ou un sentiment, ou d'établir une autre vision du monde, qu'il soit inspiré par le travail des autres ou quelque chose d'entièrement nouveau et innovant. Cependant, la beauté est un aspect inhérent à la vie même et qui apporte du bonheur et de la positivité aux gens. La beauté seule n'est pas de l'art, mais l'art peut être fait de, sur ou pour de belles choses. C'est dire que l'art permettrait d'exercer nos capacités d'attention, grâce à des procédés de séduction et d'intensification qui ont des effets défamiliarisants.
À une époque où notre attention est la proie de différentes stratégies de captation, il n'est pas surprenant que cette conception de l'art ressurgisse. C'est dans ce contexte qu'il faut lire ce livre-image à la fois attirant et riche. Le poète portugais Pessoa estime que l'amour est une idée, et cela porte beaucoup, car tout le monde croit que l'amour est le corps, les désirs ou les sentiments, et ce n'est jamais un esprit ou une idée. En lisant les textes poétiques de Loubaba Laalej, à la lumière de ses œuvres artistiques, ou le contraire, on s'aperçoit que ce que l'amour aime ce n'est pas tel ou tel être beau, mais bien la beauté elle-même. Les textes et travaux de Loubaba nous portent à l'archétype platonicien, évoqué dans ce livre, qui montre que l'amour-beauté résidant en tel ou tel corps est sœur de l'amour-beauté qui réside en un autre, et, supposé qu'on doive poursuivre l'amour qui réside dans les formes et les couleurs. L'amour nous rattache donc à l'idée de la beauté dont les beaux corps et les belles âmes ne sont que des reflets.
Quant au désir de procréation qui se trouve au cœur même de l'amour, les textes-images de Loubaba le disent : il est l'expression de ce désir d'immortalité qui réside en chacun de nous. La nature humaine cherche à se perpétuer et à être immortelle. Or, le seul moyen dont elle dispose pour cela c'est de produire de l'existence, en tant que perpétuellement à la place de l'être ancien, elle en laisse un nouveau qui s'en distingue. La procréation est donc à l'immortalité ce que le temps est à l'éternité : elle en est l'image.
Les métaphores Loubabiennes sont séduisantes : elles satisfont, au risque de les confondre, l'attrait des origines et la passion des profondeurs ; et surtout elles donnent à voir et à croire que, de fragment en fragment, de titre en titre, d'image en image, tout l'amour perdu, tel le temps de Proust, peut être ramené à la lumière du jour. Aussi bien, tout au long de son livre, Loubaba cède-t-elle à cette séduction. Or, la séduction est d'abord, comme disait Baudrillard, un message, une voix et une interprétation. Séduire n'a pas de loi mais a des règles immanentes, arbitraires, mais qu'il est nécessaire de respecter dans et par le texte poétique. Séduire n'est ni divin ni hasardeux. C'est diabolique (donc féminin, s'empresse d'ajouter l'auteur). Séduire, c'est toujours être séduit (d'où la réversibilité). C'est de l'ordre du mystère et du rite.
C'est que le propre de l'esthétique dans le livre de Loubaba ne réfère pas à un type d'objet, mais toujours à un type d'expériences esthétiques, par le mot ou par l'image. Il s'agit là d'une unité, d'une complémentarité et non d'une rivalité entre la poésie et les tableaux artistiques. Cela vient d'une mutation des différents modes d'expression : l'importance de l'imitation, de l'idéal devivre la représentation en poésie, le fait que la peinture se définisse comme un instrument de connaissance et de révélation dont le déchiffrage peut être complexe, rapprochent étroitement les arts visuels et la poésie. Celle-ci s'interroge sur son identité au sein du système des arts, et se cherche dans plusieurs directions. Poésie et arts sont dans un rapport de sympathie, au sens défini par Michel Foucault, où la conscience de leur parenté et de leur ressemblance a le « dangereux pouvoir » de les assimiler, de les rendre identiques et de les mêler, risquant de leur faire perdre leur individualité et de les aliéner. Ainsi, texte et image dans le livre de Loubaba évoluent-ils parallèlement dans un perpétuel et véritable dialogue ontologique, qui interpelle l'être humain dans le sens de l'amour et la beauté. Intermédiaire entre le mortel et l'immortel, entre les hommes et les dieux, l'amour est dans la poésie de Loubaba à mi-chemin du savoir et de la saveur. Entre les deux, lelangage poétique sublime, admirable et divin. Et lorsque l'union de l'art plastique et de la poésie est parfaite, cette dernière s'évanouit dans l'image. C'est là que réside la leçon de notre artiste».
Bio express :
Native de Fès, Loubaba Laalej est une artiste peintre et écrivaine prolifi­que. Membre de la Ligue des Ecrivaines du Maroc. Membre du Bureau Permanent de la Ligue des Ecrivaines d'Afrique. En 2019, elle a obtenu un doctorat honori­fique délivré par le Forum International des Beaux-arts (Fine Arts Forum International) à titre de reconnaissance. Elle a, à son actif, plusieurs publications sur son expérience créative :
«Emergence fantastique», «Mes univers», «Matière aux sons multiples», «Abstraction et suggestion», « Dames du monde : entre l'ombre et la lumière».
Parmi ses recueils de poésies (écrits et œuvres) : «Fragments», «Pensées vagabondes», «Mysticité et plasticité», «Melhoun et peinture», «Poésie et peinture», «Icônes de la plasticité au féminin», «Chuchotement du silence», «Musique et plasticité» (Tome I et Tome II), «Vivre avec soi», «Vivre ensemble», «Danse et plasticité» (Tome I et Tome II), «L'Amour et l'Art », « La Mort et l'Art », « La Beauté et l'art », « La Route de lumière », «Voix
intérieure», «La Vérité et l'Art ». Livres en cours de publication (écrits et œuvres) : « Le Bonheur et l'Art», «L'Imagination et l'Art», « Manifeste lyrique », « Le Rêve et l'Art», « La Mémoire et l'Art», « Le Désert et l'Art».
Légendes
* Avec le grand poète et penseur syrien Adonis.
* Avec l'écrivain Mourad Kadiri, président de la Maison de la poésie et Mohamed Mansouri Idrissi , président du Syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels.
* Avec l'universitaire et chercheur Abderrahmane Tankoul.
* Avec Hassan Najmi, poète, romancier et chercheur


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