Au fil du temps, la caducité de la hausse des prix, tel que prétendu par l'actuel Exécutif, semble être un bluff désenchanté pour toute la population atterrée, devant cette grimpée asphyxiante du coût de produits de première nécessité. L'ampleur sans précédent de cet effondrement inédit du pouvoir d'achat des ménages à revenu faible, exaspère de façon extirpante et incite inéluctablement à des mouvements protestataires dans nombre de villes du royaume, notamment Casablanca, Marrakech, Rabat, Agadir, Tanger. Certes, ce cri de colère, en phase embryonnaire, s'est perpétré sans affront notoire avec le service d'ordre ni dérapage désolant des frondeurs, constitués en « Front National » contre la cherté de la vie. Mais, il faut bien dire que les cours graciles surgissent souvent en rythmes saccadés en amont pour déboucher sur des crues débordantes, en aval. D'autant que les manifestants se comptaient par centaines, au pire des cas, sans pour autant, minorer l'effet boule de neige que pourrait revêtir ce flot humain qui jalonne les rues, vomissant sa grogne contre la surdité et la morbidité agaçantes d'un gouvernement impuissant. Il ne fait pas de doute qu'à la cadence de ces ébranlements qui ronronnent à petits feux au sein de la voie publique, l'instabilité est plus que jamais à l'affût pour une dérive sociale dont personne n'est en mesure de contenir la gravité des répercussions fâcheuses, en ces moments de forte acuité. Il est bien clair que ces manifestations engrangées par des militants de la gauche marocaine et certains éléments de syndicats, arborant des appels à des insurgions brutales contre les politiques de paupérisation des démunis et fustigeant le slogan trompeur de « l'Etat social », sont en passe d'infuser des souffles sur le brasier social, en état d'inflammation survoltée. Or, il paraît que le gouvernement ne pipe mot, se contentant de répliquer aux crépitements de détresse qui s'élèvent par-ci, par-là et se réfugiant derrière le refrain de se conformer aux «engagements majeurs», convenus avec les citoyens, tout en sous-estimant l'atrocité de la flambée actuelle qui terrasse la petite et moyenne frange de la société marocaine. Le comble dans cette inertie flagrante qui ne cesse d'exacerber les populations, c'est qu'il ne tiendra qu'à sa tête, estimant que ce qui s'opère aussi bien sur la tribune du plaidoyer que dans la place de la marche populaire, n'est que « marginalité de problèmes » par rapport aux grands thèmes tel que la santé, l'enseignement, l'emploi, l'investissement... Il est bien évident que ces sujets s'avèrent d'une vitalité certaine et représentent, sans nul doute, le nerf de bataille d'une nation en Emergence telle que la nôtre. Néanmoins, il est inadmissible de passer sous silence cette unanimité tissée autour de l'exorbitance des denrées alimentaires, exprimée sans aucun ambages dans leurs rapports cuisants, par la Banque du Maroc, le Haut-commissariat au plan et, à présent par les populations dans les artères des villes. Le caractère structurel et non conjoncturel est criant, dénonçant la politique agraire phagocytée par les cultures dédiées abusivement aux lobbys de l'export, d'où l'épuisement de la nappe phréatique, au détriment de cultures vivrières à l'adresse des marchés intérieurs. Il est condamnable de se retrouver aujourd'hui face à la faillite de cette stratégie agricole dont les rênes de gestion furent confiées à ceux qui, il n'y a pas si longtemps, font cavaliers seuls dans les « largesses juteuses » du Plan Maroc Vert. Il est question de s'en rendre compte et de se presser de mettre un terme à l'hémorragie, avant que les sorties dans les avenues en ébullition, ne se transforment en cauchemar irrémédiable !