Les travaux de l'Audition parlementaire aux Nations Unies au titre de l'année 2023 ont débuté, lundi à New York, avec la participation du Maroc, représenté par une délégation des deux chambres du parlement. L'Audition parlementaire aux Nations Unies, tenue sous le thème « De l'eau pour tous et pour la planète: arrêtons le gaspillage, changeons la donne, investissons dans l'avenir », apportera une perspective parlementaire à la Conférence de l'ONU sur l'eau, qui se tiendra du 22 au 24 mars 2023, à New York, indique-t-on auprès des organisateurs. Intervenant à cette occasion, le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Csaba Korosi a relevé l'importance du partenariat « solide et stratégique » entre les Nations Unies et l'UIP pour combler le fossé entre les idées aux niveaux international et national et trouver des solutions aux problématiques mondiales. Il a, dans ce cadre, indiqué que l'humanité manque de temps et il est urgent que « nous nous unissons de manière collective sur la base d'un renouveau de nos objectifs et de notre solidarité, sous le prisme de la gestion et de la transformation des crises » notamment celle de l'eau, notant que les délibérations annuelle de 2023 pourraient proposer des orientations et des contributions « non-négligeables à être prises en compte par les Etats membres lors de la préparation de la conférence décisive » de l'ONU sur l'eau en mars prochain. Et de souligner que l'objectif de l'actuelle audition est de faire entendre aux gouvernements, aux parlements et à la communauté des Nations Unies une perspective critique sur l'identification des éléments qui changent la donne pour mieux affronter la crise imminente de l'eau et créer un environnement sain, fondé sur le développement durable pour les générations à venir. De son côté, le président de l'UIP, Duarte Pacheco a signalé que cette audition est un exemple de la façon dont les Nations Unies doivent dialoguer avec les parlements et vice-versa pour surmonter les problèmes de l'heure. Il a mis en avant l'importance de la coopération entre l'organisation multilatérale et l'UIP dans la recherche de recommandations et de solutions idoines à la multitude de crises auxquelles est confronté le monde. Evoquant la crise de l'eau, M. Pacheco a souligné la nécessité d'engager des discussions sincères pour trouver des solutions à une problématique qui dépasse les frontières et qui risque de provoquer des conflits entre les pays. « Notre devoir est d'aider à réaliser le droit d'accès à l'eau », a-t-il insisté, ajoutant que les problèmes de l'eau et de l'assainissement peuvent être résolus à travers des actions coordonnées prises aux niveaux national et international d'où l'importance, selon lui, du rôle dont s'acquittent les parlementaires en tant que force de propositions et de législation. Fondée en 1889 par un groupe de parlementaires qui se consacraient à la promotion de la paix par la diplomatie et le dialogue parlementaires, l'UIP est depuis devenue l'organisation mondiale des parlements nationaux. Elle compte 178 Parlements membres, 14 membres associés et un nombre croissant de parlementaires du monde entier qui participent à ses travaux. Elle se fixe comme objectifs la promotion de la gouvernance, des valeurs démocratiques, de la paix, de l'autonomisation des jeunes et du développement durable grâce au dialogue politique, à la coopération et l'action parlementaire. Information scientifique Lors de la 1ère séance d'information scientifique à l'Assemblée générale de l'ONU organisée mercredi à New York, des scientifiques ont averti que la demande en eau dépassera bientôt l'offre, une situation qui exige à leurs yeux une tarification correcte de l'eau et de rendre durables ses systèmes de gestion et de conservation. Dans son allocution d'ouverture, le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Csaba Kőrösi, a appelé les Etats membres à « écouter les scientifiques, à les interpeller, à poser des questions, discuter, formuler le soutien que vous attendez de nos négociations içi ». "Nous avons franchi les limites planétaires de l'eau pour la première fois dans l'histoire de l'humanité. Nous avons modifié le cycle mondial de l'eau", a déclaré pour sa part Tharman Shanmugaratnam, co-président de la Commission mondiale sur l'économie de l'eau, devant un auditoire composé d'Etats membres, d'observateurs et de représentants de la société civile. L'intervenant a relevé que le monde assiste à un scénario marqué par des sécheresses et des inondations affectant les mêmes régions, ainsi que des signes d'une "tragédie de l'eau contaminée qui dure depuis longtemps sans faire les gros titres". Selon les chiffres de l'ONU, un enfant de moins de 5 ans sur cinq meurt chaque minute à cause de la diarrhée. En raison de la mauvaise gestion humaine au cours de l'histoire, la demande en eau devrait dépasser l'offre de 40% à la fin de cette décennie, a-t-il averti. Pour sa part, Aromar Revi, directeur de l'Institut indien pour les établissements humains, également membre de la Commission mondiale sur l'économie de l'eau, a souligné la nature intégrale de l'eau dans les objectifs de développement durable (ODD) et dans l'atténuation du changement climatique. Il a relevé le "grand potentiel économique et de développement non réalisé" de l'utilisation de l'eau en tant que principe organisateur permettant d'accélérer la mise en œuvre des ODD, ainsi que des objectifs climatiques et de biodiversité. L'intervenant a toutefois mis en garde contre les arbitrages entre la nourriture, l'eau et l'énergie, citant le conflit potentiel entre les biocarburants et la production alimentaire dans les zones où l'eau est rare. "Ils doivent être réunis dans chaque région pour permettre un ensemble de transitions vers la prospérité, le bien-être humain et la santé des écosystèmes", a-t-il dit. Cette séance d'information de l'AG de l'ONU a eu lieu moins de six semaines avant la Conférence des Nations Unies sur l'eau, la première conférence internationale axée sur l'eau organisée par les Nations Unies depuis 1977. Lors de ce conclave prévu en mars prochain, le président Kőrösi devrait présenter les facteurs de changement concernant l'utilisation de l'eau