Face à «iMessage» et «Google Messages» Imaginé au cours des années 1980 comme un protocole d'échange de texte aux fonctionnalités restreintes, le SMS est aujourd'hui obsolète face aux messageries instantanées, et sa modernisation est coincée depuis des années entre les intérêts divergents de Google et Apple. Les deux géants des appareils mobiles détiennent chacun une application permettant d'échanger des messages. iMessage est depuis 2011 le service privilégié pour les détenteurs d'iPhones, tandis que Google Messages est promu depuis 2014 pour les utilisateurs d'Android et notamment sur les derniers smartphones Samsung. Entre utilisateurs du même type de téléphones, les messages accompagnés d'images, d'émojis ou autres fonctionnalités multimédias transitent par les serveurs des deux sociétés. iMessage (depuis l'origine) et Google Messages (depuis 2021) permettent aussi de chiffrer les communications entre l'expéditeur et le destinataire, une fonctionnalité en faveur de la protection de la vie privée popularisée par les applications de messageries WhatsApp (groupe Meta), Telegram ou Signal. En revanche, entre un appareil Apple et Google, les messages sont envoyés en clair, via le protocole SMS, ou MMS s'ils sont accompagnés d'images. Et ils sont signalés par une coche verte sur iMessage, par la mention «SMS» sur Google Messages. Pour Hiroshi Lockheimer, vice-président de Google en charge des systèmes Android et Chrome, la faute revient à la marque à la pomme. «Nous ne demandons pas à Apple de rendre iMessage disponible sur Android. Nous demandons à Apple de prendre en charge la norme industrielle pour la messagerie moderne (RCS) dans iMessage, tout comme ils prennent en charge les anciennes normes SMS/MMS», a-t-il écrit en début d'année sur Twitter. Selon lui, l'utilisation de la norme RCS (pour Rich Communication Services), mise en oeuvre par Google depuis 2019 en partenariat avec les opérateurs télécoms, permettrait d'améliorer l'expérience à la fois pour les utilisateurs d'iOS et d'Android. Déjà ancienne – elle a été définie en 2008 par l'organisation internationale GSM Association – la norme RCS permet d'envoyer toute sorte de documents, de discuter en groupe, de recevoir des accusés de réception ou un indicateur de saisie, de passer des appels vidéos. L'appareil utilise pour cela internet en plus du réseau GSM. «Il est temps qu'Apple répare les textos», a insisté Google cet été, en essayant de mettre la pression sur son concurrent qu'il accuse de rendre ses usagers captifs de son écosystème. Mais Google tente aussi de son côté d'encourager l'utilisation des services de Jibe, une solution technique qui permet aux opérateurs de proposer cette messagerie enrichie. «Achetez-lui un iPhone», a répondu en plaisantant le PDG d'Apple Tim Cook, interrogé début septembre par un journaliste qui lui faisait part de problèmes de communication avec sa mère, qui utilise Android. «Je n'entends pas pour le moment nos utilisateurs nous demander de mettre beaucoup d'énergie dans ce domaine», a-t-il ajouté. Cette même année, l'Union européenne est parvenue à un accord sur le DMA, le règlement sur les marchés numériques, qui s'attaque aux pratiques anticoncurrentielles des géants de la tech. Selon ce nouveau texte qui rentrera en vigueur au printemps 2023, les grands services de messageries doivent trouver un moyen pour être interopérables, une promesse globale qui reste encore à concrétiser.