Ouardirhi Abdelaziz Le cancer constitue dans le monde un fléau global et un problème majeur de santé publique, du fait de son fort taux de mortalité et surtout du coût exorbitant et des pertes économiques colossales engendrées en termes de décès prématurés et d'années de vie perdues. Les dernières données mondiales en ce sens estiment à 18,1 millions les nouveaux cas et 9,6 millions les décès par cancer en 2018. Environ un décès sur 6 dans le monde est dû au cancer. Près de la moitié des cancers sont causés par des facteurs de risque connus, selon une méta-étude parue dans la revue médicale « The Lancet ». Ses auteurs plaident pour des mesures de prévention accrues. Des facteurs de risque connus de tous C'est un secret de polichinelle puisqu'on savait depuis longtemps que le tabac et l'alcool sont les deux principaux responsables des cancers dans le monde. C'est ce qui ressort d'une étude publiée dans la revue scientifique « The Lancet » le 16 août 2022. C'est un vaste programme de recherche d'une ampleur inédite dans le monde, financé par la fondation Bill Gates, qui implique plusieurs milliers de chercheurs. Cette étude a été réalisée dans le cadre du programme international Global Burden of Disease. Elle a mis en évidence que le tabac et l'alcool font le plus de décès, malgré le danger manifeste. On le savait depuis longtemps que boire de l'alcool et fumer augmente le risque de développer des cancers, mais cette étude apporte plus de détails dans la compréhension des facteurs de risque. Le Tabac est de loin le principal élément qui favorise les cancers dans 34 % des cas, et ce pour les hommes comme pour les femmes. suivi par l'alcool (7,4%). Pour les femmes, ce sont les relations sexuelles non protégés. L'étude scientifique nous apprend aussi, que pour les deux sexes, ce sont les mauvaises habitudes alimentaires, la pollution de l'air et l'obésité, évaluées autour de 5%. Des comportements qui peuvent donc être évités. C'est pourquoi l'étude plaide pour accorder une plus grande place à la prévention pour changer ses habitudes. Toutefois, plus de la moitié des cancers sont dus à des problèmes de métabolisme, selon les auteurs. Données épidémiologiques au niveau mondial Bien que les moyens et les outils qui existent actuellement nous permettent de mieux prévenir et traiter le cancer, le nombre des nouveaux cas de cancer ne cesse d'augmenter chaque année. En 2018, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) estime le fardeau mondial du cancer à 18,1 millions de nouveaux cas et 9,6 millions de décès. Un homme sur cinq et une femme sur six dans le monde développeront un cancer au cours de leur vie, et un homme sur huit et une femme sur 11 vont mourir de cette maladie. Les cancers du poumon, du sein et du côlon-rectum restent les trois localisations touchant le plus de personnes dans le monde, et figurent parmi les cinq les plus mortels. Pris ensemble, ces trois types de cancer sont responsables d'un tiers de l'incidence du cancer et de la mortalité dans le monde Qu'en est-il au Maroc ? Le Maroc est également affecté par ce fléau mondial. Le nombre estimé de nouveaux cas de cancer par année avoisine les 50 000 nouveaux cas; malgré les importants efforts consentis ces dernières années, la mortalité reste importante, les tumeurs seraient la 2ème cause de décès au Maroc avec 13.4% des décès, après les maladies de l'appareil cardio-vasculaire. Selon les données recueillies, le Maroc enregistre annuellement près de 50.000 nouveaux cas de cancer. Le cancer du sein représente 20% de l'ensemble des cancers au Maroc, suivi par celui du poumon (12,3%) et du cancer colorectal (7,8%). Prévalence des principaux facteurs de risques Environ un tiers des décès par cancer est dû aux 5 principaux facteurs de risque comportementaux et alimentaires : l'indice élevé de masse corporelle, la faible consommation de fruits et de légumes, le manque d'exercice physique, la consommation d'alcool et le tabagisme qui est considéré comme étant responsable d'environ 22% du total des décès dus au cancer dans le monde. Selon les données de l'enquête Stepwise réalisée par le ministère de la Santé en 2017 : 11,7% des Marocains âgés de 18 ans et plus fument du tabac ; 21,1% des Marocains ont un niveau d'activité physique insuffisant ; 53% des Marocains sont en surpoids et 20% sont obèses ; 39,9 % des personnes âgées de 18 à 69 ans ont au moins deux facteurs de risques ; 1,7% consomment de l'alcool. Mieux vaut prévenir que guérir Face aux nombreuses maladies présentes dans tous les continents, l'humanité toute entière gagnerait énormément en adoptant une attitude préventive, en ayant des comportements de vie saine... S'agissant du cancer, les conclusions de l'étude parue dans le magazine « The Lancet » le 16 août 2022, ses auteurs plaident pour accorder une grande place à la prévention puisque nombre de ces facteurs (tabac-alcool-mauvaise alimentation-inactivité physique..) se rapportent à des comportements qui peuvent être changés ou évités. Toutefois, une grosse moitié de cancers ne sont pas attribuables à un facteur de risque donné, ce qui montre également que la prévention seule ne suffit pas. Celle-ci, selon les auteurs, doit donc s'accompagner de deux autres piliers que sont un diagnostic suffisamment précoce et des traitements efficaces. The Lancet est une revue médicale scientifique hebdomadaire britannique, propriété du groupe d'édition scientifique Elsevier. C'est une prestigieuse revue médicale, une des plus anciennes (fondée en 1823) et des plus respectées au monde.