La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a exposé, jeudi à Bruxelles, l'expérience marocaine de mobilisation des ressources domestiques pour le financement d'une croissance durable et inclusive, en complémentarité avec les initiatives internationales. « Des réformes plus poussées devraient être appuyées dans le sens de l'optimisation de la dépense et du potentiel fiscal, et du recours à des mécanismes novateurs de financement non générateurs d'endettement », a souligné la ministre, qui s'exprimait lors d'une table-ronde sur le ''financement pour une croissance soutenable et inclusive'', dans le cadre du 6ème Sommet de Union européenne-Union africaine (17-18 février). Au Maroc, la stratégie de relance post-Covid-19 a visé la recherche de financements à fort effet de levier, ciblant le secteur privé, a expliqué Mme Fettah Alaoui, relevant que cette stratégie a été portée par deux grands projets, à savoir la refonte du système national de garantie et d'appui à l'entrepreneuriat et la création du Fonds Mohammed VI pour l'investissement afin de promouvoir un nouveau format de financement, à la hauteur des exigences des nouveaux piliers de la croissance. D'un autre côté, a-t-elle poursuivi, la promotion de l'investissement privé en Afrique devrait constituer un cheval de bataille pour assurer une croissance durable et inclusive, à travers l'amélioration continue du climat des affaires, saluant à cet égard l'initiative lancée lors du dernier Sommet de Paris visant à donner un nouvel élan au Compact with Africa favorisant l'essor du secteur privé. « La relance économique en Afrique reste tributaire de la capacité de nos pays à accéder aux financements », a-t-elle insisté, notant que la phase post Covid-19 représente une réelle opportunité pour les pays africains pour repenser leurs programmes de réformes dans le sens de bâtir un modèle économique et sociétal plus résilient. Néanmoins, a fait remarquer la ministre, les enjeux et la complexité de la situation actuelle, concomitamment à des marges de manœuvre limitées, rendent le choix des priorités de plus en plus difficile. Notant qu'un retrait prématuré des mesures de soutien pourrait altérer l'élan de la reprise, elle a souligné que compte tenu des niveaux d'endettement et des besoins de financements élevés, leur prise en charge à long terme exigera des solutions plus audacieuses, notamment à travers le renforcement des filets de sécurité financière mondiale. A ses yeux, la coopération régionale et internationale, qui a été mise en lumière depuis l'avènement de cette crise, s'avère indispensable pour appuyer les politiques nationales mises en place, laquelle coopération a, certes, permis de soutenir la réponse à la crise en Afrique, mais demeure malheureusement insuffisante. « C'est pour cela que nous continuons à plaider en faveur de plus d'efforts en matière de canalisation de Droits de Tirage Spéciaux (DTS) aux pays africains », a-t-elle soutenu, appelant à lancer un débat international sur la pertinence des critères d'appréciation du risque pays souverain, afin de libérer des financements supplémentaires pour le continent. Mettant l'accent sur l'importance de l'approfondissement de la réflexion sur le financement de la croissance en Afrique, la ministre a indiqué que cette thématique s'inscrit en droite ligne des orientations constantes de SM Le Roi Mohammed VI. « Le Souverain a en effet placé la triple question de la transition écologique, du développement durable et de la réduction de la fracture sociale au cœur de la stratégie poursuivie par le Royaume, permettant d'avoir une trajectoire à la fois exemplaire et solidaire avec nos partenaires africains », a souligné Mme Fettah Alaoui. Revenant sur la crise sanitaire de la Covid-19, qui a eu des implications néfastes sur la situation économique mondiale, mettant ainsi en péril les chances d'être au rendez-vous de l'agenda mondial des ODD, elle a fait observer que ces impacts négatifs ont particulièrement affecté les finances publiques, notamment en Afrique où la situation est marquée par un amenuisement drastique des espaces budgétaires, à un moment où les besoins de financement sont énormes. « Si, aujourd'hui, l'économie mondiale semble se remettre de la crise, de nombreuses économies africaines sont encore aux prises avec la pandémie, aggravant davantage les écarts de niveau de vie entre les pays. Cette situation appelle une action collective et urgente de la communauté internationale pour soutenir les efforts des pays africains », a-t-elle dit, saluant l'ensemble des initiatives lancées par le FMI, la Banque Mondiale, le G20 et les autres partenaires de la Déclaration de Paris, visant à alléger la dette et répondre aux besoins de financement de l'Afrique. Le Maroc, se réjouissant d'avoir participé au Sommet de Paris, réitère aujourd'hui son soutien à l'ensemble de ces initiatives, a-t-elle indiqué. La ministre a lancé à cette occasion un appel « à nos partenaires de l'UE pour capitaliser sur les atouts de densité des relations historiques et économiques et de proximité géographique, tirer plein profit des opportunités d'investissement dont regorge notre continent, notamment dans le sillage de la transition verte et numérique et de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, et en faire des leviers de co-développement et de prospérité partagée ».