Nabil EL BOUSAADI La crise qui oppose l'Ukraine et la Russie et le déploiement, par cette dernière, de dizaines de milliers de soldats le long de la frontière séparant les deux pays n'en finissent pas de faire des remous et d'interpeler la communauté internationale qui craint une invasion de l'Ukraine même si, en niant toute intention belliqueuse, le Kremlin lie, néanmoins, la désescalade à la conclusion de traités garantissant le non-élargissement de l'Otan avec le retour de ses dispositifs militaires aux frontières de 1997 ; ce qui avait été formellement rejeté par les Etats-Unis et l'Otan. Ainsi, après que le président turc Recep Tayyip Erdogan, ait proposé sa médiation pour tenter de rapprocher les points de vue entre les deux protagonistes, c'est le président français Emmanuel Macron qui a pris, ce lundi matin, son bâton de pèlerin pour aller à Moscou puis à Kiev afin d'inviter les deux protagonistes à ne pas prendre de nouvelles initiatives militaires et à amorcer un dialogue sur le dispositif militaire russe. C'est en saluant les efforts déployés par la France « pour résoudre la question de la sécurité en Europe » que le président russe Vladimir Poutine a reçu, ce lundi 7 Février, au Kremlin, son homologue français qui affirme être venu pour « amorcer » une « désescalade » dans la crise russo-occidentale au sujet de l'Ukraine. Au début de la rencontre entre les deux chefs d'Etat, qui a débuté vers 16 h 30 (heure de Paris) et duré plus de cinq heures, Emmanuel Macron, jugeant que la situation actuelle est « critique » et qu'elle impose « d'être extrêmement responsable », a déclaré vouloir « commencer à bâtir une réponse utile collectivement pour la Russie et pour tout le reste de l'Europe » afin d'« éviter la guerre » entre la Russie et l'Ukraine et de « construire les éléments de confiance, de stabilité et de visibilité pour tout le monde ». De son côté, en considérant que la Russie et la France ont des « préoccupations communes concernant la sécurité en Europe », le président russe a salué les « efforts (...) faits par les autorités de l'Hexagone pour « trouver un règlement à la crise » en Ukraine et, en rappelant, par ailleurs, la nécessité de « trouver une solution pour sortir de cette situation », Vladimir Poutine a déclaré que les deux pays feront « tout pour trouver des compromis qui pourront satisfaire tout le monde » car ni lui ni Emmanuel Macron ne veulent d'une guerre Russie-Otan qui « n'aurait pas de vainqueur ». A l'issue de cette rencontre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que « certaines idées » de son homologue français pourraient « jeter les bases d'avancées communes » et qu'il compte en reparler avec ce dernier à son retour de Kiev. Pour sa part, Emmanuel Macron a déclaré, aux journalistes qui l'accompagnaient à bord de l'avion qui l'emmenait de Moscou à Kiev pour y rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu'en étant venu à Moscou pour « empêcher une escalade et ouvrir des perspectives nouvelles », il estime avoir atteint son objectif car son interlocuteur lui aurait assuré « qu'il n'y aurait ni dégradation ni escalade » dans la crise russo-occidentale liée à l'Ukraine, et fait part de « sa disponibilité à s'engager dans cette logique et de sa volonté de maintenir la stabilité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine» même si pour le président Poutine, le dialogue ne va pas s'arrêter là car, dans le cadre du règlement de cette crise, la Russie compte envoyer, prochainement, sa réponse écrite quant à la réaction de l'Otan et de Washington. S'achemine-t-on vers le dénouement de cette crise russo-ukrainienne qui s'est rapidement transformée en une crise russo-occidentale ? Attendons pour voir...