Est-ce déjà l'heure d'une « quatrième dose » de vaccin anti-Covid, face à l'essor fulgurant du variant Omicron? Au programme en Israël, l'idée est ouvertement évoquée par d'autres pays, même si l'on ignore encore l'intérêt d'une telle mesure. « La quatrième dose de vaccination, c'est une possibilité », a déclaré lundi le ministre français de la Santé, Olivier Véran, lors d'une conférence de presse. « On est totalement ouverts à cette perspective. » Ces propos interviennent au moment où une campagne de rappel de vaccination anti-Covid, souvent dite « troisième dose », est déjà en cours en France et dans d'autres pays développés, afin de compenser la rapide perte d'efficacité des vaccins contre l'infection au coronavirus. Pourquoi déjà penser à la suite? A cause de l'arrivée fulgurante du variant Omicron, particulièrement contagieux et déjà dominant dans plusieurs pays comme les Etats-Unis. Plus qu'aucune incarnation précédente du virus, comme Delta, Omicron met les vaccins existants à rude épreuve. Ils protègent beaucoup moins contre l'infection à ce variant même si des vaccins, comme celui de Pfizer/BioNTech, semblent rester assez efficaces contre les formes graves. On sait qu'une dose de rappel de certains vaccins – Pfizer, Moderna, AstraZeneca – relance considérablement l'immunité face à Omicron. D'où l'accélération des campagnes de « troisième dose » dans plusieurs pays. Mais on ignore encore pour combien de temps la dose de rappel donne cette immunité renouvelée. C'est pourquoi certains pays envisagent déjà une « quatrième dose », autrement dit un deuxième rappel, pour les plus fragiles dont notamment les personnes âgées. C'est le cas d'Israël. Juste avant Noël, son gouvernement a annoncé que tous les habitants de plus de 60 ans, ainsi que les soignants, auraient prochainement droit à une dose de plus. Comme souvent, ce pays, qui avait très tôt lancé ses premières campagnes de vaccination anti-Covid voici un an, se trouve en position de pionnier en la matière. En France, M. Véran a d'ailleurs dit attendre de voir ce qui se passerait en Israël pour juger de l'opportunité d'une quatrième dose. Mais celle-ci ne fait pas l'unanimité, comme en témoigne un certain flou en Israël. Alors que son gouvernement a d'abord laissé entrevoir une campagne imminente au sein de la population, les quatrièmes doses n'ont finalement commencé à y être distribuées que dans des cas limités, dans le cadre d'essais cliniques. C'est tout le problème: il faut d'abord déterminer l'intérêt réel d'une nouvelle dose de rappel, voire ses risques éventuels, alors qu'il n'y a pour l'heure aucune donnée concrète en la matière. Cette incertitude conduit plusieurs experts à mettre en garde contre un emballement, à l'instar de l'Américain Anthony Fauci, principal conseiller de la Maison Blanche dans la lutte contre la pandémie. « C'est trop tôt pour parler d'une quatrième dose », a-t-il déclaré à une radio américaine, jugeant d'abord essentiel de savoir combien de temps les rappels actuels – les troisièmes doses – resteront efficaces contre Omicron. « Si leur protection dure bien plus longtemps que chez ceux qui n'ont reçu que deux doses, il pourrait se passer un bon moment sans avoir besoin d'une quatrième », a-t-il avancé. Derrière ces interrogations, il y a une incertitude de fond, encore irrésolue, sur la nature même de la troisième dose. Faut-il la considérer comme un aboutissement qui vient compléter la vaccination initiale en deux doses en démultipliant l'immunité conférée? Ou s'agit-il plutôt du premier d'une longue série de rappels, comme c'est le cas de la vaccination contre la grippe saisonnière, renouvelée chaque année? Dans ce dernier cas de figure, il apparaîtrait toutefois plus logique de ne pas donner une quatrième dose d'un vaccin actuel, mais d'attendre de disposer de versions actualisées contre Omicron. C'est la même idée que celle des vaccins anti-grippe qui changent chaque année pour s'adapter à l'évolution du virus. « Très clairement, ce qu'il faudra (…), c'est un vaccin 2.0 », a déclaré mardi sur la radio RMC l'infectiologue français Benjamin Davido, comptant sur « un vaccin à ARN messager adapté sur Omicron ». Les deux producteurs de vaccins à ARN messager, Pfizer/BioNTech et Moderna, ont déjà promis une version anti-Omicron. Mais, même si cette technologie est a priori plus facile à adapter à une nouvelle incarnation du virus, les délais restent incertains.