L'Algérie continue sa ruée vers le surarmement, ce qui constituerait une menace pour la stabilité géopolitique de toute la région. Pour Said Saddiki, professeur en relations internationales, l'armée marocaine est très bien équipée et peut riposter à toute offensive de la part de l'ennemi. Al Bayane : Comment expliquez-vous la politique de surarmement algérien surtout après la conclusion de plusieurs accords avec la Russie pour la livraison d'avions Sukhoi ? Said Saddiki : La politique d'armement de tout pays est basée sur des éléments objectifs. Ces derniers sont dans la plupart en relation soit à cause des menaces quelconques, ou bien pour des fins géostratégiques. Dans le cas algérien, il est difficile de trouver un prétexte à sa politique de surarmement en artillerie lourde. Effectivement, à part les menaces intérieures que vit le voisin algérien, le pays ne fait face à aucune autre menace extérieure. La question qui se pose est de savoir si la politique algérienne est dirigée contre le Maroc. Dans ce cas, la stabilité de l'espace maghrébin serait sérieusement compromise. Il ne faut pas oublier que l'armement constitue une aubaine pour les régimes militaires qui veulent maintenir en place le climat de corruption et de pratiques douteuses. - Alger et à travers la poursuite de sa politique de surarmement, ne menacerait-elle pas l'équilibre géostratégique de la région du Maghreb ? Certains verront que la politique algérienne en matière d'armement pourrait mettre à mal les équilibres géostratégiques dans la région. Néanmoins, au vu de tous les éléments qui constituent ces équilibres, il parait clairement que cette politique d'armement ne peut en aucun cas menacer la stabilité de la région. L'armement ne constitue qu'une facette parmi tant d'autres qui régissent l'équilibre dans une région donnée. En plus, l'armée marocaine a pu acquérir une expérience considérable dans le domaine militaire. Que ce soit durant la guerre du Sahara, ou bien dans différentes missions onusiennes de paix. - Des voix s'élèvent pour que le Maroc entame une politique de riposte face à la volonté algérienne d'instaurer un climat de panique basé sur l'approche militaire. Comment cela pourrait-il se faire ? La réponse juste et efficace que doit faire le Maroc, serait de renforcer davantage son front intérieur et redonner confiance en les institutions politiques du pays. Aussi, il est demandé que tout un chacun donne son avis sur les dossiers cruciaux de la nation. L'armement est certes un élément important dans le maintien de la stabilité du pays. Mais il faut que ce dernier soit adéquat avec les besoins réels et ne pas tomber dans le piège algérien qui nous pousse à jouer au plus fort, en déboursant des sommes faramineuses dans l'armement, ce qui ne serait bénéfique que pour les fabricants d'armes. - Il parait que le Maroc s'arme également mais ne dévoile pas tous ses accords en la matière. Pensez-vous que le Royaume mène aussi sa propre politique d'armement ? Sans aucun doute, le Maroc a sa propre politique d'armement. Il a le droit de cacher certaines informations jugées secrètes et qui, au cas où elles seraient divulguées, constitueraient un réel danger pour la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. D'un autre coté, il faudrait que certaines de ces informations ne relèvent plus du domaine secret et que les politiques de ce pays y donnent leurs avis et contributions, dans le cadre de la gouvernance moderne de l'institution militaire marocaine. Le Maroc est-il prêt pour parer à toute éventualité dans le futur ? Notre armée est très bien équipée, deuxièmement le Maroc défend une cause juste et a droit de répondre de la façon qu'il jugera nécessaire. Si le pire arrivait un jour, le Royaume sera en position de légitime défense.