Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni mercredi à huis clos pour discuter de la situation au Mali après l'arrestation des dirigeants civils de la transition. A l'issue de cette réunion, les membres du Conseil ont publié une déclaration à la presse dans laquelle ils « condamnent fermement » l'arrestation du président de la transition, du Premier ministre et d'autres responsables par des éléments des forces de défense et de sécurité le 24 mai. Le président de la transition, Bah N'Daw, son Premier ministre, Moctar Ouane, et certains de leurs collaborateurs, ont été amenés lundi au camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale Bamako. Selon un conseiller du vice-président de la transition, le colonel Assimi Goïta, le président et le Premier ministre de transition ont démissionné. Ils « ont démissionné devant l'arbitre », en référence à la mission de médiation internationale, a indiqué ledit conseiller. Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont appelé « à la libération sûre, immédiate et inconditionnelle de tous les responsables détenus et ont exhorté les éléments des forces de défense et de sécurité à regagner leurs casernes sans délai ». Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré que son Représentant spécial dans la région travaillait en étroite collaboration avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union africaine et d'autres partenaires qui soutiennent la transition. La Mission de l'ONU au Mali, la MINUSMA, s'est jointe à des partenaires internationaux pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle du Président Bah N'Daw et du Premier ministre Moctar Ouane et ont souligné que les « éléments militaires » responsables de leur détention seront tenus « personnellement responsables » de leur sécurité. Lors d'un point de presse mercredi, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que la MINUSMA « continuait de travailler en étroite collaboration » avec la délégation de la CEDEAO, qui se trouve actuellement à Bamako. « Notre Représentant spécial et chef de la mission de maintien de la paix, El-Ghassim Wane, a participé aux réunions que la délégation de la CEDEAO a eues », a-t-il ajouté. Il a déclaré que la MINUSMA continuait de soutenir les efforts de la CEDEAO et « appelait tous les acteurs concernés à coopérer pleinement en vue d'une reprise rapide du cours normal de la transition », tout en rappelant qu'il est « crucial que cette crise soit résolue de toute urgence car elle constitue un défi supplémentaire qui affecterait négativement la mise en œuvre de l'Accord de paix ». Dans sa déclaration à la presse, le Conseil de sécurité a réaffirmé son soutien à la transition menée par des civils et a appelé à sa reprise immédiate, conduisant à des élections et à l'ordre constitutionnel dans le délai de 18 mois établi conformément à la charte de la transition. Les membres du Conseil ont appelé toutes les parties prenantes maliennes « à donner la priorité au renforcement de la confiance, à l'engagement dans le dialogue et à être disposées à faire des compromis pour atteindre ces objectifs ». Selon eux, imposer un changement de leadership de la transition par la force, y compris par des démissions forcées, est « inacceptable ». Les membres du Conseil ont noté avec préoccupation le risque d'impact négatif de ces développements sur les efforts en cours pour lutter contre le terrorisme, mettre en œuvre l'Accord sur la paix et la réconciliation au Mali et stabiliser le Centre du pays.