L'Enseignement Post-Covid A l'ère de la Covid-19, tous les secteurs ont été impactés par la pandémie. Cette dernière a révélé la réalité amère que vit le secteur de l'enseignement au Maroc. Quelles sont les solutions adéquates pour remédier à cette situation ? Et quelles sont les mesures proposées pour une meilleure reprise post-covid-19 ? Cadre administrative au sein du ministère de l'éducation national et docteur en didactique des sciences, Saida El Ouazi intervient. Aya Lankaoui Absence des infrastructures nécessaires à l'application de l'enseignement distanciel, insuffisance des connaissances et de la formation concernant l'usage du numérique, scandale des écoles privées et publiques. Le secteur a connu une véritable crise. A l'instar des secteurs impactés par la crise sanitaire, la Covid-19 n'a pas manqué d'impacter le secteur de l'enseignement. Cet impact a été illustré par une baisse du niveau scolaire et du manque d'égalités des chances, notamment dans le monde rural où les opportunités d'apprendre sont limitées. Parlant chiffres, selon le rapport publié par l'agence créative internationale « We Are Social » dans un rapport, le Royaume du Maroc avec 69% de la population a eu accès à internet en 2019 avec une augmentation de 13% par rapport à 2018 (+2.9 millions de personnes). Ce qui explique que près de 31% de la population marocaine n'a toujours pas d'accès à internet. Comment faire alors pour instaurer l'égalité des chances ? Pour garantir une bonne qualité d'enseignement ? Ou au moins pour assurer l'enseignement aux élèves comme le prévoit le premier article du Dahir n° 1-63-071 / 13 novembre 1963 relatif à l'obligation de l'enseignement. « L'enseignement est obligatoire pour les enfants marocains des deux sexes depuis l'année où ils atteignent l'âge de sept ans jusqu'à treize ans révolus ». Les dégâts causés par l'enseignement à distance, adopté durant la crise, semblent insurmontables. Notamment avec l'incapacité des pouvoirs publics à assurer les matériaux efficaces et nécessaires aux élèves, ainsi qu'aux professeurs. Sans parler des étudiants marginalisés, ou encore les handicapés qui risquent de ne pas décrocher leur année. Dans une déclaration à Al Bayane, enseignante fonctionnaire de l'Etat, Latifa Sallah estime que les résultats de ses élèves pour l'année scolaire 2020/2021, n'étaient pas satisfaisants. « En tant qu'enseignante, j'ai constaté que la qualité de l'enseignement distanciel n'était pas équivalente à celle du présentiel. Ce n'est pas évident de retourner à l'ancienne modalité. Il faut agir en faveur de la qualité du travail dans le secteur de l'enseignement », annonce-t-elle. Dans le même ordre d'idées, Kenza, maman de deux enfants, partage son expérience. « Pendant que mes enfants étudiaient à distance, le débit de la connexion internet était très lent. J'étais dans l'obligation de multiplier les factures afin d'assurer une bonne connexion d'internet pour eux », explique-t-elle. Pour sa part, directrice pédagogique au sein de l'école Al Baraime à Azemmour, Touria Abid livre son analyse à l'égard de l'enseignement à distance. « J'affirme que le distanciel n'a pas porté ses fruits du succès. Les appareils numériques n'ont pas pu assurer une meilleure concentration pour les élèves. Ces derniers ne cessent de présenter des excuses relatives aux problèmes techniques pour s'échapper du cours. Etant donné que la plupart des parents ne sont pas informatisés, l'enseignement à distance a eu un impact négatif sur le secteur, malgré que les professionnels ont produit des efforts concrets », déclare-t-elle. Quant au niveau actuel des élèves, la directrice pédagogique estime que le distanciel n'a pas manqué de l'impacter. Des mesures devraient être prises en urgence. « Actuellement, nous sommes dans l'obligation de renforcer nos efforts, en offrant des cours supplémentaires gratuits pour les élèves, afin de combler les lacunes causées par la crise », ajoute-t-elle. De son côté, cadre administrative au sein du ministère de l'Education national et docteur en didactiques des sciences, Saida El Ouazi révèle que pour une meilleure reprise post-covid dans le secteur de l'éducation, « il est préférable de suivre le style pédagogique appliqué par le ministère de l'Education nationale, qui consiste à suivre un style pédagogique par rotation. Dont les apprenants construisent leur savoir, soit dans les salles de classe en présentiel ou à distance, en se basant sur les technologies de l'information et de la communication. À savoir, des ressources numériques, des cours enregistrés et des applications pédagogiques », déclare-t-elle. « On peut se capter aussi pour une augmentation du nombre des apprenants par salle d'une manière progressive, tout en respectant les mesures indiquées par le ministère de la Santé selon la situation sanitaire », ajoute-t-elle. Cadres administratifs, pédagogues, enseignants ainsi qu'élèves: tous l'ont parfaitement compris. Ce n'est pas évident d'adopter un modèle d'enseignement inadéquat aux infrastructures et inapte à garantir la qualité de l'offre éducative et l'égalité des chances. Le distanciel nécessite une vraie politique numérique.