Les actes antimusulmans se sont multipliés ces derniers jours en France à l'approche du mois sacré du Ramadan, provoquant stupeur et condamnations parmi les musulmans et une partie de la classe politique. La ville de Rennes (Ouest de la France), s'est réveillée dimanche avec des tags anti-musulmans sur les murs extérieurs d'un centre culturel islamique. Dans la nuit de jeudi à vendredi, c'est une mosquée de la ville de Nantes qui a vu sa porte détruite par un incendie criminel, alors que vendredi un homme de 24 ans revendiquant des idées néo-nazies a été mis en examen pour avoir menacé de s'en prendre à une mosquée du Mans. Face à la recrudescence de ces actes antimusulmans à l'approche du Ramadan, le Conseil français du culte musulman (CFCM), principal interlocuteur des pouvoirs publics pour le culte musulman en France, a condamné dans les termes les plus forts, ces agissements abjectes, appelant les musulmans de France à la vigilance. « Le CFCM condamne avec la plus grande vigueur les inscriptions racistes et islamophobes découvertes, ce dimanche au matin, sur les façades du centre musulman Avicenne de Rennes. Cet acte abject intervient deux jours après l'incendie criminel dont la mosquée Arrahma de Nantes a été victime, ainsi que les menaces de mort adressées à la journaliste Nadiya Lazzouni parce que femme musulmane », a déclaré le président du CFCM, le franco-marocain Mohammed Moussaoui. « L'histoire récente nous apprend que les débats enflammés autour de l'islam ont souvent été accompagnés d'une recrudescence d'actes antimusulmans. Force est de constater que certains débats autour du projet de loi de lutte contre « les séparatismes » ont malheureusement servi de tribunes pour des haineux de tous bords », a-t-il regretté. « C'est un fait, le séparatisme dont l'idéologie a inspiré le tueur de Christchurch en Nouvelle Zélande a été théorisée par des intellectuels de notre pays. Les inscriptions découvertes ce matin font partie des slogans de ce séparatisme », a déploré le président du CFCM, ajoutant que « par ces inscriptions, accompagnées de croix et de références au catholicisme français, leurs auteurs instrumentalisent la religion catholique, dévoient son message d'amour et de paix et tentent de semer la haine et la division au sein de notre pays ». Il a également appelé à ne pas se « tromper de combat », car « ce séparatisme ainsi que ceux qui instrumentalisent l'islam se nourrissent mutuellement et constituent une menace pour notre pays et nos concitoyens ». Le CFCM a également incité les musulmans de France à « l'extrême vigilance ». « Face à cette instrumentalisation des religions, nous devons opposer notre volonté farouche de vivre ensemble dans la fraternité et l'entraide mutuelle. Car rappelons-le, les locaux qui ont servi de premières mosquées en France ont été mis à la disposition des musulmans de France par l'Eglise catholique », a indiqué Mohammed Moussaoui. De son côté, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a annoncé se rendre ce dimanche à Rennes, a exprimé sa solidarité avec les musulmans de France. « Les nombreuses inscriptions anti-musulmanes sur les murs de la mosquée Avicennes de Rennes sont inacceptables. Toute ma solidarité avec les musulmans de notre pays », a réagi sur Twitter le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. « Des inscriptions anti-musulmans et injurieuses ont été découvertes sur les murs du centre culturel Avicenne. Ces actes n'ont pas leur place en France, ils n'ont pas leur place à Rennes. Tout mon soutien aux Rennais et particulièrement aux fidèles choqués par ces actes indignes », a twitté pour sa part la maire de Rennes Nathalie Appéré. Une enquête pour « dégradations à raison de l'appartenance à une religion » a été ouverte par le parquet de Rennes et confiée à la sûreté départementale de la ville. La peine encourue est de 4 ans de prison et 30.000 euros d'amende. Selon l'Observatoire national de lutte contre l'islamophobie, organe du CFCM, les actes antimusulmans ont augmenté de 53% en France en 2020. Pour la période du 1er Janvier au 31 décembre 2020, l'Observatoire a recensé 235 actes antimusulmans contre 154 pour l'année 2019. Les actes contre les musulmans ont augmenté de 14 %, les menaces de 79 %, alors que les atteintes aux lieux de culte et cimetières ont augmenté de 35 %, a détaillé l'Observatoire. Par ailleurs, 3 cimetières ont été visés en 2020 contre 7 en 2019. Ces chiffres sont sous-évalués et « ne reflètent pas la réalité car beaucoup de responsables de lieux de culte ne souhaitent pas porter plainte, considérant, à tort ou à raison, que les enquêtes n'aboutissent que rarement », affirme le CFCM, soulignant que « les régions les plus touchées par les actes antimusulmans sont l'île de France, la PACA et Rhône-Alpes ».