Joe Biden s'est engagé à signer une série de décrets dès le premier jour de sa présidence tandis que les forces de l'ordre se mobilisaient à travers les Etats-Unis en vue de la transition de mercredi. Changement climatique, pandémie, crise économique, injustices raciales et sociales aux Etats-Unis «sont autant de crises qui nécessitent une action d'urgence», a déclaré samedi son futur chef de cabinet, Ron Klain, pour qui M. Biden veut agir vite «pour rétablir la place de l'Amérique dans le monde». «Le président élu Biden va agir, pas seulement pour réparer les dégâts les plus sérieux du gouvernement Trump, mais aussi pour permettre au pays d'avancer», a-t-il commenté, en citant notamment son intention de ré-engager les Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat. Dans le même temps, des mesures de sécurité massives se mettaient en place à Washington mais également dans les capitales des différents Etats du pays face aux craintes de violences de la part de partisans du président sortant Donald Trump le jour de l'investiture mercredi. Les défis auxquels doit faire face Joe Biden sont nombreux, le pays approchant le seuil de 400.000 morts du Covid-19, qui semble se propager hors de contrôle avec bien au-delà du million de nouveaux cas constatés par semaine. L'économie a été très durement touchée par la pandémie avec, depuis son apparition, la perte de 10 millions d'emplois. Joe Biden avait dévoilé cette semaine un nouveau plan de 1.900 milliards de dollars, censé sortir les Etats-Unis de leur pire crise depuis les années 30, et qui sera suivi dans les prochaines semaines d'un plan d'investissements pour relancer l'économie. Chèques aux familles, fonds pour rouvrir les écoles, argent pour accélérer tests et vaccins, liquidités pour les petites entreprises, ou encore aide alimentaire renforcée: les mesures doivent répondre à l'urgence, et empêcher le pays de s'enfoncer plus avant dans la crise. Le président élu prévoit de prolonger le moratoire sur les expulsions et les saisies immobilières, lié à la pandémie. Pour accélérer l'immunisation des Américains il table sur des centres de vaccination de proximité, une coopération renforcée entre le pouvoir fédéral et les Etats, plus de campagnes de prévention. Le 46e président des Etats-Unis prendra un décret rendant obligatoire le port du masque dans les locaux et espaces dépendant de l'Etat fédéral, ainsi que lors des déplacements entre Etats. Autre mesure figurant parmi la douzaine de décrets annoncés, la levée de l'interdiction d'entrée sur le territoire américain visant les ressortissants de plusieurs pays, principalement à majorité musulmane, promulguée quelques jours seulement après la prise de fonctions de Donald Trump, en janvier 2017. Le passage de premières mesures par décret évitera au nouveau chef de l'Etat d'en passer par le Congrès et en particulier le Sénat, qui pourrait devoir se consacrer à la procédure de destitution de Donald Trump. En réaction à l'assaut contre le Capitole par des partisans pro-Trump le 6 janvier, Washington a pris ces derniers jours des allures de camp retranché avec ses blocs de béton et ses fils barbelés. Un homme lourdement armé y a été arrêté vendredi alors qu'il cherchait à passer un des nombreux points de contrôle près du Capitole, où Joe Biden prêtera serment dans quelques jours. La police a retrouvé une arme de poing chargée et plus de 500 cartouches de munitions en possession de l'individu. Sur son pick-up blanc, plusieurs autocollants défendant le droit au port d'armes: «S'ils viennent prendre vos armes, filez-leur vos balles d'abord». M. Beeler a été arrêté dans la foulée. D'ordinaire, la cérémonie d'investiture est l'occasion pour des centaines de milliers d'Américains d'affluer tous les quatre ans dans la capitale, s'arracher des produits dérivés en tous genres à l'effigie de leur président, avant de le regarder prêter serment sur les marches du Capitole. Mais la fête aura cette année un goût particulier: le «National Mall», l'immense esplanade au pied du Capitole, sera fermée au public. Seules les personnes dûment accréditées seront autorisées à pénétrer dans la zone et il est probable que le nombre de militaires patrouillant la capitale dépasse celui des spectateurs sur place.