Ligue des champions d'Afrique La finale de la Ligue des champions d'Afrique oppose pour la première fois deux clubs d'un même pays, mais aussi d'une même ville: les grands rivaux cairotes Al-Ahly et Zamalek, dont les duels enflammés dominent depuis longtemps le football égyptien et africain. L'ex-patron de la Ligue arabe Amr Moussa, lui-même né au Caire, a même été jusqu'à les surnommer «les deux plus grands partis populaires» d'Egypte. La rivalité historique entre Al-Ahly et Zamalek s'est encore exacerbée récemment, en particulier après leur rencontre de Supercoupe d'Egypte en septembre 2019, remportée par Al-Ahly 3-2. Le match avait été suivi d'incidents. «Ahly et Zamalek sont comme des frères, et malheureusement le fanatisme existe seulement parmi les supporters», assure Hazem Emam, ex-joueur de Zamalek et de l'équipe nationale. Al-Ahly a déjà remporté huit fois le titre de la Ligue des champions d'Afrique et 42 fois celui de champion d'Egypte. Zamalek a empoché le titre africain cinq fois, à égalité avec le club congolais du Tout Puissant Mazembé, et compte 12 titres égyptiens. Lundi, le ministre égyptien des Sports Ashraf Sobhi a appelé à une rencontre pour dire «non au fanatisme», au stade international du Caire. Malgré cet appel à la modération, les esprits ont commencé à s'échauffer sur les plateaux de télévision, ce qui a incité l'Autorité nationale des médias à suspendre plusieurs programmes. Les gouvernorats du pays sont en alerte maximale en raison de possibles incidents entre supporters, mais le gouvernement dit ne pas avoir imposé de couvre-feu. Les fans devraient pouvoir regarder le match à la télévision dans des clubs ou centres pour la jeunesse, mais pas dans les cafés et lieux publics. Les services de sécurité devraient limiter le nombre de supporters au stade, tant pour cause de pandémie que pour les risques de violences. Selon l'ancien joueur d'Al-Ahly, Walid Salah el-Din, la tenue du prochain Mondial des clubs au Qatar en février, avec notamment la participation du Bayern Munich champion d'Europe, «a ajouté de l'intensité à la confrontation», ticket d'entrée pour la compétition. Parallèlement, le Covid-19 est venu perturber les deux équipes après l'infection des joueurs d'Ahly Walid Suleiman, Mahmoud Abdelmoneim «Kahraba», Saleh Gomaa et de celui de Zamalek Mahmoud Hamdi «Al-Wansh», ainsi que l'entraîneur adjoint Medhat Abdelhadi. D'autres joueurs, comme Hazem Emam et Mohamed Hassan de Zamalek, sortent de convalescence. Selon Hazem Emam, le «football collectif» constitue le trait distinctif d'Al-Ahly depuis l'arrivée de l'entraîneur sud-africain Pitso Mosimane en octobre. Ahly peut également compter sur le défenseur Tunisien Ali Maaloul, le milieu de terrain Malien Aliou Dieng et l'attaquant Nigérian Junior Ajayi. «Mosimane a libéré les joueurs des restrictions imposées par l'ancien entraîneur Weiler, ce qui leur donne l'avantage face aux joueurs de Zamalek», selon Salah el-Din. Entraîneur de Zamalek, le Portugais Jaime Pacheco se dit pour sa part confiant en ses joueurs, leurs fortes personnalités, leur capacité à «faire plaisir aux supporters». Avec son ancien entraîneur français Patrice Carteron, Zamalek avait remporté la Supercoupe d'Afrique en février aux Emirat arabes unis contre l'Espérance Tunis (3-1). Pour atteindre cette finale, Al-Ahly s'est qualifié en battant le Wydad de Casablanca (2-0 et 3-1). Et Zamalek l'a emporté sur le Raja Casablanca (1-0 et 3-1), après plusieurs reports de matches en raison du nouveau coronavirus. Les deux équipes se sont déjà affrontées en Ligue des champions en 2005, 2008, 2012 et 2013. Al-Ahly l'a emporté cinq fois et trois matches se sont soldés par un nul. Mais c'est la première fois que les deux rivaux cairotes s'affrontent pour le titre suprême du football africain.