Bientôt la fin de l'ère Joachim Löw sur le banc de la Mannschaft? Le présidium de la Fédération allemande de football (DFB) débattra le 4 décembre de l'avenir du sélectionneur, après la défaite historique 6-0 en Espagne la semaine dernière. Les dirigeants de la DFB laissent au coach, en poste depuis plus de 14 ans, quelques jours pour préparer une argumentation, mais plusieurs commentateurs voyaient lundi dans cette manoeuvre une perche tendue pour qu'il démissionne, afin d'éviter un limogeage brutal et humiliant. La presse spécule depuis plusieurs jours sur son possible successeur pour préparer l'Euro-2020, reprogrammé en 2021, où la Mannschaft évoluera dans le groupe le plus relevé avec la France, championne du monde, le Portugal, champion d'Europe, et la Hongrie. Les noms les plus souvent cités sont ceux de Jürgen Klopp (Liverpool), Hansi Flick (Bayern Munich), Thomas Tuchel (Paris SG), Ralf Rangnick, l'architecte du projet RB Leipzig, ou Stefan Kuntz, l'actuel coach de la sélection espoirs. Lundi, la DFB a publié un communiqué affirmant qu'elle voulait laisser quelques jours à Joachim Löw, pour «prendre émotionnellement de la distance avec le 6-0» de Séville en Ligue des Nations, et «mettre à plat la situation actuelle de l'équipe nationale». Le sélectionneur champion du monde 2014 ne sera pas lui-même présent à la réunion du 4 décembre, mais son argumentation devrait être présentée par Oliver Bierhoff, directeur de la DFB et toujours fidèle soutien de Löw. L'analyse portera non seulement sur le match du 17 novembre, mais aussi «sur le développement global de l'équipe ces deux dernières années». Après l'élimination historique de la Mannschaft au premier tour du Mondial-2018 en Russie, Löw avait réussi à convaincre ses dirigeants qu'il était l'homme idéal pour amorcer la «rupture» et relancer l'équipe sur de nouvelles bases. Il a d'abord essayé de remettre en piste le noyau dur des champions du monde 2014, mais une suite de mauvais résultats l'a amené à changer complètement son fusil d'épaule début 2019. Il a alors évincé tous ses vieux grognards, à l'exception de Manuel Neuer et de Toni Kroos, pour donner les responsabilités à une nouvelle génération. Malgré des prestations parfois inquiétantes cet automne, il a refusé contre vents et marées de réintégrer Thomas Müller, Jérôme Boateng (Bayern Munich) et Mats Hummels (Dortmund), jeunes trentenaires qui brillent toujours avec leurs clubs. Le monde du football allemand lui accordait encore un peu de crédit jusqu'à la catastrophe de Séville, où l'Allemagne a subi sa pire défaite depuis 1931, et où l'équipe a surtout complètement baissé les bras en deuxième période, laissant les Espagnols jouer seuls. Certains observateurs ont cru voir dans cette déroute un abandon du sélectionneur orchestré par les joueurs: «La +performance+ de l'équipe nationale à Séville était à la fois un refus de travail et un appel à l'aide», avait ainsi commenté l'Express, quotidien de la région de Cologne. Depuis, les appels à sa démission de Löw se multiplient, ses opposants estimant nécessaire d'avoir un nouveau sélectionneur suffisamment tôt pour donner un nouveau souffle avant l'Euro.