Distribution universelle des futurs vaccins Par Taoufik El Bouchtaoui (MAP) Genève – Alors que la recherche d'un vaccin contre le coronavirus s'est accélérée ces dernières semaines avec les résultats prometteurs annoncés par des laboratoires américains, de plus en plus de voix s'élèvent dans le monde pour appeler à faire prévaloir "le sens du bien commun" et réclamer davantage de fonds pour un accès équitable et universel aux futurs vaccins contre le Covid-19. Partant du principe "qu'aucun d'entre nous ne sera en sécurité tant que tout le monde ne sera pas en sécurité", l'Organisation mondiale de la santé (OMS) exhorte depuis plusieurs mois les pays et les scientifiques à collaborer, afin de tenter de maîtriser la pandémie en rendant les connaissances, méthodes, données et preuves scientifiques librement disponibles et accessibles à tous. Vendredi, l'Alliance pour les vaccins (GAVI) et l'OMS ont annoncé que leur dispositif COVAX mis en place pour acheter et distribuer les vaccins anti Covid-19 aux pays en développement a permis de réunir plus de deux milliards de dollars pour un engagement dit de « garantie de marché ». Ces fonds permettront à ces agences onusiennes d'acheter une première commande d'un milliard de doses de vaccins pour 92 pays éligibles, a déclaré l'Alliance GAVI dans un communiqué. «Ce financement vital nous aide non seulement à faire en sorte que les économies à faible revenu ne soient pas laissées en queue de peloton lorsque des vaccins Covid-19 sûrs et efficaces seront disponibles, mais il jouera également un rôle essentiel pour mettre fin à la phase aiguë de cette pandémie dans le monde entier », a déclaré le Dr Seth Berkley, PDG de Gavi. Cependant, selon l'Alliance GAVI, au moins cinq milliards de dollars supplémentaires seront nécessaires l'année prochaine pour financer d'autres commandes de doses de vaccins au fur et à mesure de l'arrivée de contributions dans le portefeuille. Jusqu'ici, près de 186 pays participent au mécanisme COVAX, dont 94 sont des économies à revenu faible ou intermédiaire, qui peuvent bénéficier d'un accès aux vaccins contre la Covid-19 au moyen de la garantie de marché dudit dispositif lancé cet été par l'OMS en collaboration avec l'Alliance Gavi. Le mécanisme COVAX, qui est le « pilier vaccins » du dispositif visant à accélérer l'accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT), est la seule initiative mondiale à collaborer à la fois avec les gouvernements et les fabricants pour garantir la disponibilité de vaccins contre la Covid-19 dans le monde entier pour toutes les économies, quels que soient leurs moyens financiers. L'OMS estime le budget nécessaire à l'Accélérateur ACT à 38 milliards de dollars. Or, moins de 3 milliards lui ont été promis à ce stade. Ce programme entend fournir, avant la fin de 2021, 500 millions de tests pour les pays à revenus faibles ou intermédiaires, 245 millions de traitements et deux milliards de doses de vaccin. Mettre à disposition des milliards de doses, pour des milliards d'individus aux quatre coins du globe va plus que probablement constituer un défi logistique de taille pour la communauté internationale, d'autant que les vaccins à ARN-messager (parmi les plus avancés pour l'instant dans la course) nécessitent de se conserver à des températures très basses, -70°C pour celui de Pfizer. Mais d'autres vaccins candidats, comme celui de Moderna, se préservent à des températures plus clémentes, selon des experts. Outre les frigos, ce sont aussi les seringues d'un millilitre, nécessaires à l'injection du produit, et autre matériel nécessaire à la vaccination qui pourraient venir à manquer, souligne-t-on. En octobre, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) avaient lancé un appel en faveur d'une "science ouvert". Les découvertes et avancées scientifiques doivent être partagées, soulignent les trois organismes dans une Déclaration en faveur d'une science sans barrières et sans frontières. L'expression «science ouverte» désigne le libre accès aux publications, données et infrastructures scientifiques, ainsi qu'aux logiciels libres, aux ressources éducatives et aux technologies ouvertes telles que les tests ou les vaccins. Afin de garantir que la science ouverte réalise pleinement son potentiel et profite aux pays en développement comme aux pays développés, l'UNESCO mène la construction d'un consensus mondial sur les valeurs et principes de la science ouverte qui sont pertinents pour chaque scientifique et chaque personne indépendamment de son lieu d'origine, sexe, âge ou milieu économique et social. "L'épidémie de COVID-19 démontre le besoin urgent de renforcer la coopération scientifique et de garantir le droit fondamental à l'accès universel au progrès scientifique et à ses applications. Le mouvement en faveur de la science ouverte vise à rendre celle-ci plus accessible, plus transparente et, au bout du compte, plus efficace", précise-t-elle.