Secteur cultuel et artistique Mohamed Nait Youssef La polémique a battu son plein sur les réseaux sociaux et même ailleurs. En effet, la publication de la liste des bénéficiaires du «programme exceptionnel » de soutien à la culture au titre de l'année 2020, a fait un tollé. Cette subvention dite «exceptionnelle» tant attendue est intervenue dans un contexte particulier voire inédit où les secteurs de la culture et des arts sont profondément touchés et impactés par la crise sanitaire. Ainsi, le débat sur cette liste a enflammé la toile dès la publication, par le département de la tutelle, d'un document détaillé où se sont affichés les noms des artistes, des troupes et des entreprises bénéficières des subventions. Pour rappel, une enveloppe budgétaire de 19,6 millions de dirhams (MDH) a été allouée à 173 projets dans le cadre des tournées théâtrales nationales, plus de 3 MDH aux arts plastiques et visuels (acquisition des œuvres , soutien aux galeries et expositions artistiques) et 14 MDH à 146 artistes pour financer des projets dans les domaines de la musique, de la chanson, des arts de la scène et de la chorégraphie. Bref, d'un total de 1096 projets, les commissions ont retenu 459 projets. Sur la toile, certains chanteurs et artistes dont les noms n'y figurent pas sur la liste ont largement critiqué les mécanismes de sélection, et ils ont tiré à boulets rouges sur les choix des commissions. Dans un communiqué conjoint regroupant trois syndicats, à savoir le Syndicat des auteurs et compositeurs indépendants marocains, le syndicat artistique des producteurs et auto producteurs et le Syndicat artistique des droits voisins ont exprimé leur mécontentement des résultats de ce programme qui ne répondent pas, explique la même source, à leurs attentes, notamment dans ce contexte où la crise a fragilisé le secteur depuis environ de 8 mois. En outre, les trois syndicats ont pointé du doigt sur le budget maigre et l'enveloppe globale attribuée au secteur en général. Selon la même source, il y a un déséquilibre au niveau des résultats qui n'avaient pas mis en valeur toutes les sensibilités artistique et musicale. Les trois syndicats ont critiqué également les budgets alloués aux projets bénéficiaires du soutien vu le nombre de travailleurs dans chaque projet. Par ailleurs, les signataires sur le communiqué ont appelé à la réouverture des salles et des espaces artistiques afin d'atténuer la crise économique sur le secteur, à la protection des artistes et professionnels travaillant à temps plein ainsi que le soutien des œuvres artistiques et la production culturelle afin de relancer le secteur et garantir la continuité de la vie culturelle et artistique en présentant des services culturels aux citoyens pendant cette pandémie, tout en respectant bien entendu les mesures sanitaires. De son côté, Bouhcine Massoud, président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques, a souligné que ce soutien est accordé aux projets artistiques et non aux personnes. «Les budgets accordés aux projets ne sont pas assez suffisants pour l'ensemble des projets recrutant plusieurs travailleurs du domaine», a-t-il indiqué dans une déclaration à Al Bayane. Et d'ajouter : «il y a aussi un problème du populisme qui gagne de plus en plus la scène et qui est alimenté par certains artistes qui ne comprennent pas les lois et le cahier des charges». Il y a ceux qui se sont réveillés à la dernière minute, dit-il. Selon lui toujours, cette situation a montré que dans le milieu artistique et même ailleurs, il y a ceux qui mettent les bâtons dans les roues pour freiner le développement de l'art dans notre pays mais aussi certains artistes qui tirent le milieu vers le bas avec le populisme et la quête de la rente.