Impact de la crise du nouveau coronavirus Par Karima El Otmani (MAP) Suite aux répercussions sociales et économiques résultant de la crise du nouveau coronavirus (covid-19), le secteur de recrutement se trouve en difficulté. Au Maroc, comme partout ailleurs, le marché de l'emploi a été frappé de plein fouet. Plusieurs secteurs ont suspendu leurs activités pendant plusieurs mois, avant qu'ils ne puissent les reprendre graduellement au cours de la période post-confinement. Aucun secteur d'activité n'a été épargné. Le recrutement, une activité qui dépend de l'évolution économique et un paramètre clés de la promotion de l'économie nationale, vit une période délicate. Toutefois, force est de constater que le marché a commencé à reprendre de la vigueur après la levée progressive du confinement et ce, en dépit du solde net négatif des recrutements. «Le secteur du recrutement, qui est une activité corollaire de l'activité économique et un baromètre de la santé de l'économie connaît des remous consécutifs à la crise du covid-19», a souligné le Président du Groupe LMS, Hamid El Otmani, notant que même si le solde net des recrutements est en baisse, cette crise aura généré de nouveaux besoins et de nouvelles pratiques dans le domaine du recrutement. «Le digital a impacté à la fois les pratiques et les besoins en recrutement», a-t-il affirmé. Côté nouveaux besoins et hormis les recrutements dans les fonctions classiques comme la finance, la production et le commercial, il y a une forte demande sur les profils SI (Systèmes d'Information) et ceux spécialisés dans les métiers du digital, et qui doivent accompagner la mutation des modes de travail en entreprise, selon l'expert en ressources humaines (RH). Et d'ajouter que c'est le cas également dans le domaine des RH, du marketing digital et du e-commerce, tout comme celui de la logistique, en ligne avec la digitalisation de la distribution. «Ce n'est pas encore suffisamment visible car le marché post-confinement est encore récent, mais les prémices sont bonnes et nous les sentons à notre niveau». En ce qui concerne les nouvelles pratiques, le processus même de recrutement a subi un changement avec de plus en plus d'entretiens menés en visioconférence et une utilisation accrue des tests psychométriques qui permettent d'affiner la recherche de candidats, a relevé M. El Otmani. «Nous en avons fait l'expérience au niveau d'ORH Assessment, notre filiale dédiée au recrutement et le moins que l'on puisse dire c'est que nos clients sont satisfaits». Il a, par ailleurs, indiqué que certains secteurs comme le tourisme et les loisirs sont quasiment à l'arrêt, malgré le déconfinement, pour des raisons d'urgence sanitaire, estimant que ces secteurs ne devraient reprendre le recrutement que progressivement et en réintégrant d'abord les salariés dont ils ont dû, malheureusement, se séparer. El Otmani a fait remarquer que d'autres secteurs à l'instar de l'agroalimentaire, du transport, de la distribution, de la pharmacie et de l'hygiène ont même connu des hausses d'activité. Alors que d'autres secteurs comme la vente de produits et services digitaux sont en train de connaître un décollage notable. De son côté, Naïm Bentaleb, Co-fondateur et Directeur d'Xpertize Africa, a déploré la situation actuelle du secteur, faisant savoir que les entreprises ont vu leur chiffre d'affaires (CA) chuter pendant le confinement. «En termes de postes ouverts chez nos clients, seulement 15% des postes ont été maintenus et 85% d'entre eux ont été annulés ou gelés. Il y a eu 5 fois moins de création de postes comparé à la même période de Mars / Avril / Mai 2018 et 2019, soit exactement 21% du volume normal. Durant l'été, nous sommes revenus à 70% du volume comparé à 2019», a précisé M. Bentaleb. «Néanmoins, pour la fin d'année, nous pensons n'atteindre que la moitié du volume normal au vu des timides tentatives de relance et d'aides de l'Etat aux entreprises», a-t-il poursuivi. Selon l'expert des RH, il est nécessaire de mettre en place, avant la fin de cette exercice, pléthore de mesures et principalement fiscales. Il pourrait s'agir, par exemple, d'exonération d'IR pour les recrutements de 2021 ou pour pousser à l'emploi des jeunes on pourrait penser à des avantages pour les entreprises qui en recrutent. En outre, un effort important devrait être consenti en matière de la formation et de l'orientation des jeunes. «Nous sommes confiants sur l'avenir au Maroc car le pays a de nombreux atouts. Ceci dit, il est primordial de saisir nos chances dans l'immédiat. Nous sommes à une croisée de chemins et il faut prendre la bonne direction. L'attentisme pourrait nous jouer un vilain tour», a-t-il conclu.