Le confinement imposé par la situation sanitaire ne constitue pas une rupture dans la vie de notre beau pays. Au ralenti certes, encadré par les dispositions de la distanciation sociale, le quotidien se déroule avec ses joies et ses peines. L'Etat s'est montré plus présent que jamais. Ce n'est pas son retour qui est remarquable puisqu'il n'a jamais été absent de la vie quotidienne de la population. Ce qui a été relevé, c'est la manière d'agir de l'Etat qui s'est imposée à tous pour relever sa pertinence dans les mesures préventives à l'encontre du risque sanitaire, et leur gestion au quotidien. Si la population a retrouvé l'Etat dans les aspects régaliens de sa présence dont elle est habituée, elle a relevé surtout son action à faciliter l'accès aux soins, à la protection sociale et à la couverture médicale. Certes, les déficits dans le secteur social de la santé ne peuvent être l'objet d'un quelconque déni ; mais ils n'ont pas été à l'origine d'une catastrophe où la vie des personnes serait gâchée. En plus de la maîtrise de la propagation de l'épidémie, des vies humaines nombreuses ont été préservées. Des foyers localisés restent à assainir et le «retour à la normale» s'effectuera dans quelques jours. Notre beau pays réussira dans la sérénité à dépasser la crise sanitaire et retrouvera «une vie ordinaire » que lui envie un certain nombre de «scribouillards crieurs» payés pour ternir son image. C'est vrai que les chiens aboient quand la caravane passe. Dans notre vie ordinaire, tout n'est pas encore achevé pour qu'elle soit paradisiaque ; et personne ne l'affirme. Loin s'en faut. La lutte du peuple marocain pour la consolidation de son intégrité territoriale et la consolidation de son processus démocratique est reconnue depuis fort longtemps. Le peuple marocain est au fait que sa lutte n'est pas appréciée par tout le monde à sa juste valeur pour des raisons opportunistes, égoïstes, nihilistes, impérialistes et hégémoniques; et cela ne diminue en rien son effort et sa persévérance à assurer sa souveraineté sur son territoire et dans tous les domaines de la vie quotidienne. Aux chiens de persévérer à aboyer, c'est la seule chose qu'ils savent faire. Dans notre beau pays, la temporalité de l'initiative politique est importante. La crise sanitaire et ses conséquences économiques doivent induire une approche consensuelle sur les nécessaires conditions de la reprise de «la vie normale» par des modalités conduisant à la préservation des acquis et á la consolidation de ce qui a été entrepris dans la mise en œuvre de la constitution de 2011. Il ne s'agit pas de faire table rase ou de réduire la portée des avancées certaines de notre pays dans le domaine des libertés publiques sous la couverture de combattre l'épidémie. Toutes les techniques nécessaires à cette prophylaxie doivent être encadrées par la loi. Le pays n'est pas dans un état d'exception ! Et ce projet de loi 22-20 qui circule sur les réseaux sociaux, et dont l'usage en constitue l'objet, est un déni des droits de la personne humaine pour le moins que l'on puisse dire ! Liberticide et anticonstitutionnel, son retrait s'impose. Il est clair que le développement de la politique sociale est devenu une priorité et ne doit pas se faire biaiser par des approches que l'expérience vécue suite à l'épidémie a montré l'obsolescence. La réforme devra passer. Aussi bien pour la contribution à l'effort national de tous par une réforme fiscale adéquate, que pour le bénéfice de tous des ressources et des richesses produites par le pays par une redistribution juste et équitable, éliminant les inégalités sociales et les disparités territoriales. L'épidémie du covid-19 a créée des urgences. Les mesures prises pour faire face aux besoins sanitaires et au besoin d'assurer le minimum de liquidités pour différentes catégories de la population ont été saluées par tous. La solidarité joue et jouera encore en ce mois de Ramadan pour que les démunis et les défavorisés puissent dépasser cette crise dans la dignité. La reprise de «la normale» demandera aussi un effort volontariste pour assurer la relance et ne pas tomber dans l'austérité avilissante. Il reste à savoir que toutes ces dépenses devront être réglées sans monétisation indue. On paie chèrement dans l'avenir les dettes de son présent. La gestion de la dette doit être maitrisée ; et la mesure doit caractériser aussi bien l'endettement que son usage. Il reste à faire sortir le champ politique national du confinement dans lequel il se trouve et qui l'asphyxie. Avant la propagation de l'épidémie du covid-19, le champ politique national s'apprêtait aux échéances électorales prochaines. Tout le monde, ou presque, ambitionne un changement qui relancera la consolidation du processus démocratique loin du populisme, de l'attentisme, de la mise en berne de la réforme, de l'atermoiement, de la corruption, de l'inefficacité, du clientélisme, des préoccupations électoralistes, de la prévarication, du gaspillage et autres maux. Les gouvernements constitués depuis l'adoption de la constitution de 2011 ont montré la limite de leur leadership. L'émergence de notre beau pays ne peut rester otage d'un passéisme schizophrène. Pour le peuple marocain, assumer le présent ne signifie aucunement gâcher l'avenir.