Les pharmaciens appellent à une régulation de la distribution Najib Amrani Depuis le début de la pandémie, la bien-pensance a fait des ravages sur les réseaux et sur certains médias délivrant, à l'emporte-pièce, des notes d'évaluation en matière de patriotisme, de nationalisme, d'engagement citoyen et bien d'autres disciplines des sciences de la subjectivité. Politiques, médecins, enseignants, artistes, sportifs et autres célébrités sont passés à la caisse dans ce marché du populisme nihiliste. Les pharmaciens n'ont pas été épargnés par cette fâcheuse tendance. Ils ont été accusés à tort de spéculations sur la vente des masques de protection, depuis la décision du gouvernement de rendre le port des masques obligatoire et les annonces, un peu précipitées du ministre de l'Industrie, promettant une production suffisante en masque et une commercialisation à grande échelle dans les grandes surfaces, les commerces de proximité et les pharmacies au prix populaires de 80 centimes de dirhams. Pris d'assaut, les pharmaciens peinaient à convaincre les citoyens que les masques promis par EL Alamy ne sont pas encore disponibles. Ils ne le sont pas d'ailleurs dans les grandes surfaces ni chez l'épicier du coin. Le bémol, c'est que les officines disposaient de stocks de masques destinés aux professionnels qu'elles proposaient aux grands publics à des prix variant entre 8 et 99 dhs, qui sont en réalité, les prix du marché bien avant l'avènement de la pandémie. Pris au dépourvu par l'obligation du port du masque et induit en erreur par une communication défaillante du département de l'Industrie, les citoyens refusaient d'y croire. Ils réclament les masques premium aux prix fixés par le ministère. Requête à laquelle les pharmaciens ne pouvaient répondre. D'où les accusations farfelues, répétées ça et là par certains internautes et, malheureusement par certains médias mal inspirés et mal informés. Dans une lettre adressée à Al Bayane, Dr Samir Osman, pharmacien d'officine, réagissant à ces accusations gratuites diffusées par une certaine presse prétendant «que les pharmacies ne vendaient pas de masques de protection à cause de leur faible marge de gain en affichant «pas de masques disponibles», indique «qu'il y a un réel problème national et mondial de stocks de masques et que ceux-ci ne sont toujours pas disponibles à ce jour dans les pharmacies, après avoir été boudés par les épiciers, les moyennes et grandes surfaces». Il tient à cet égard à rappeler que «durant cette pandémie, le pharmacien est au front 7j/7 et 24h/24 pour répondre à la maladie et à l'angoisse des malades». De son côté, Dr Souad Motaouakkil, présidente CRPOS (Conseil régional des pharmaciens d'officine du Sud), a annoncé, à l'attention de ses consœurs et confrères, que le Conseil est en discussion avec les ministères de l'Industrie et de la Santé pour que «la vente des masques FFP2 destinés uniquement aux professionnels de la santé, soient effectuée exclusivement par les pharmaciens, pour, ajoute-t-elle, une meilleure maîtrise du stock et du prix en évitant les intermédiaires spéculateurs». En ce qui concerne les bavettes en tissu, Dr Motaouakkil, ajoute que « dans un premier temps, les pharmaciens recevront 5 boites de 10 bavettes par grossiste par pharmacie ». Le ministère de l'Industrie aurait assuré au CRPOS que le minimum a été fixé à 16 boites par pharmacie. Dès la semaine prochaine, ajoure Dr Motaouakkil «toute la production va être exclusivement vendue en pharmacie». Elle appelle, à cet égard, les grossistes à disposer du «stock nécessaire et suffisant pour toutes les pharmacies et d'assurer une distribution équitable». Le CRPOS est également en négociation avec les départements concernés pour que la vente des bavettes en tissu se fasse également au niveau des pharmacies exclusivement. Elle justifie cette proposition par le souci d'hygiène». Dr Motaouakkil assure enfin que «toute la profession se bat pour l'intérêt du citoyen et soutient les efforts des autorités publiques sous la conduite éclairée de S.M le Roi».