Quoique ce qui se passe en Espagne soit sa cuisine interne, il importe d'y fourrer le nez pour en avoir le cœur net. La composition du nouvel exécutif au sein de notre voisin du nord aurait, sans doute un impact sur les rapports mutuels des deux pays mitoyens. Ce n'est pas du tout le retour en force des socialistes qui aurait intrigué l'autre rive de la Méditerranée, mais c'est surtout l'entrée en lice de la gauche radicale dans l'équipe qui détiendra les rênes ibériques. Avec cinq ministres dont le secrétaire général, Pablo Iglesias, Podemos influerait visiblement sur la politique à adopter de l'alliance conduite par le chef du gouvernement et du PSOE, Pedro Sanchez. A croire leurs sorties médiatiques, nombre d'anciens leaders socialistes récusent cette coalition «contre-nature». Le nouvel allié, soupçonné d'être en mèche avec des barons «louches» de l'Amérique latine, ne serait le bienvenu dans cette mouture qui sent le roussi, selon ces contestataires. Par contre, il est à rappeler l'attitude amicale dont ont fait preuve les socialistes prédécesseurs à l'égard du Maroc dont le plus en vue n'était autre que Felipe Gonzales. La proximité de la géographie et la nécessité commune de coopérer, avaient de tous les temps, pris le dessus sur les clivages dont les incidences n'auraient profité à personne. Aujourd'hui, ce rapprochement win win qui s'articule joliment, dans l'entente et la concorde, autour des questions migratoires, maritimes et sécuritaires, ne saurait s'effriter parce qu'un nouveau maillon intègre cette équation séculaire. Il est clair que Podemos qu'on n'est nullement ici à contester l'ascension au champ politique espagnol, car on ne peut dénier la volonté des électeurs ibériques, est un hyper-farouche partisan de la thèse indépendantiste brandie sur le territoire espagnol. En ce qui concerne la cause nationale qui unit fort le peuple marocain, la gauche radicale sus citée ne se contente guère d'exprimer cette position séparatiste, mais s'active à joindre la parole à l'action, en tenant des activités aussi bien dans l'hémisphère de la députation que les diverses enceintes internes et externes. Cependant, après l'éclipse du conservateur Mariano Rajoy, l'arrivée sur le podium de Pedro Sanchez met fin à une longue inertie paralysante. Mais, contre toute attente, ce branle-bas gauchiste jugé inédit, depuis l'ère franquiste en 1975, pourrait avoir des retombées rocambolesques sur la ceinture catalane et la bande sécessionniste. Mais, il convient de dire que le Maroc et l'Espagne sont assez sages et mûrs pour préserver leur potentiel réciproque à même de couper l'herbe sous les pieds des trouble-fêtes!