Le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques qui a tenu le 24 décembre sa dixième réunion au siège de Bank Al-Maghrib (BAM), a naturellement évoqué le marché de capitaux. Ainsi, selon le communiqué, le marché des capitaux demeure stable avec une faible volatilité des marchés actions et obligataires. La capitalisation boursière s'établit à 609 Mrds à fin novembre 2019, en progression de 6% en glissement annuel. Aussi, le niveau de valorisation est proche de sa moyenne historique des cinq dernières années qui reste néanmoins élevée avec un P/E de 19,3, selon l'appréciation du comité. Justement, à mon avis personnel, cette remarque sur la cherté du marché, mérite d'être nuancée en raison de trois principaux éléments. Le premier est celui de la non existence de possibilité d'arbitrage avec des marchés étrangers pour la majorité des investisseurs marocains, vu les restrictions de change. En particulier, les personnes physiques résidentes au Maroc, ne peuvent investir en devises. Ainsi, la comparaison ne peut être que historique ce que le communiqué a d'ailleurs relevé, en évoquant une valorisation en ligne avec la moyenne historique. Le deuxième élément est celui de l'inflation car avec un P/E de 19,3, le rendement brut implicite est de 5,2%. Ainsi, avec une inflation de 0,3%, le rendement net est donc de 4,9%. Or, dans un pays à inflation plus forte, un P/E modéré est nuancé quand on raisonne en rendement net. A titre d'exemple, en Tunisie, le P/E est de 10,6, ce qui donne un rendement brut de 9,4%, ce qui n'offre qu'un rendement net de 3,1% à cause d'une inflation forte de 6,3%. Enfin, le taux d'intérêt actuel du 10 ans souverain, n'est que de de près de 2,75%, ce qui fait ressortir une prime de risque de 245 points de base, qui demeure intéressante surtout si on y intègre le rendement moyen de dividende proche des 400 points de base.