Après l'expulsion, en 2014, du gouvernement yéménite de la capitale Sanaâ, par les rebelles houtis venus du nord du pays et soutenus par l'Iran, les affrontements entre les séparatistes du Conseil de Transition du Sud (STC) qui avaient pris en Août dernier le contrôle d'Aden, devenue base de repli du gouvernement, et les forces loyalistes en principe alliés dans la guerre contre les Houtis avaient fait craindre un éclatement du pays. Les troupes gouvernementales ayant donc perdu le contrôle de la quasi-totalité du Sud au profit des séparatistes, la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite s'en était trouvée particulièrement affaiblie. Aussi, pour essayer d'apaiser les tensions et de redorer son blason, Ryad a proposé un dialogue inter-yéménite et supervisé les pourparlers qui s'étaient tenus à Jeddah entre le gouvernement yéménite et les séparatistes du sud. Ainsi, ce mardi, le gouvernement et les rebelles séparatistes yéménites qui réclament l'indépendance du sud du pays ont signé à Ryad, un accord de partage du pouvoir sous le parrainage de l'Arabie saoudite qui conduit, depuis 2015, une coalition militaire anti-houtis avec l'aide des Emirats Arabes Unis. Cette coalition appuie les forces progouvernementales dans leur guerre contre les houtis qui se sont emparés de pans entiers du pays. Aussi, l'accord signé ce mardi vient-il à point nommé pour mettre fin à la guerre qui en ouvrant plusieurs fronts a ravagé le pays. Ont assisté à la signature de cet accord, le président yéménite Abd Rabo Mansour Hadi, le chef du STC Aidarous al-Zoubeidi et Cheikh Mohammed ben Zayed le prince héritier d'Abou Dhabi et homme fort des Emirats arabes unis dont le pays soutient les forces séparatistes du sud du pays alors que ce territoire était indépendant jusqu'à l'unification, en 1990, du Yémen du Sud et du Yémen du Nord. Salué par le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane qui a annoncé que son pays va se tenir aux côtés du Yémen et exprimé sa joie «de voir les yéménites réunis», cet accord qui prévoit le retour à Aden du chef de l'Etat yéménite en exil en Arabie saoudite et l'intégration, au sein du gouvernement, de membres du Conseil de transition du sud (STC), «va ouvrir une nouvelle période de stabilité au Yémen». Pour Martin Griffiths, l'émissaire de l'ONU au Yémen, «la signature de cet accord est une étape importante sur la voie du règlement pacifique du conflit au Yémen» dont pâtit une population civile qui vit la pire crise humanitaire au monde. Ainsi, d'après l'ONU et diverses organisations humanitaires, depuis le début du conflit, ce sont des dizaines de milliers de personnes, notamment civiles qui sont mortes, quelques 3,3 millions qui ont été déplacées et près de 24 millions de yéménites, soit les deux tiers de la population totale du pays, qui se trouvent dans un état de pré-famine et qui requièrent une assistance d'urgence. L'accord signé entre le gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud (STC) va-t-il amener la paix dans un pays ravagé par quatre années d'un conflit meurtrier ? Peu sûr alors que Ryad et Téhéran se disputent le leadership dans la région mais attendons pour voir… Nabil Bousaadi