«La Russie sera libre», «J'ai le droit de voter», «Honte», «C'est notre ville», «Non à Poutine» scandaient à l'unisson, ce samedi dans le centre de Moscou, quelques 20.000 manifestants pour exiger la tenue d'élections locales transparentes, libres et équitables. Ainsi, c'est par la mobilisation la plus importante depuis 2012 que les moscovites ont répondu à l'appel lancé par l'opposition à la suite à l'invalidation la veille, par le pouvoir et pour «irrégularité» ou «vices de forme», de près d'une soixantaine de candidatures à l'élection au Parlement de la capitale russe déposées par des alliés d'Alexei Navalny, jeune avocat de 43 ans, blogueur anti-corruption et farouche opposant au président Vladimir Poutine. Ecartée de l'élection présidentielle mais misant sur le mécontentement sans cesse grandissant des russes du fait de la baisse continue des revenus et de la stagnation économique, l'opposition s'est fortement mobilisée pour les élections locales qui se tiendront le 8 septembre prochain avec l'espoir de parvenir à «dire son mot» dans la gestion, durant les cinq prochaines années, du budget «faramineux» de la capitale et limiter, ainsi, la marge de manœuvre du maire Sergueï Sobianine, un fidèle du pouvoir. Mais, bien que, comme le veut la loi, les intéressés aient réuni les signatures d'au moins 3% de leurs électeurs potentiels dans chacun des 45 districts que compte la capitale, 57 d'entre eux ont été disqualifiés après une procédure de vérification opaque ayant avantagé les candidats pro-pouvoir. Pour rappel, ces derniers mois, de nombreux candidats du pouvoir, qui avaient été désavoués lors de scrutins régionaux, ont laissé la place à des candidats communistes et nationalistes alors que «Russie Unie», le parti au pouvoir, enregistre son score le plus faible depuis dix ans. Aussi, au cours de cette manifestation et dans un discours virulent, Alexeï Navalny, a-t-il déclaré: «Enfin, nous sommes ensemble, enfin le même sang coule dans nos veines, pour eux nous n'existons pas et on doit, maintenant, leur prouver le contraire» avant d'appeler les autorités à valider l'ensemble des candidatures avant samedi prochain; faute de quoi le farouche opposant au Président Poutine a menacé de ramener, samedi prochain, un plus grand nombre de personnes pour manifester devant la mairie de Moscou. Présente dans la manifestation, Lioubov Sobov, une avocate de 31 ans, écartée du scrutin du fait de sa proximité avec Navalny a fait part de sa ferme détermination à ne point abandonner le combat alors qu'un autre manifestant, Dmitri Goudkov, un ancien député dont la candidature a été également invalidée, a accusé les autorités de «voler (les) voix (et) le futur» des électeurs. Poutine et les siens vont-ils, enfin, écouter la clameur de la rue et répondre aux doléances de leurs concitoyens dont le pouvoir d'achat est de plus en plus mis à mal et les jours de plus en plus difficiles? Attendons pour voir…