En déplorant le retrait le 8 mai 2018 des Etats-Unis du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPoA), «accord sur le nucléaire iranien», signé à Vienne en Juillet 2015 par l'Iran, les cinq pays du Conseil de Sécurité et l'Allemagne, la République islamique iranienne avaient déjà fait part de son intention de commencer à s'affranchir de certains engagements pris dans le cadre dudit accord afin de pousser les autres signataires, notamment européens à la soutenir en lui permettant de contourner les sanctions asphyxiantes qui lui ont été indûment imposées par l'administration Trump et qui l'empêchent de bénéficier des retombées économiques favorables qu'il attendait de la signature de l'accord précité. De même, en citant le porte-parole de l'Organisation Iranienne de l'Energie Atomique (OIEA), l'Agence iranienne ISNA a annoncé ce dimanche, que par mesure de rétorsion, Téhéran a commencé à enrichir de l'uranium à 4,5%, dépassant ainsi le seuil de 3,67% fixé par l'accord de Vienne et atteignant, de ce fait, «un degré de pureté parfaitement suffisant pour les besoins du pays en combustible pour centrale nucléaire». Le conseiller du Guide Suprême iranien, Ali Akbar Velayati, a déclaré à ce titre que le niveau reste néanmoins, bien en-deçà du minimum requis pour envisager la fabrication d'une bombe atomique et que les besoins du pays «pour ses activités nucléaires pacifiques» nécessitent de l'uranium enrichi à 5%. En précisant par ailleurs, que pour la fabrication d'une bombe atomique, il faudrait de l'uranium enrichi à 90%. Cependant, le numéro 1 iranien a reconnu tout de même, que la décision prise par son pays fragilise considérablement un accord international complexe du fait du retrait unilatéral des Etats-Unis. L'annonce faite dimanche dernier par le régime des Mollahs a suscité bon nombre d'interrogations de la part de l'Union européenne. L'organisation a immédiatement réagi en exhortant «l'Iran à cesser (…) ses activités qui sont contraires aux engagements pris dans le cadre» de l'accord de Vienne et «à revenir» aux termes de celui-ci. En faisant part de sa «grande inquiétude», Paris a exigé de Téhéran la cessation de toute activité «non conforme» au JCPoA et que Londres et Berlin l'ont sommé de revoir sa position. De l'autre côté, Moscou qui avait auparavant «averti des conséquences qui adviendraient inéluctablement, si l'un des Etats faisant partie de l'accord venait à mettre fin à ses obligations en se retirant», a pointé du doigt Washington d'être responsable des tensions actuelles. Toutefois, il appelé toutes les parties à reprendre la voix du dialogue. Mais le porte-parole de la diplomatie chinoise a affirmé quant à lui que «la pression maximale des Etats-Unis sur l'Iran est la source de la crise nucléaire iranienne». Aussi, abondant dans le même sens, Thierry Coville, chercheur à l'Iris et spécialiste de l'Iran, a estimé que c'est pour «signifier aux américains que leur politique a un coût et aux européens que leur passivité à un coût». Aaprès avoir attendu la réponse des européens pendant une année, l'Iran a fini par «changer de stratégie». Et si, Mohammed Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, reste convaincu du fait que la survie de l'accord de Vienne dépend des pays européens signataires du moment que l'Iran est prêt à annuler les mesures prises si ces derniers agissent «en conformité» avec le texte, Abbas Moussavi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères s'est exprimé sur cette situation. Il a sommé Paris, Londres et Berlin de ne point «se comporter de manière étrange et inattendue. Car d'après lui ; cela mettrait Téhéran devant la nécessité de sauter toutes les étapes du plan de réduction des engagements annoncé en mai. Mais, quelle serait donc la nature de cette ultime étape non précisée par le porte-parole de la diplomatie iranienne ? La fabrication d'une bombe atomique ? L'avenir nous en dira davantage.