En décidant de n'épargner que les doctorants extra communautaires de la hausse des frais d'inscription, la France a-t-elle réellement fait preuve d'ouverture, sachant que ces derniers sont très minoritaires par rapport aux étudiants de licences et masters? Si certains parlent d'un rétropédalage de l'Hexagone sur la hausse des frais d'inscription pour les étudiants extra communautaires, peut-on vraiment dire que les autorités françaises sont revenues sur leur décision? En fin de semaine dernière, le ministère de l'enseignement supérieur a décidé qu'au final, il n'épargnerait que les doctorants extra communautaires de la hausse des frais annoncée depuis septembre, à la suite d'un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) publié la même semaine. La raison : ces doctorants sont importants pour la recherche française, soulignait le CESE dans son rapport. Sauf que pour atteindre le niveau doctoral, il faudrait «rappeler» que les étudiants doivent passer inéluctablement par les cycles licence et master, dont les frais d'inscription pour les étudiants hors UE ont été multipliés par 15. Avec des frais d'inscription en licence et master hors de portée, comment atteindront-ils le niveau doctoral si prisé par l'Hexagone? En effet, à la suite des contestations ayant suivi l'annonce de ces nouveaux tarifs, à raison de 2.770 euros en licence et 3.770 euros en master et doctorat, contre 170 euros pour une année de formation en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat pour les jeunes Européens, 5 personnalités du CESE se sont penchées sur la question. Dans leur rapport, ils soulignent que les doctorants extracommunautaires ont un « rôle essentiel » pour la recherche en France, ce qui ne serait pas le cas pour les étudiants de licence et master, si on se permet d'extrapoler. Pour les étudiants de doctorat, «payer les frais d'inscription prévus, c'est les rapprocher dangereusement du seuil de pauvreté», justifiait Julien Blanchet, vice-président du Cese. «Quid des étudiants de licence et master ?», serait-on tenté de rétorquer. Si dans son rapport, le CESE recommande en plus d'exonérer les étudiants doctorants, de fixer à 15% au lieu de 10% actuellement, le taux de possibilité d'exonérations partielles de frais pour les étudiants hors UE , Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, s'y est totalement opposée. Le taux d'exonération des étudiants étrangers par les universités sera maintenu à 10% conformément au décret de 2013, a tranché la ministre, soulignant que seuls les nouveaux arrivants sont concernés par ces changements. A noter que depuis l'annonce de cette mesure, on a assisté à une levée de bouclier de plusieurs universités, qui ont annoncé qu'elles n'appliqueraient pas ces nouveaux tarifs et exonéreraient les étudiants extracommunautaires sur la base de ce décret de 2013.