La transmission des ondes radio est un domaine difficile et complexe, surtout au niveau des endroits où la visibilité directe entre l'émetteur et le récepteur n'existe pas. C'est le cas de la propagation à l'intérieur des immeubles par exemple. Vous avez probablement entendu parler des technologies comme : NMT450, GSM, GPRS, LTE, 5G. L'exploitation de toutes ces normes se base sur une ressource indispensable : le spectre radio. Conformément à l'article S2.1 du RR de l'UIT, le spectre des fréquences radio est défini comme étant une bande allant de 3 KHz à 300 GHz. Ces ressources fréquentielles, rares et stratégiques, relèvent du patrimoine immatériel de l'Etat et sont de grandes valeurs économiques au même titre que les autres ressources naturelles (pétrole, mine, etc.) et c'est pourquoi, à mon humble avis, le déploiement des futures générations et en particulier la 5G nécessite une gestion du spectre fréquentielle d'une façon optimale et rigoureuse. Dans le cadre de la neutralité fréquentielle, il est possible pour un acteur, d'exploiter des fréquences 4G dans le fonctionnement de la 5G, mais le problème majeur réside au niveau de la limitation de la capacité et de la qualité. La norme 4G, selon le consortium 3GPP, exploite six largeurs de bandes de fréquences : 1.4 MHZ, 3 MHz, 5 MHz, 10 MHz, 15 MHz et 20 MHz dans des bandes de fréquences variant de 450 MHz à 3.8 GHz, selon les opérateurs de chaque pays. Pour cette raison, le recours et l'étude de nouvelles bandes de fréquences dont les largeurs de bandes vont au-delà de 20 MHz serait nécessaire. Au niveau mondial, des conférences de radiocommunication (CMR) ont eu lieu tous les quatre ans et ont pour objectif l'arrêt et parfois la révision de l'aspect réglementaire en relation avec le secteur des radiocommunications. La prochaine CMR 2019 se tiendra à Charm el-Cheikh en Egypte du 28 octobre au 22 novembre et sera l'occasion pour se prononcer sur les bandes de fréquences à déployer par pays pour la 5G, IoT (Internet des Objets), ITS (Transport intelligent), satellites et autres applications. Notons au passage que l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) a organisé à Marrakech entre le 7 et 11 avril 2018, une réunion du groupe arabe permanent de la gestion du spectre des fréquences (ASMG). La réunion était une occasion pour la préparation de l'ordre du jour du CMR 2019 et pour une prise en compte des intérêts des pays arabes pour garantir une utilisation harmonisée du spectre radio et prévenir les problèmes d'interférences. Parmi les points importants à débattre, lors de la prochaine CMR 2019, sera la bande de fréquence à déployer en 5G. En 2015, la CMR a déjà demandé à l'UIT-R (secteur de radiocommunication à l'UIT) d'étudier certaines bandes de fréquences allant de 24,25 GHz à 86 GHz et la CMR 2019 se penchera sur le choix des fréquences. L'attribution des fréquences est un vrai casse-tête dans la mesure où il faut s‘assurer : de la disponibilité d'équipements à cette bande (terminaux, sites) ; de la libération de certaines fréquences pour les déployer en 5G ; de la réalisation d'un consensus sur l'utilisation des fréquences au niveau mondial ; du potentiel qui se manifeste pour des problèmes de couverture, qualité et de pénétration selon les zones à couvrir (des fréquences sont convoitées par tous). Il y a lieu de rappeler que la 5G, au-delà de l'augmentation des débits, est un réseau qui sera dédié à l'internet des objets (IoT) et que sans la 5G, pas d'IoT. En peu d'années, des milliards d'équipements seront connectés et beaucoup de services qui nécessitaient un temps de réponse (latency) réduit auraient besoin de la 5G. L'année 2019 s'approche et devrait être l'année de déploiement des premiers sites 5G et tout le monde s'impatiente. Abdelouahed Jraifi (Docteur chercheur en Télécommunication mobile)