La table ronde, organisée par le nouvel Envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Köhler, au sujet du différend régional sur le Sahara marocain, débutera ce mercredi à Genève et se poursuivra demain jeudi. Elle fait suite aux invitations adressées, le 21 novembre dernier, au Maroc, à l'Algérie, au Polisario et à la Mauritanie, qui seront représentés autour de cette table ronde. Cette reprise des contacts intervient après l'échec des pourparlers de Manhasset, en mars 2012, après cinq années de tentatives, infructueuses, destinées à débloquer la crise entre Alger et Rabat et à mettre fin au conflit qui dure depuis plus de 45 années… L'ancien président allemand et nouvel envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Köhler, nommé en 2017, a déjà entrepris deux tournées ponctuées par des visites dans la région et rencontré, notamment, les responsables marocains et algériens. Rappelons que depuis avril 1991, après plus d'une décennie d'hostilités et de guerre non déclarée par Alger contre le Maroc, l'ONU a instauré un cessez-le-feu et mis en place la MINURSO, chargée de veiller à son respect. Parallèlement, un processus référendaire était lancé mais il a buté sur l'intransigeance d'Alger – qui veut un référendum sur mesure- à réduire drastiquement le corps électoral devant participer à la consultation référendaire. Et face aux multiples manœuvres destinées à la dénaturation du corps électoral et du résultat de la consultation référendaire, l'ONU a décidé, en mai 1996, d'arrêter le processus d'identification des votants, qui était supervisé par les services de la MINURSO. Conséquence, l'ONU réduit la composition de la MINURSO. Depuis, le Conseil de sécurité de l'ONU, et conformément à une habitude instaurée avec la création de la MINURSO, adoptait, chaque fin du mois d'avril, une résolution sur la base du rapport du Secrétaire général de l'ONU, rédigée à la suite des visites de son Envoyé spécial dans la région et de son rapport d'étape. Aussi, il va falloir attendre 2002 et la visite de SM le Roi Mohammed VI à Laâyoune pour que le Maroc tire les conclusions des manœuvres dilatoires d'Alger et abandonne l'idée du référendum, estimant que les habitants du Sahara ont déjà prouvé leur marocanité et fait leur choix, en regagnant, massivement, les provinces sahariennes et en participant à la gestion locale de nos provinces du sud. Des élus sahraouis à Genève D'ailleurs, une majorité écrasante de fondateurs et dirigeants du prétendu «polisario», créé de toutes pièces par Boumediene et Kaddahfi, en 1973, a élu domicile dans la patrie marocaine, et contribue activement à l'essor économique, social et culturel de leurs régions. En témoigne, aujourd'hui, la composition de la délégation marocaine présente à la table ronde de Genève, présidée par le MAE Nasser Bourita, et hautement confortée par les présidents de deux régions sahariennes (Laayoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab), respectivement Hamdi Ould Rchid et Ynja El Khattat, à côté d'une militante associative et élue communale à Smara, Fatima Adli. Aussi, depuis 2003, l'ONU avait commencé à abandonner définitivement l'option d'organisation d'un référendum d'autodétermination, même si ce terme revient, régulièrement, dans la littérature et nomenclature onusienne, qui a besoin d'une urgente mise à jour. Depuis, le Maroc a lancé un vaste programme de modernisation et de développement multiforme de ses provinces du sud, laissant les séparatistes crier avec leurs maitres à penser algériens, qui avaient, acte stupide, fermé les frontières avec le Maroc, au point que c'est la seule frontière au monde encore fermée depuis plus de deux décennies. Le plan d'autonomie, unique solution Et il va falloir attendre l'année 2007 pour que le Maroc, qui est convaincu de ses droits historiques, annonce son plan d'autonomie saharienne, afin de débloquer la situation et trouver une issue politique avec les voisins algériens et renouer avec la fraternité et l'entraide. Hélas, et la communauté internationale s'en rend compte chaque jour plus, Alger ne veut rien comprendre et tente, à chaque fois, de se présenter étrangère au conflit, vieux de près d'un demi siècle, et qu'elle n'en est pas partie agissante et prenante. Et ce malgré la présence sur son sol d'éléments armés, contrôlés par les sbires du «polisario» et la sécurité militaire algérienne. C'est prendre le monde pour dupe que de continuer à faire sortir, à tout bout de champ, l'histoire de «pays voisin» et donc à ce seul titre qu'elle peut être sollicitée. Aujourd'hui, après plus d'un quart de siècle de médiation onusienne, sans résultat palpable si l'on exclut le fait d'avoir évité un conflit armé entre le Maroc et l'Algérie – qui en fait est un grand acquis pour la région et le monde- les appétits expansionnistes et réducteurs du voisin marocain, continuent de plus belle. Aussi, en dépit de l'appréciation hautement positive émise par le Conseil de sécurité de l'ONU et par la communauté internationale sur la position marocaine d'autonomie, jugée «crédible et réaliste» pour un compromis politique, le pouvoir algérien refuse de mettre un terme à ce conflit stérile et handicapant. Alger dans le collimateur onusien Donc, face aux tergiversations d'Alger (qui insiste sur un référendum mais refuse que le HCR fasse un recensement des populations des camps maintenues malgré elles dans ces camps de la honte, à la merci du bon vouloir des sbires du «polisario» à la solde des généraux algériens) il fallait s'attendre à une réaction onusienne. Aussi, depuis 2018, l'ONU a décidé, contrairement à une tradition vieille de 27 ans, de réduire à six mois la durée du renouvellement du mandat de la MINURSO, contre une année auparavant. Ce changement serait dicté par la volonté, du Conseil de sécurité et notamment ses membres permanents, à relancer le processus de négociations, interrompus en 2012. Mais avec de nouveaux réglages qui puisent leur force de la dernière résolution onusienne qui place l'Algérie comme une partie du conflit et réclame son implication impérative dans la recherche sérieuse d'une issue acceptable, qui entérinera la fin du conflit. Une issue heureuse pour les habitants des camps algériens de Tindouf. Car la dimension bilatérale du conflit, entre Alger et Rabat, est fort évidente pour tous et l'on ne le sait que trop. Les responsables algériens ne peuvent plus se dérober de leurs responsabilités dans la création du conflit artificiel et de sa poursuite. Ni le nier ou ignorer la nouvelle donne qui consiste à trouver impérativement une solution qui sera reconnue par la communauté internationale et repartir de nouveau sur des bases de coopération avantageuse pour deux voisins condamnés par l'Histoire et la fraternité à vivre dans la paix et la complémentarité.