A un peu plus d'un mois de sa prise de fonction en tant que nouveau président du Brésil, Jair Bolsonaro n'en finit pas de débiter des déclarations «choc» et des provocations à l'emporte-pièce imitant en cela un certain Donald Trump son mentor aussi erratique qu'imprévisible. Sa première bravade a été l'interruption du programme d'assistance médical qui avait permis à Cuba de «louer» au Brésil, il y a cinq ans déjà, quelques 8.300 médecins à l'effet de couvrir les zones enclavées où l'accès aux soins était quasi-inexistant. Aussi, ce vendredi, les premiers médecins ont-ils commencé à emprunter le vol Brasilia-La Havane pour une opération de rapatriement qui s'étalera jusqu'au 12 décembre prochain. Mais, en y regardant d'assez près, il y a lieu de reconnaitre, toutefois, qu'en ce dossier le président élu du Brésil n'a pas entièrement tort. En effet, selon l'accord signé en 2013 entre le chef de l'Etat cubain Raul Castro et la présidente brésilienne Dilma Roussef, les médecins cubains accrédités au Brésil ne percevaient que 30% de leur salaire alors que les 70% restants étaient directement versés au gouvernement de La Havane. En outre, il leur était interdit d'emmener leurs familles avec eux ; une façon comme une autre de maintenir celles-ci «en otage» pour éviter tout risque de défection de la part des intéressés. Mais La Havane n'est pas la seule capitale dans la ligne de mire de Jair Bolsonaro et Pékin n'est pas logée à meilleure enseigne du moment que pour ce dernier «la Chine ne fait pas des achats au Brésil : la Chine achète le Brésil». Or, de tels propos ont prêté à confusion puisque la Chine a toujours été un partenaire commercial essentiel pour le Brésil et l'un de ses principaux investisseurs. Aussi, pour nuancer les propos de son président, le futur vice-président brésilien, l'ancien général Hamilton Mourao, va déclarer que «la rhétorique du président n'est pas toujours alignée sur la réalité (et que) la Chine n'achète pas le Brésil, tout simplement parce que personne ne peut acheter le Brésil». Un autre dossier et non des moindres et qui risque de soulever bien des remous et pas uniquement avec les capitales arabes est celui relatif au transfert de l'ambassade du Brésil en Israël de Tel Aviv à Jérusalem ; une décision qui, si elle ravit les évangéliques qui représentent 30% de la population, ne serait pas du tout des goût de la grande majorité des brésiliens qui n'accepteront pas, par ailleurs et de gaieté de cœur, que Bolsonaro concrétise son idée de fermer la représentation palestinienne à Brasilia. A noter au passage que cette idée cadre très mal avec la politique commerciale d'un pays qui, en tant que géant de l'agro-business, avait pour coutume d'exporter beaucoup de produits agricoles vers les pays arabes. Il est donc quasi-certain que le populiste Bolsonaro va rompre avec la politique multilatérale et le dialogue Sud-Sud qui avaient été mis en œuvre sous la présidence Lula. Qu'y gagnera le Brésil ? Attendons pour voir…