Alors que ce samedi 22 septembre l'Iran fête, comme chaque année ,la Journée nationale des Forces armées pour commémorer le déclenchement, par Baghdad, de la guerre Iran-Irak (1980-1988) et ce, en organisant des défilés militaires à travers tout le pays, le convoi militaire déployé pour la circonstance dans la ville d'Ahvaz, la capitale de la province du Khouzestan, peuplée majoritairement d'arabes, a été attaqué par quatre assaillants; un attentat qui a fait près d'une trentaine de morts – autant civiles que militaires – et plus d'une cinquantaine de blessés dont certains dans un état très grave. Au cours de la fusillade qui aura duré «dix à quinze minutes» selon un photographe présent sur les lieux du drame, trois des «terroristes» ont été abattus sur place et le quatrième a succombé à ses blessures à l'hôpital. Au lendemain de cet attentat – immédiatement revendiqué par l'organisation Etat islamique et un des plus meurtriers qu'ait connu l'Iran ces huit dernières années – presque tous les journaux en ont dénoncé le caractère inique et appelé à l'union de tous les iraniens. Survenue à la veille du départ, ce dimanche, du Président Hassan Rohani pour New York à l'effet d'assister à l'Assemblée Générale annuelle des Nations-Unies et dans un climat de très fortes tensions entre Téhéran et Washington qui entend intensifier, début novembre, ses sanctions économiques contre la République islamique, cette attaque constitue, pour le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei «une continuation de la conspiration des gouvernants de la région à la solde des Etats-Unis (entendez par là l'Arabie Saoudite ) qui cherchent à répandre l'insécurité» en Iran. Lui emboitant le pas, le quotidien conservateur «Kyhan» réclame au gouvernement d'administrer «une gifle puissante à Riyad pour venger le sort des martyrs d'Ahvaz» alors que, dans un communiqué officiel, le président Hassan Rohani déclare que «la réponse de la République islamique à la moindre menace sera terrible». Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, impute cet attentat à «des terroristes recrutés, entrainés et payés par un régime étranger» mettant ainsi officiellement en cause et pointant du doigt ces «parrains régionaux du terrorisme» que sont l'Arabie Saoudite et ses alliés dans la région ainsi que «leurs maîtres américains». Le quotidien «Javan» proche des Gardiens de la Révolution – l'armée idéologique de la République islamique – a déclaré que les assaillants étaient liés à un groupe séparatiste arabe soutenu par Riyad et a mis en avant les propos du chef de l'Etat Hassan Rohani qui, informé de l'attaque durant son discours, a déclaré : «Aujourd'hui nous apprécions encore plus nos missiles». Adoptant un ton moins belliqueux, les autres journaux « réformateurs» appelleront, cependant, à l'unité de tous les iraniens. Ainsi, le quotidien «Aftab» dira, dans sa Une, «L'attentat terroriste à Ahvaz a attristé l'Iran mais nous restons tous debout» alors que l'autre quotidien réformateur «Arman» titre «Nous sommes tous debout». Vladimir Poutine qui a été le premier chef d'Etat étranger à réagir à cette attaque et dont le pays, avec l'Iran, soutient le régime de Bachar Al-Assad, s'est dit «horrifié (par) un évènement (qui) rappelle la nécessité d'une bataille sans compromis contre le terrorisme sous toutes ses formes». Dans un communiqué daté du 22 septembre 2018, le Quai d'Orsay a condamné «avec la plus grande fermeté» l'attaque perpétrée à Ahvaz alors que la diplomatie turque a dénoncé «une odieuse attaque terroriste» et que, dans son télégramme de condoléances adressé au président Rohani, Bachar Al-Assad a blâmé «dans les termes les plus forts, un acte terroriste, criminel et lâche». Et si de nombreuses autres chancelleries ont désapprouvé l'attaque d'Ahvaz, c'est toujours le silence-radio du côté de Riyad et de Washington ; un silence qui en dit long, certes, mais attendons pour voir…