Le Marocain Abderrazak El Albani, chercheur au laboratoire «Hydrogéologie, argiles, sols et altérations» (CNRS/Université de Poitiers) a apporté, à travers une importante découverte archéologique réalisée au Gabon, la preuve de l'existence d'organismes pluricellulaires sur terre depuis 2,1 milliards d'années. Cette avancée scientifique capitale représente «un apport scientifique révolutionnaire qui va bouleverser tout les postulats admis jusqu'à présent en matière d'apparition de vie multicellulaire sur notre planète», a confié à la MAP le Professeur Abderrazak El Albani. Jusqu'à présent, les premières formes de vie complexe (dotée de plusieurs cellules) remontaient à 600 millions d'années environ. De formes et de dimensions diverses, les 250 fossiles en excellent état de conservation supposent une origine de la vie organisée et complexe beaucoup plus précoce que celle admise jusqu'à aujourd'hui. Pour ce chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), la découverte «a fait reculer le curseur de la vie multicellulaire sur notre planète d'un milliard cinq cents millions d'années par rapport à ce qui été connu». Ces spécimens ont été découverts au Gabon puis étudiés par une équipe internationale et pluridisciplinaire de chercheurs coordonnée par le Pr. Abderrazak El Albani. Publiés jeudi dans la revue scientifique «Nature», leurs travaux ont fait la couverture de cette prestigieuse publication de référence. «Dernièrement, on avait fait une belle découverte sur les fossiles au Maroc et c'était beaucoup plus récent: près de 400 millions d'années», a souligné le Pr El Albani. «En effet, des formations géologiques aussi anciennes que celles du Gabon existent au Maroc», a-t-il affirmé, avouant son désir d'aller entreprendre des recherches dans son pays d'origine. «De ce fait je serais tenté d'aller faire une découverte aussi importante dans mon pays le Maroc. Tout ce qu'il faut c'est des moyens et des bourses pour les étudiants», a-t-il dit à la MAP. Les premières traces de vie sont apparues il y a environ trois milliards et demi d'années sous forme d'organismes procaryotes, c'est-à-dire privés de noyau. «L'explosion cambrienne» survenue autour de 600 millions d'années, marqua la prolifération du nombre d'espèces vivantes, accompagnée d'une hausse subite de la concentration en oxygène dans l'atmosphère.