Le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy est dans de sales draps. Une douzaine d'anciens cadres et élus du Parti Populaire ont été condamnés pour corruption, détournement de fonds publics et blanchiment d'argent et donné ainsi l'occasion au Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) de déposer une motion de censure contre l'exécutif. Impliqués dans ce que la justice a appelé «un authentique et efficace système de corruption institutionnel» entre le PP et un groupe privé, ce sont près d'une trentaine de personnes dont une douzaine de cadres du parti du chef du gouvernement qui ont écopé d'un total de 351 années d'emprisonnement dans l'affaire dite «Gürtel». Jugé dans ce dossier en tant que «participant à titre lucratif» de fonds illégalement obtenus via des maires, le Parti Populaire a été condamné, pour sa part, à rembourser 250.000 euros. A la suite de cette motion de censure, un vote de défiance devra avoir lieu avant la fin de la semaine. Les députés seront ainsi appelés à se prononcer «pour ou contre le gouvernement» ou, comme dira Jose Luis Abalos, un haut dirigeant du PSOE, «à collaborer ou non avec l'impunité». A une année des élections régionales, municipales et européennes et à deux années des élections législatives, cette motion de censure pourrait chambouler le paysage politique espagnol car s'il parvient à la faire voter avec l'appui de la gauche radicale de Podemos et en ralliant à sa cause les indépendantistes catalans et les nationalistes basques ou les libéraux de Cuidadanos, le PSOE pourra alors «gouverner le temps qu'il juge opportun puis convoquer des élections». A noter, toutefois, que même si Cuidadanos a déclaré ne pas soutenir la motion présentée par le Parti Socialiste, son numéro deux Jose Manuel Villegas a annoncé ce samedi son entière disposition à discuter avec le PSOE «d'une autre façon de convoquer des élections de manière immédiate». Intervenant au nom des nationalistes basques, leur président Andoni Ortuzar, a déclaré que ces derniers allaient «étudier la proposition» et voire même la soutenir s'il s'avère qu'elle n'est pas seulement électoraliste. Condamné à 33 années d'emprisonnement et au paiement d'une amende de 44 millions d'euros, l'ancien trésorier du PP Luis Barcenas a été écroué ce lundi après qu'il ait été reconnu coupable de malversations et d'avoir placé plusieurs dizaines de millions d'euros sur des comptes en Suisse. Il en va de même pour Guillermo Ortega, l'ancien maire de la ville de Majadahonda dans la banlieue de Madrid qui a été condamné à 38 ans de prison ainsi que pour Alberto Lopez Viejo, un ancien responsable de la région de Madrid, qui a écopé, de son côté, de 31 années d'emprisonnement. Enfin, s'il est donc clair que le Parti Populaire n'est pas en train de vivre ses plus beaux jours – bien au contraire – reconnaissons, tout de même, qu'il n'est pas dit, à l'heure qu'il est, que le Parti Socialiste Espagnol va parvenir à réunir la majorité requise pour pouvoir diriger le gouvernement à la place de Mariano Rajoy. Alors attendons pour voir.