Rassemblés sur l'emblématique Place du 13 Mai dans la capitale malgache, quelques 2000 manifestants occupant depuis près d'une semaine les principales artères de la ville à l'appel de l'opposition, dénoncent les nouvelles lois électorales mises en place à sept mois du premier tour des élections présidentielles et législatives au motif qu'elles seraient favorables au seul gouvernement. Les manifestants, scandant à l'unisson «Rajao dégage tout de suite», ont commencé ce mercredi à marcher vers le siège de la Haute Cour Constitutionnelle d'Antananarivo pour y déposer une demande de destitution du Président Hery Rajaonarimampianina, accusé d'être derrière les affrontements de samedi dernier qui firent deux morts et seize blessés lorsque la police s'était mise à tirer à balles réelles sur les manifestants. Aussi, «pour éviter des affrontements violents» l'armée malgache a, dès le lendemain, levé l'interdiction de manifester, demandé aux responsables du pays de «trouver une solution politique» à la crise qui secoue le pays et sommé les manifestants de ne point essayer d'entrer «de force» aux bâtiments de la Cour Constitutionnelle. Dans une conférence de presse donnée lundi par le ministre de la Défense en présence des principaux chefs de l'armée, de la police et de la gendarmerie, il a été annoncé que «les forces de l'ordre accompliront leur devoir de protéger la population et ses biens». En conséquence, si les forces de l'ordre étaient bien présentes sur les lieux de la manifestation, force est de reconnaître, toutefois, que leur rôle s'était limité à encadrer les marcheurs et à ne permettre l'accès aux locaux de la Cour Constitutionnelle qu'aux seuls membres de la délégation représentant les différents partis d'opposition venus déposer au Secrétariat-greffe de ladite juridiction une requête demandant la destitution du Président Hery Rajaonarimampianina. Enfin, si ce dernier, qui dénonce une tentative de «coup d'Etat», n'a toujours pas annoncé s'il allait ou non briguer un second mandat – dans le cas, bien entendu, où, d'ici-là, sa responsabilité dans les récents évènements n'est pas établie – les deux principaux leaders de l'opposition, à savoir Marc Ravalomanana, à la tête de l'Etat de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina qui avait présidé aux destinés de Madagascar de 2009 à 2014 ont, pour leur part, déjà annoncé leur intention de se lancer dans la course à la présidence de la République. De quoi demain sera-t-il fait en terre malgache, dans cet Etat insulaire de l'Océan Indien situé au large de la côte sud-est de l'Afrique ? Pour l'heure, nul ne le sait tant la situation dans le pays est loin d'être apaisée, alors attendons pour voir...