Désireux de se maintenir à la tête du pays bien au-delà de son second mandat qui vient à expiration en 2023, le Président chinois Xi Jinping a appelé à une modification des dispositions constitutionnelles qui limitaient à deux le nombre de mandats présidentiels. Ainsi, c'est par 2958 voix pour, deux contre et trois abstentions que les députés de l'Assemblée Nationale Populaire de la République Populaire de Chine ont plébiscité ce dimanche un changement de la Constitution qui en plus de permettre, désormais, au Chef de l'Etat d'être candidat à sa propre succession autant de fois qu'il le désire, a introduit dans le texte constitutionnel «la Pensée Xi Jinping» – comme jadis celle du Grand Timonier – ainsi que «le rôle dirigeant du Parti Communiste Chinois». Autant de dispositions qui laissent entrevoir un retour à la main-mise du Parti Communiste Chinois sur le pouvoir et, par voie de conséquence, une recrudescence de la répression à l'encontre de toute personne qui en s'avisant de dénoncer cet état de fait courrait le risque d'être poursuivie pour avoir porté atteinte à la Constitution. Ainsi, même si des critiques ont circulé sur les réseaux sociaux, elles ont été vite effacées par les «agents» préposés à cette mission. «Longue vie au dirigeant Mao !», «On a connu l'avidité impériale, la peur du pouvoir autoritaire et 100 ans plus tard, rien n'a changé» pouvait-on lire sur des posts qui, même après leur suppression sont restés visibles sur le site Free Weibo. Et s'il est quasiment certain qu'aucun député ne poussera l'outrecuidance jusqu'à s'opposer à l'élection de Xi Jianping pour son second mandat, il semble, tout de même, acquis que c'est son vice-président Wang Qishang dit «le tsar de la lutte contre la corruption» qui risquerait d'en payer les frais car si la campagne anti-corruption menée par ce dernier avait permis au chef de l'Etat d'écarter un grand nombre d'opposants internes, elle lui a également mis à dos un grand nombre de cadres. Arrivée à la tête du PCC en 2012 puis à la tête de l'Etat en 2013, le Président Xi Jinping qui ne fait aucune concession quant aux libertés individuelles, n'a eu de cesse de renforcer l'autorité du régime en invoquant cette «grande renaissance de la nation chinoise» qui permettra au pays d'accéder à l'horizon 2050 au rang de superpuissance moderne et respectée. Pour le quotidien officiel Global Times, «la nouvelle équipe dirigeante a approfondi les réformes de façon exhaustive et formidable » et la modification de la Constitution «correspond à une nouvelle ère» du socialisme chinois qui va aider le pays à ne point «se laisser troubler par le monde extérieur» car en Occident «le système des valeurs s'effondre et la démocratie est en pleine décomposition». Disons, pour terminer, que si la séparation entre la direction de l'Etat et celle du Parti tout comme la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels qu'avait instauré dans les années 1980 Den Xiaoping pour éviter toute concentration des pouvoirs vole aujourd'hui en éclats au risque d'être appréhendés par l'Occident comme étant un retour en arrière, les caciques du régime ne l'entendent pas de cette oreille car pour «balayer durablement la corruption et imposer des réformes» il faudrait, selon eux, avoir un dirigeant «puissant et inamovible»...