Après que vendredi dernier, la Diète, chambre basse du Parlement polonais, ait approuvé le projet de loi présenté par le parti de droite Droit et Justice (PiS) à l'effet de défendre la Nation polonaise contre les crimes commis sur son sol par l'occupant nazi durant la seconde guerre mondiale et d'interdire l'usage de l'expression «camp de la mort polonais», dans la nuit de mercredi à jeudi, ce fut au tour du Sénat de donner son aval à cette loi dans l'attente de sa promulgation par le Président polonais Andrzej Duda. Or, après avoir irrité les dirigeants de l'Etat d'Israël dès son adoption par la Chambre basse du Parlement polonais, cette loi a été sévèrement critiqué par les Etats-Unis qui, en exprimant leur inquiétude quant aux conséquences qu'elle pourrait avoir dès lors qu'elle donnerait une vision déformée de l'Histoire, ont adressé un sérieux avertissement à la Pologne et mis en garde les autorités de Varsovie sur d'éventuelles divisions entre alliés qui « ne profiteraient qu'aux rivaux». Emboitant donc le pas aux dirigeants israéliens qui considèrent que cette loi est une tentative de nier la participation de certains polonais à l'extermination des juifs durant la deuxième guerre mondiale et, de ce fait, de les soustraire délibérément à toutes poursuites éventuelles «par les survivants de la Shoah», la Maison Blanche a appelé la Pologne «à réexaminer la loi à la lumière de ses possibles conséquences sur la liberté d'expression». De leur côté, les dirigeants israéliens ont présenté ce mercredi devant la Knesset une proposition de loi punissant de cinq années d'emprisonnement toute personne qui réduirait ou nierait «le rôle de ceux qui ont aidé les nazis dans les crimes commis contre les juifs»; ce qui donne l'occasion au vice-ministre polonais de la Justice Patryk Jaki de déclarer devant le Sénat que la violence des propos des dirigeants de l'Etat hébreux est «explicable par des questions de politique intérieure». Mais l'adoption de cette loi n'est pas, non plus, du goût de tous les polonais qui souhaiteraient que «les émotions soient maîtrisées» pour la préservation du dialogue polono-israélien. C'est dans ce cadre qu'une centaine d'artistes, de journalistes et d'hommes politiques dont la réalisatrice Agnieszka Holland, l'ancien président Alexander Kwasniewski ou encore l'ancien chef de la diplomatie polonaise le libéral Radoslaw Sikorski ont signé cette semaine à Varsovie un appel demandant que la loi controversée soit amendée de manière à ce qu'elle ne pénalise plus «les expressions blessantes pour la Pologne». Une lettre ouverte a même été publiée par un groupe de juifs polonais dénonçant le fait que cette loi qui promeut la falsification de l'Histoire n'a d'autre objectif que celui de condamner toute personne qui dirait « la vérité sur les délateurs polonais et (sur) ces citoyens polonais qui assassinaient leurs voisins juifs». Pour rappel, la Pologne qui, durant la deuxième guerre mondiale et son occupation par les armées hitlériennes, avait perdu six millions de citoyens dont trois millions de confession juive, était le seul pays où les nazis avaient décrété la peine de mort à l'encontre de toute personne qui fournirait une aide quelconque aux juifs. Disons, enfin, pour terminer que ce ne sera pas la première fois que, pour des motivations politiques ou culturelles, il sera fait appel, par un pays ou par un autre, à une falsification de l'Histoire.