Les FARC (anciennement Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) devenues, depuis 2016, FARC (Force Alternative Révolutionnaire Commune) après avoir déposé leurs armes conformément à l'accord de paix signé avec le gouvernement colombien à La Havane, après 52 années de conflit, ont lancé ce samedi dans le grand faubourg de Ciudad Bolivar dans le sud de Bogota leur campagne électorale au titre de leur participation en tant que parti politique aux élections législatives et présidentielles qui se dérouleront cette année. Pour marquer son entrée dans la vie politique, le nouveau parti issu de la plus célèbre guérilla marxiste d'Amérique latine entend faire entendre la voix des plus pauvres. C'est dans ce cadre qu'il a présenté un programme comprenant principalement la lutte contre la pauvreté et la corruption, la gratuité des études universitaires, l'encouragement de la recherche scientifique, la construction des routes, l'électrification des voies ferrées ainsi qu'une couverture médicale généralisée financée par les plus aisés. «Je m'engage à diriger un gouvernement de transition qui mettra en place les conditions de la naissance d'une nouvelle Colombie» a déclaré le candidat aux élections présidentielles de Mai 2018 Rodrigo Londono; celui qui avait pour nom de guerre «Timochenko» lorsqu'il était à la tête du groupe armé. Sous les cris de «Timo Président», l'ex-commandant en chef des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, âgé de 59 ans, a promis, après 30 années passées dans le maquis de montrer «une nouvelle façon de faire de la politique». Il a alors lancé un appel pour « que les voix de ceux d'en bas, ces millions de pauvres qui n'ont jamais été pris en compte, puissent être entendues afin qu'ils puissent décider de leur futur». Et même si pour les élections législatives qui se tiendront en mars 2018, 74 candidats représenteront la nouvelle formation politique FARC, il n'y a pas lieu de passer sous silence le fait que ces derniers ne bénéficient pas d'un soutien inconditionnel de la population. En effet, une importante frange de la population colombienne estime que les anciens membres des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie devraient être emprisonnés pour leurs attaques, leurs enlèvements et leurs meurtres et non pas bénéficier de cette amnistie qui les a autorisé à se porter candidats et assuré de décrocher, au titre de l'accord de paix signé avec le gouvernement colombien, dix sièges au Congrès quels que soient leurs scores électoraux. Mais quand la paix n'avance pas d'un pas ferme, elle titube et risque de chuter. C'est ce qui s'est passé ce week-end lorsque la campagne électorale a été endeuillée par les trois attentats à l'explosif condamnés par les FARC mais perpétrés par un détachement local de la guérilla de l'ELN (Armée de Libération Nationale, castriste) qui, au nom de «l'exercice légitime au droit à la rébellion» ont visé des postes de police dans le nord du pays et causé la mort de sept policiers. Critiquant sévèrement le processus de paix, l'opposition de droite reproche ainsi au président colombien Juan Manuel Santos de ne pas avoir définitivement rompu les négociations de paix avec l'ELN qui se tiennent depuis une année à Quito en Equateur et qui avaient permis la conclusion d'un cessez-le feu en Octobre dernier. Au vu de tout cela, il semble donc qu'après plus de cinq décennies d'affrontements armés, le chemin vers la paix en Colombie est encore parsemé d'embûches...