C'est qu'ils étaient nombreux, ce lundi, les chefs d'Etats africains venus assister à la prestation de serment du nouvel homme fort du Libéria, l'ancienne star de foot-ball George Weah; la première passation de pouvoirs depuis 1944, entre deux présidents élus, dans ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest d'un peu plus de 4,6 millions d'habitants. Ainsi, outre les 35.000 personnes venues l'acclamer au Stade Samuel Kan Doe de Monrovia pavoisé aux couleurs nationales, rouge blanc et bleu, il y avait également le Président exercice de l'Union Africaine le Guinéen Alpha Condé, le Togolais Faure Gnassingbé, le Gabonais Ali Bongo, le Congolais Denis Sassou-Nguesso, le Ghanéen Akufo-Ado, le Malien Ibrahim Boubvakar-Keita et le président du Sénégal Macky Sall tous assis aux cotés de l'ancienne présidente Ellen Johnson Sirleaf, 79 ans, première femme chef d'Etat sur le continent africain restée douze ans au pouvoir et son vice-président sortant Joseph Baoakai, candidat malheureux au second tour des dernières élections. A noter, toutefois, que si le bilan économique et social du pays n'a pas été très reluisant sous l'égide de ce tandem dès lors que le pays occupe toujours les dernières places en termes de santé, d'éducation et de développement, il y a quand même lieu de mettre à l'actif de l'ancienne cheffe de l'Etat le fait qu'elle soit parvenue à y asseoir la paix après quinze années de guerre civile. Ainsi, ce lundi 22 Janvier 2018, soit quinze années après la fin de sa carrière sportive et de la guerre civile qui a ravagé le pays de 1989 à 2003 et fait quelques 250.000 morts, George Weah, l'ancien enfant des bidonvilles de Monrovia et seul africain à avoir décroché le Ballon d'Or en 1995, a été investi à la tête du Libéria. Déclarant, à l'issue de sa prestation de serment, éprouver un sentiment «incomparable» le nouveau chef de l'Etat a promis de s'attaquer à la corruption qui mine le pays en estimant que cette lutte restera la «meilleure façon d'agir sur la pauvreté et de réduire le fossé qui sépare les riches et les pauvres» avant d'appeler à l'unité des libériens en leur rappelant qu'en étant «unis, (ils seront) certains de réussir en tant que Nation (alors que) divisés, (ils seront) certains d'échouer». Elu président du Libéria le 26 décembre dernier avec 61,5% des voix, George Weah, 51 ans, a réellement du pain sur la planche maintenant qu'il a été appelé à présider aux destinées d'un des Etats les plus pauvres du monde, à le développer et à y maintenir la paix car, outre la nécessaire lutte contre la corruption qui gangrène le pays, le nouvel homme fort du Libéria devra faire face à de nombreux défis notamment transformer une économie en récession encore largement dépendante du caoutchouc et du minerai de fer et répondre aux espoirs de cette jeunesse qui l'a porté au pouvoir. Y parviendra-t-il après qu'il ait déclaré «Je peux réussir» en s'adressant à la veille de son investiture à quelques journalistes venus l'interroger alors que certains observateurs restent, cependant, très dubitatifs quant à sa capacité de changer les pratiques politiques en vigueur dans le pays? Attendons pour voir...