Le débat autour du Conseil national des langues et de la culture marocaines (CNLCM), dont la loi organique est sur les bureaux de la Chambre des représentants, bat son plein. La création du CNLCM est dictée par la Constitution de 2011, notamment l'article 5. Cette nouvelle institution se chargera de conserver et promouvoir les langues entre autres arabe, amazighe et hassani ainsi que les différentes expressions culturelles marocaines. Mohamed Laaraj, ministre de la Culture et de la Communication, estime que ce projet de loi organique relatif au CNLCM «est un projet social permettant d'accompagner les grands défis que connait le Royaume au niveau des politiques linguistiques et culturelles». Quel avenir pour l'Institut royal de la culture amazighe après la création du CNLCM ? Pour Ahmed Boukous, recteur de l'Institut royal de la culture amazighe, l'IRCAM reste une institution de référence dans le domaine de l'amazighe, au niveau national, régional et international grâce à ses réalisations. «La création du Conseil National des Langues et de la Culture Marocaine devrait être un cadre qui renforce les prérogatives de l'IRCAM en sauvegardant les acquis et en permettant à ce dernier de relever les défis auxquels il devra faire face, après l'officialisation de l'amazighe», nous a-t-il indiqué dans une interview accordée au journal à l'occasion de la commémoration du 16e anniversaire du discours d'Ajdir. Selon lui, cela pourra se faire si l'on garantit l'autonomie financière et administrative de l'IRCAM et si l'on capitalise les acquis en matière de recherche, d'édition et de codification de la graphie tifinagh. « L'IRCAM s'est aussi illustrée de manière notable dans le domaine du soutien technique et financier aux associations et aux artistes et créateurs œuvrant dans le champ de l'amazighe, notamment à travers l'octroi de prix, l'organisation d'hommages et le soutien au livre et à la presse», a-t-il expliqué. Pour l'activiste amazigh Ahmed Assid, l'IRCAM n'existera pas en tant qu'institution autonome après l'entrée en action du Conseil national des langues et de la culture marocaine, mais en tant qu'instance rattachée au CNLCM. «Ils ont fondu l'IRCAM dans le conseil. Ils n'ont même pas reconnu l'IRCAM qui est une institution indépendante, autonome sur le plan financier comme sur le plan administratif. L'académie de la langue arabe et l'IRCAM sont des institutions qui sont là et qui doivent rester autonomes, mais représentées dans le conseil et non pas fondues dans le conseil», a-t-il indiqué. Et d'ajouter : «l'article 50 de cette loi dispose que tout ce que possède l'IRCAM va revenir au Conseil des langues, c'est à dire l'IRCAM n'existera plus. Il va devenir une petite direction sous la tutelle du Conseil national des langues. Ce n'est pas ce qui est mentionné dans la constitution». La journée d'étude organisée mardi 17 janvier s'inscrivait dans le cadre des rencontres et débats ouverts avec tous les acteurs dans l'objectif d'approfondir les échanges et débats sur la création du CNLCM ainsi que sur le projet de loi organique N°26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et les domaines prioritaires de la vie publique.