Pour "préparer" la rencontre qu'il devrait avoir ce jeudi avec Jean-Claude Juncker, le chef de la Commission européenne, le nouveau premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a mis fin aux fonctions de deux de ses ministres; à savoir, ceux en charge de la Défense et des Affaires étrangères. Il est reproché à l'ancien détenteur du portefeuille de la Défense, Antoni Macierewicz, d'avoir, d'une part, froissé en Octobre 2016 les amis français de la Pologne et jeté un froid dans les relations entre Paris et Varsovie en annulant un contrat d'achat de 50 hélicoptères et d'avoir, d'autre part, opéré, au sein de l'Etat major polonais, une purge qui avait inquiété l'OTAN. S'agissant du ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, celui-ci avait multiplié ces derniers mois les critiques à l'encontre d'une Union européenne qui, selon lui, risquerait de «s'effondrer si elle cherche à intégrer des nations plus vite que les autres» et attaqué cette dernière pour avoir usé de «harcèlement» à l'encontre de Varsovie en l'accusant de s'être départie de l'Etat de droit. Soucieux donc d'améliorer les relations assez tendues entre Bruxelles et Varsovie, le nouvel homme fort de la Pologne aurait voulu, par ce geste, tendre la main à une Union européenne qui est resté, tout de même, favorable à une amélioration de ses relations avec le nouveau gouvernement polonais après avoir menacé de faire jouer à l'encontre de Varsovie les dispositions de l'Article 7 du traité européen qui lui retirent le droit de vote ; une mesure difficile à concrétiser pour ne pas dire impossible car en requérant l'accord de l'unanimité des pays-membres de l'U.E., il était clair qu'elle allait se heurter au refus affiché par la Hongrie de Viktor Urban qui volera inévitablement au secours de ses amis polonais. Et même si, au cours de la cérémonie d'investiture, le premier ministre polonais a déclaré que «les nouveaux membres du gouvernement sont là pour trouver la meilleure voie de développement de la Pologne au sein d'une Union européenne de nations souveraines», ceci ne doit pas être interprété comme étant un alignement «européen» de la politique de Varsovie. En effet, le ministre de la justice est toujours à son poste. ZbignewZiobro, ou celui par qui le scandale est arrivé dès lors que la réforme controversée de la justice polonaise à l'origine du déclenchement de sanctions européennes à l'encontre de Varsovie est signée de sa main, reste à son poste ; ce qui signifie qu'il a toujours la confiance du Premier ministre et du parti majoritaire Droit et Justice (PiS), conservateur et eurosceptique. Enfin, si pour l'opposition centriste, Plateforme Civique (PO) « rien ne change même s'il y a de nouvelles personnes, de meilleure allure (car) au bout du compte, elles devront toutes suivre ce que leur dira (le chef du PiS) Jaroslaw Kaczynski», qu'en sera-t-il des rapports entre la Pologne et l'Union Européenne dans les semaines à venir quand certains pays de l'U.E. suggèrent de lier distribution de fonds européens et respect de l'Etat de droit ? Attendons pour voir...